“Un fiasco”, “Une honte”… Les réactions sont unanimes après l’annulation du match Tours – Lorient. Depuis plusieurs années, le Tours FC traverse des épisodes douloureux et destructeurs. On savait que le club ciel et noir était descendu très bas, surprenant même parfois par son « inventivité » dans sa décadence. Mais là…
Samedi 21 décembre, avec l’annulation de l’affiche de la Coupe de France, cinq heures à peine avant le coup d’envoi prévu à 18 heures, le club emblématique tourangeau a certainement fait plus que toucher le fond. Ce 32e La finale de la Coupe devait être une fête populaire réunissant entre 8 000 et 10 000 spectateurs dans la Vallée du Cher. Cela s’est transformé en un naufrage surréaliste qui a mis en lumière la situation critique dans laquelle le club sombrait, un peu plus, depuis l’été.
Promesses et dynamique sportive…
Après la vente de la SASP TFC (société anonyme de sport professionnel, partie « professionnelle » du club) par Jean-Marc Ettori au Belge Ivan Desmet, les annonces ont été nombreuses. Notamment lors d’un point presse tenu par le nouveau propriétaire, vendredi 23 août.
Il y a eu, aussi et surtout, un élan humain et sportif porté au quotidien par Ibrahim Hakaoui, le nouveau directeur général intronisé, et par Bryan Bergougnoux et ses joueurs. Leader de Régional 1, sur une série de quatorze succès consécutifs (toutes compétitions confondues), l’équipe désormais dirigée par l’ancien joueur chéri de la Vallée du Cher brille et a redonné espoir aux plus fervents supporters.
Une vitre brisée
Mais on sentait un peu cette fenêtre se fissurer depuis octobre. Les paroles (et les maux) étaient alors contenues, étouffées. La vitre a été complètement brisée samedi. Les problèmes d’organisation du service de sécurité, qui ont conduit la Fédération française de football (FFF), en lien avec la préfecture d’Indre-et-Loire, à annuler la rencontre, résultent finalement d’une gestion d’ensemble complètement lunaire.
Un duo énigmatique : Ivan Desmet et Hacène Haddad
C’est l’œuvre d’un duo finalement aussi énigmatique qu’il y a quelques semaines : Ivan Desmet, l’investisseur belge, et son homme de confiance en Touraine, Hacène Haddad.
La première apparaît, selon plusieurs de nos interlocuteurs, comme « hors sol », “déconnecté” ou ” absent “. Arrivé en Touraine samedi dans la journée, il ne s’est pas rendu au stade en pleine crise… (1)
Le second n’a aucun rôle officiel dans l’organigramme du club mais valide toutes les décisions stratégiques, avec le contrôle des finances. Contrôle légitime du nouveau propriétaire… sauf qu’il a conduit au fiasco grotesque de samedi.
Pas de trésorerie, salaires impayés ou en retard
Et surtout, les promesses initiales d’injecter rapidement de l’argent n’ont pas encore été tenues. Plusieurs interlocuteurs parlent de « fonds bloqués en Asie »sans vraiment en savoir plus.
Faute de liquidités, le Tours FC vit, depuis plusieurs semaines, « une personne malade »pour reprendre les mots de Bryan Bergougnoux : salaires impayés ou en retard, bricolages quotidiens… L’entraîneur tourangeau ne le dira pas, mais plusieurs sources nous ont affirmé qu’il n’hésitait pas à utiliser son argent personnel pour compenser les manques. Par ailleurs, au moins deux anciens salariés n’ont toujours reçu le solde d’aucun compte.
Cela jette donc un voile épais sur l’avenir du TFC. Le 16 janvier, la SASP Touraine est attendue devant le tribunal de commerce d’Orléans, en appel de la liquidation judiciaire prononcée le 25 juin.
Reste à savoir si le « fiasco » de samedi n’était pas finalement une « notice nécrologique » juste avant l’heure.
(1) Nous essayons de joindre Ivan Desmet depuis samedi. Par deux fois, il nous a répondu brièvement, affable et poli, nous promettant un entretien plus long une fois ses réunions de crise résolues avec ses avocats… Toujours pas de nouvelles ce dimanche 22 décembre à 19 heures.