C’est une de ces petites ruelles qui dessinent le quartier Wolf-Wagner à Mulhouse, une petite rue de rien, qui a concentré tant de douleur en un instant si court qu’elle en reste encore marquée, vingt ans plus tard. l’explosion de gaz qui a ravagé le bâtiment situé au numéro 12. “Le 26 décembre 2004 et les jours qui ont suivi, j’étais chargé des opérations de secours pour ce terrible désastre”, a réagi le colonel des pompiers, Philippe Schultz, dans un communiqué. lettre envoyée à notre rédaction ce samedi matin. « Depuis, à chaque date anniversaire, mes pensées vont aux malheureuses victimes, à leurs familles, mais aussi à tous les services de secours concernés, dont les pompiers de Mulhouse et du Haut-Rhin qui ont travaillé sans relâche, jour et nuit, avec l’espoir , jusqu’au dernier moment, de pouvoir extraire et sauver les personnes enterrées […]. Je tiens à souligner qu’il n’existe pas, vingt ans après, de solution miracle qui, si elle avait été à notre portée en 2004, tant en termes de méthode, d’effectif, de formation et de compétences des sauveteurs que de matériel dont ils disposent, aurait permis de sauver la vie d’un seul d’entre eux [personnes]. » Et de conclure par « un message de soutien aux familles qui commémorent la disparition de leurs proches ».
Ils étaient en effet présents ce samedi matin, en demi-cercle face à la stèle commémorative, portés par les cornemuses des cornemuses des Celtics Ried. Ceux qui “espéraient retrouver des proches vivants dans les décombres”, comme le président de l’Association des victimes de la rue de la Martre Mulhouse, Jean-Pierre Moppert, en présence de Patricia, Angélique, Sandra, Christophe, toutes ces femmes et des hommes, des yeux rouges, des sourires faibles mais bienveillants, des enfants, leurs enfants, nés, parfois, après la catastrophe.
Jean-Pierre Moppert : “Il n’y a pas eu de miracle”
Entouré d’un parterre d’élus, « par devoir de mémoire et par gage de respect », dont l’ancien sénateur-maire Jean-Marie Bockel, présent dès les premières heures, jours, semaines, puis mois, puis années, le l’avocate Sophie Pujol, des représentants des pompiers et de GRDF, une poignée d’anonymes. Les secours ont libéré la dernière victime le 27 décembre 2004, à 16h45, soit près de vingt-quatre heures après l’explosion. “Il n’y a pas eu de miracle”, a soufflé Jean-Pierre Moppert. Mais, vingt ans plus tard, nous pouvons témoigner de ces destins brisés un soir de fin d’année, reforgés dans la douleur, parfois silencieuse, de la force de ces liens tissés au fil des épreuves. Des gens assez forts pour se retrouver, chaque fin d’année, dans cette petite rue en apparence calme, la rue de la Martre, aux « cicatrices visibles ou invisibles ».