Cinq ans de prison en Algérie pour le militantisme de son père au Canada

Les pires craintes du Montréalais Ammar Lakehal se sont réalisées. Son fils Massinissa vient d’être condamné à cinq ans de prison en Algérie.

Un tribunal algérien reproche à Massinissa ses liens avec son père, qui milite depuis des années pour la création d’un Etat indépendant en Kabylie, une région berbère d’Algérie.

Le père a dénoncé l’arrestation de son fils en juillet dernier. La sentence qui vient d’être infligée à Massinissa l’indigne.

Je suis d’une nature paisible. Tout au long de ma vie, j’ai souvent pris les choses du côté positif. Mais ici, j’ai une colère qui ne se mesure pas.

Une citation de Ammar Lakehal

J’ai un sentiment que je ne peux pas décrire. Cela semble être une honte pour tous ces juges, dans ce pays, qui condamnent ainsi des innocents.il a ajouté.

Plusieurs Canadiens d’origine kabyle se disent victimes d’espionnage et d’intimidation de la part des autorités algériennes, comme le révélait un reportage de - en juin dernier.

Ammar Lakehal, qui est également citoyen canadien d’origine kabyle, a longtemps milité au sein du Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (MAK), notamment comme président de la coordination en Amérique du Nord de 2018 à 2023.

Lorsqu’il était membre du Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (MAK), Ammar Lakehal a participé à des manifestations au Canada et aux États-Unis. (Photo d’archives)

Photo : Facebook

Le régime algérien a déclaré MAK entité terroriste en 2021 et toute personne associée à ce groupe risque l’emprisonnement. Le Canada et les États-Unis ne considèrent pas que MAK comme une organisation terroriste.

Selon le père, Massinissa est partisan de l’indépendance de la Kabylie et a déjà participé à des manifestations réclamant la libération de détenus politiques, mais il n’est pas membre du MAK.

Ouvrir en mode plein écran

Il y a quelques années, Massinissa Lakehal s’exprimait lors d’une réunion de solidarité avec les détenus kabyles. Aujourd’hui, c’est lui qui se retrouve derrière les barreaux. (Photo d’archives)

Photo : Facebook

Un voyage au Canada qui lui tient à cœur

Détenu depuis son arrestation le 27 juillet, le fils a subi son procès le 1er juillet.est décembre, à l’issue duquel il a été reconnu coupable d’une série de crimes, notamment d’atteinte à l’intégrité nationale, d’incitation à la haine et d’apologie du terrorisme.

Un voyage au Canada pour rendre visite à son père, en 2019, et des messages échangés avec lui sur les réseaux sociaux ont été retenus contre Massinissa.

La justice algérienne lui reproche également d’avoir publié des photos de prisonniers politiques et d’avoir demandé à Amnesty International d’enquêter sur les violations des droits humains perpétrées contre les Kabyles.

Il est en prison parce qu’il est kabyle et parce qu’il est mon fils.

Une citation de Ammar Lakehal

Des sources en Algérie confirment que le père est la cible principale des autorités algériennes dans cette affaire.

L’ambassade d’Algérie à Ottawa n’a pas répondu à notre demande de commentaires.

Ouvrir en mode plein écran

L’ambassade d’Algérie à Ottawa (Photo d’archive)

Photo : - / Simon Lasalle

Menacer les proches des militants est une tactique courante utilisée par régimes autocratiques pour les faire taire, selon Phil Gurski, un ancien analyste du Service canadien du renseignement de sécurité.

Ces gouvernements étrangers identifier les personnes qui disent et font des choses qui ne sont pas dans leur intérêt ou qui les embarrassent sur la scène mondiale et essayer d’y mettre fin. Ils le font en menaçant ces personnes ou leurs famillesdit-il.

La ministre Joly refuse de commenter

Ammar Lakehal dit qu’il ressent également un profond sentiment indignation face à l’inaction du gouvernement Trudeau.

Le cabinet de la ministre fédérale des Affaires étrangères Mélanie Joly a refusé de commenter la condamnation de Massinissa.

La ministre Joly répond aux questions des journalistes dans un couloir du Parlement.

Ouvrir en mode plein écran

La ministre canadienne des Affaires étrangères, Mélanie Joly, n’a pas souhaité commenter la condamnation de Massinissa Lakehal. (Photo d’archives)

Photo : La Presse Canadienne / Sean Kilpatrick

Suite à l’arrestation de ce dernier, Affaires mondiales Canada a répondu à - que ses relations bilatérales de longue date avec l’Algérie lui permettent engager des discussions avec le gouvernement algérien sur des questions d’importance pour le Canada, notamment les droits de la personne..

Il s’agit d’une réponse différente de celle que le bureau du premier ministre Trudeau a donnée au père en août dernier.

Je comprends que votre fils n’est pas citoyen canadien. Vous comprendrez donc que M. Trudeau ne peut pas s’immiscer dans une affaire qui concerne l’administration d’un pays étranger.nous lui avons écrit.

Brigitte Bureau

Lorsque M. Lakehal a immigré au Canada, son fils a décidé de rester en Algérie et ne détient pas la citoyenneté canadienne.

Il y a ce côté humain qui manque. Sont-ils conscients qu’il s’agit d’un homme privé de ses droits ? demande le père.

Selon ce dernier, le gouvernement Trudeau ne devrait pas inclinez la tête devant le non-respect des droits de l’homme en Algérie.

J’exige le droit à un procès équitable pour mon fils, ainsi que pour tous les détenus kabyles.

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV Un bombardier israélien devient un « résistant palestinien » aux yeux des adversaires obsessionnels du Maroc
NEXT POUSSIÈRE ET BAISSE DES TEMPÉRATURES À VENIR