Par
Laura Gentil
Publié le
18 décembre 2024 à 18h09
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La colère et l’indignation sont claires dans la voix de Basma. Son fils de 17 ans a été agressé, lundi 23 septembre 2024, par une dizaine d’adolescents devant son établissement, le lycée professionnel Michelet.
À la douleur de son enfant s’ajoute un sentiment d’injustice. Sur les dix jeunes agresseurs, un seul a comparu devant le tribunal pour enfants, qui Jeudi 19 décembre 2024.
Un conflit de voisinage ?
« Il ne s’agit pas du tout d’un simple vol de téléphone portable ou de chapeau », assure la maman. « Avant de vivre Sillon-de-Bretagne. Aujourd’hui, nous vivons dans le Quartiers du Nord« . Il semble pourtant exister une rivalité entre ces deux quartiers nantais.
Son fils, alors déscolarisé, décide de reprendre ses études et s’inscrit au lycée Michelet. Il a été agressé à peine un mois après la rentrée scolaire.
Un des jeunes, également scolarisé à Michelet, savait que mon fils habitait au Sillon. De là, il a rassemblé toute sa bande pour l’arrêter à l’extérieur du lycée. On lui a demandé à plusieurs reprises s’il habitait au Sillon, il a répondu non, que nous habitions désormais dans les quartiers nord.
Rejoint par Actualités nantaisesLa police nantaise, n’a pas connaissance d’animosité particulière entre ces deux quartiers, même si le phénomène existe ailleurs dans la ville.
Or, cette « rivalité » entre quartiers est corroborée par une vidéo des événements, dans laquelle on peut entendre des insultes envers la victime en raison de sa supposée appartenance au Sillon.
Une vidéo d’une grande violence
Car cette attaque a été filmée par l’un des assaillants. Actualités Nantes a pu visionner la vidéo. C’est extrêmement violent.
On y voit une dizaine d’adolescents, pour la plupart masqué attaquer le fils de Basma. Les coups de poing et de pied pleuvent. Ils le suivent alors qu’il tente de s’échapper et continuent de le tabasser. Celui qui filme encourage les autres avec enthousiasme.
« C’était ciblé, tout était organisé à l’avance. Ils savaient à quelle heure mon fils sortait », explique Basma. «Ils venaient de tous côtés. »
Il a reçu quatre coups de couteau et non deux, comme on l’avait dit à l’époque. Deux dans sa main, un dans sa cuisse et un autre effleuré son autre cuisse.
« Rien que pour sa cuisse, il a eu 30 jours d’ITT », déplore-t-elle. « C’est la main droite qui a été la plus touchée. Elle était percé des deux côtés
et j’ai eu 20 points de suture. Le garçon n’a pas encore retrouvé ses sensations dans ce membre. Basma sait que son fils aurait pu être tué.
“Il ne veut plus voir personne”
Depuis, le garçon ne sort plus et ne mange presque plus. « Il ne veut plus voir personne, il est en colère contre tout le monde mais particulièrement contre l’Éducation nationale », se désespère sa mère.
Le fils de Basma, qui souhaitait tant reprendre ses études, est de nouveau déscolarisé « alors que la plupart de ses agresseurs sont toujours là ».
Le lycée était censé m’aider à trouver un autre établissement mais au début, la seule chose qu’ils m’ont proposée c’était de l’inscrire dans la Mission locale. Quatre des agresseurs étaient scolarisés au lycée Michelet, un seul d’entre eux a été expulsé.
Le directeur du lycée professionnel Michelet n’a pas répondu à nos sollicitations à l’heure où nous rédigeons ces lignes. Une place a finalement été trouvée pour le fils de Basma dans un autre lycée.
Un dossier « non prioritaire »
« J’ai réussi à obtenir les noms des agresseurs de mon fils », raconte Basma. Des noms qu’elle a immédiatement transmis à la police. «J’ai même leurs adresses!» »
Toutefois, un seul prévenu se retrouve devant la justice. “Ils ne sont pas allés voir les autres, ils n’ont rien fait du tout”, a-t-elle déclaré. L’actualité nantaise, très exalté. La police a refusé de commenter, l’enquête étant toujours “en cours”.
Basma a engagé un avocat, Me Boezec. Ce dernier avance l’hypothèse que l’accusation « était essentiellement en mode d’urgence » et préférait se concentrer sur un seul accusé.
Mon client n’est pas du tout dans une situation de rivalité entre gangs. Il est victime d’un étiquetage de la part de son ancien membre du Sillon. C’est un bouc émissaire. Une information judiciaire aurait dû être ouverte. C’est très sérieux ! Si le couteau était passé quelques centimètres vers la gauche, l’issue aurait pu être fatale. C’est incroyablement violent.
En attendant l’audience de jeudi, Basma ne s’emporte pas. Ni contre l’école ni contre la justice. « Pour moi, c’était une tentative de meurtre en bande organisée. Ils étaient dix, trois d’entre eux étaient armés de couteaux. Mon fils aurait-il dû être tué ? « .
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