« ÔCe sont presque des robots. » Devant les locaux de la Direction de l’Assistance publique – Hôpitaux de Marseille (AP-HM), ce mercredi à Marseille, Tristan, infirmier dans un service de neurochirurgie de l’hôpital de la Timone, tire la sonnette d’alarme. ” C’est impossible à gérer. Une infirmière pour 24 malades ? Il travaille sur la chaîne de montage et oublie tous ses automatismes de sécurité », dénonce-t-il. A ses côtés, David, infirmier dans une autre unité de neurochirurgie du même établissement, partage ce constat : « Quand on est seul, il faut évidemment faire vite, on s’en fout de l’abattage. » Avant de prendre d’assaut : « Le cœur de l’entreprise, la relation humaine, a disparu. Et à la longue, on se retrouve avec un burn-out et un système de maltraitance généralisée. »
Autour des deux soignants, une cinquantaine d’autres personnes se sont rassemblées lors d’un appel à la mobilisation, couplé à une grève, lancé par Force ouvrière. Tous alertent sur l’état du centre de neurosciences au sein de l’AP-HM, dont plusieurs unités souffrent d’un sous-effectif chronique. ” Il n’y en a jamais plus de 3 ou 4 dans le département », confirment Tristan et David, soulignant qu’ils devraient être doubles pour assurer un bon fonctionnement. Clément, dans le service de sclérose en plaques, rattaché au même centre que ses confrères, dénonce également « un manque d’armes et de moyens », et explique qu’ils le sont régulièrement « qu’une infirmière et une aide-soignante » pour seulement 25 patients. Dans le service de neurochirurgie de l’hôpital Nord de Marseille, plusieurs soignants décrivent « un service fonctionnant en mode dégradé « . Et les différents témoignages sont glaçants, comme celui de Tristan. “ je travaille 12 heures, il explique, et j’ai 12 ans patients à prendre en charge. Sur le papier, cela représente une heure par patient. Mais enlevez les 150 les appels que j’ai par jour, le - passé à discuter avec les médecins, la charge administrative… Au final, je ne parle qu’une minute avec le patient. »
Audrey Jolibois, secrétaire générale FO AP-HM, parle même de « abus institutionnel. On a atteint un niveau assez grave, les agents sont épuisés et c’est généralisé », explique-t-elle. Si les agents ont été reçus par le service des ressources humaines après le rassemblement, le syndicaliste est plus que déçu du résultat : « On n’a pas avancé d’un pouce, on n’a pas eu de réponses concrètes. » En revanche, la direction de l’AP-HM assure vouloir « entretenir un dialogue ouvert avec les professionnels et les partenaires sociaux, dans le but de continuer à renforcer les organisations de neurochirurgie « . Selon elle, « le dialogue a été spécifiquement ouvert pour renforcer les effectifs, en identifiant des solutions en faveur d’une organisation des soins plus fluide, en phase avec les attentes des professionnels ».
Des attentes qui restent pour l’heure insatisfaites.