Sans surprise, l’opposition du conseil municipal de Perpignan a consommé son divorce ce vendredi 20 décembre 2024. La chef de file de l’opposition Chantal Bruzi ainsi que Pierre Parrat ont officiellement annoncé leur décision de quitter leur groupe. Pendant que Louis Aliot compte les points et attend peut-être de prendre de nouveaux coups.
« Nauséant », « pathétique », « psychotique », « politique de caniveau »… le dernier conseil municipal de Perpignan de l’année a débuté dans la joie. Ou plutôt par une attaque tapageuse des élus de la majorité contre leur adversaire Bruno Nougayrède concernant ses récentes déclarations sur les dépenses des élus. « Plus on avance dans le mandat, plus vous vous retrouverez seul M. Nougayrède car je crains que peu de gens vous suivent, sauf à l’extrême gauche ou dans la gauche caviar. Tu es un avatar dans cette ville », tire à nouveau sur le maire, annonçant immédiatement une séance « emblématique à plus d’un titre ». Comme un teasing un peu jubilatoire avant que Chantal Bruzi et Pierre Parrat ne révèlent leur décision de quitter le groupe d’opposition « Perpignan pour vous » pour siéger désormais sur le banc des indépendants.
“Si je n’ai pas à expliquer mes raisons, j’aimerais retrouver la liberté d’expression sans engager le groupe et dans l’intérêt de la ville”, commence celui qui n’était autre que le président de ce groupe d’opposition, après avoir été conseiller municipal sous le mandat de Jean-Paul Alduy, puis adjoint à la sécurité de Jean-Marc Pujol. “Être une opposition systématique ne me convient pas et parfois je me suis retenu de parler parce que je ne partageais pas la même position.» ajoute-t-elle à part. Reprise presque mot pour mot par Pierre Parrat, ex-délégué « sécurité et proximité » de l’équipe d’Alduy, et premier adjoint de Pujol. A une petite différence près… Si Chantal Bruzi n’y figure plus depuis qu’elle a quitté les Républicains au lendemain de la défaite de 2020, Pierre Parrat brandit fièrement son étiquette ciottiste (et RN compatible) « Je suis membre de l’UDR (union des droits) et je devrais constamment tout critiquer. J’ai l’intention de retrouver ma liberté totale.
Un premier pas vers la majorité Rassemblement national ? « Le maire ne nous l’a pas proposé. Et je n’ai aucun calcul politique”répond Chantal Bruzi. Quand son acolyte esquive : “Il est trop tôt pour dire ce qui se passera demain.”
« Depuis plusieurs mois,
nous avions de nombreux signes
de rapprochement »
Pourtant, le groupe d’opposition (qui tombe donc à 11 membres, la limite pour le maintenir étant de 10) semble déjà avoir son idée sur la question à travers la voix de Philippe Capsié. « C’est le constat d’un échec. Un sentiment d’abandon. Le regret de voir partir deux personnalités mais aussi de l’apprendre ainsi, mis devant le fait accompli. Mais c’est aussi un soulagement avec la possibilité de reprendre de l’élan. Depuis plusieurs mois, les signes de rapprochement sont nombreux entre ces deux éléments et la majorité municipale. Il s’agit d’une manœuvre éminemment politique, prise à la veille d’un premier trimestre 2025 que certains semblent craindre (le tribunal). Paris doit rendre sa décision dans le cas où Louis Aliot est menacé d’inéligibilité (NDLR) et que d’autres espèrent évidemment.»
S’il n’était pas vraiment emblématique, ce conseil municipal aura au moins été symptomatique de la course déjà engagée pour l’échéance électorale de 2026. Et il aura eu le mérite d’enfin clarifier les rapports dans les rangs de l’opposition.