Dans un contexte d’enjeux climatiques croissants, ces espaces d’échange et d’apprentissage, portés par les radios communautaires, favorisent l’accès aux informations agro-climatiques cruciales pour les agropasteurs tout en réduisant les inégalités de genre.
Dans les zones rurales du Sénégal, où les impacts du changement climatique menacent la sécurité alimentaire, les clubs d’écoute s’avèrent être des outils essentiels pour faire face à la variabilité climatique. Reliées aux radios communautaires, elles permettent de diffuser des informations essentielles sur une agriculture et un élevage intelligents face au climat.
Ces groupes, composés de 10 à 12 membres, se réunissent régulièrement pour évaluer des programmes radiophoniques sur des thématiques variées. Celles-ci vont de la prévision climatique à la gestion des ressources naturelles, sans oublier les pratiques agricoles durables et les techniques de vaccination.
Mais au-delà de leur rôle informatif, ces espaces deviennent de véritables leviers de résilience et d’autonomisation, notamment pour les femmes.
Selon le rapport d’activité consacré à cette initiative par l’AICCRA, environ 40% des membres du club sont des femmes. Pour eux, ces moments de retrouvailles ne sont pas seulement des occasions d’apprendre, mais aussi des espaces où ils expriment leurs inquiétudes et trouvent des solutions adaptées.
« Ces émissions permettent de mieux comprendre les pratiques agricoles et de se sentir enfin pris en compte dans les débats sur le climat et l’élevage. », témoigne Fatoumata, membre d’un club à Ferlo (Nord-Ouest).
Un pont entre science et pratique
Grâce à l’intervention d’experts issus de structures telles que l’Institut sénégalais de recherche agronomique (ISRA), l’Agence nationale de l’aviation civile et de la météorologie (ANACIM) ou encore l’Institut international de recherche sur l’élevage (ILRI), les clubs d’écoute proposent une information claire et pertinente. Selon les données recueillies, la pertinence des thématiques est notée 9,5/10 par les membres.
Cette qualité de l’information renforce la capacité des agropasteurs à anticiper les risques climatiques et à optimiser leurs pratiques, note le document.
« Les conseils de spécialistes nous ont aidés à anticiper les changements climatiques et à mieux protéger nos troupeaux », raconte Adama Ba, éleveur membre d’un club de Kaffrine (Centre).
Dans un contexte où l’accès aux technologies numériques reste limité, notamment pour les femmes rurales, ces espaces, soutenus par des outils simples, se positionnent comme des alternatives efficaces.
« Grâce aux clubs d’écoute, j’ai découvert des solutions pour améliorer ma production agricole, malgré les sécheresses », confides Mariama, farmer in Linguère (North-West).
Au-delà des échanges, les clubs d’écoute influencent concrètement les pratiques agricoles et pastorales. Les retours des auditeurs permettent d’ajuster les émissions aux besoins réels des communautés. C’est pourquoi il a été proposé d’adapter les grilles de diffusion afin de mieux inclure les auditeurs actifs en soirée.
ARD/te/APA