Thaon (N3) – Amiens (Ligue 2)
Ce samedi (18h)
Il semble que le sentiment d’équilibre soit une vertu dans la pratique du Football. La trajectoire de Matt Condi est pour le moins déroutante. Arrivé sur la pointe des pieds à Thaon (où il avait ses gammes de jeunesse ainsi qu’à Épinal), à l’été 2022, en provenance de Hadol et d’une élite départementale qui correspondait très mal à ses qualités de footballeur, le garçon n’a mis que quelques semaines à convaincre Romain Chouleur, après une préparation intéressante. Et de faire mentir le grand public qui lui prédisait un avenir moins éblouissant et émettait dans un premier - des réserves.
« Je suis un peu comme l’Argentin Julian Alvarez. Pas le meilleur finisseur, mais un vrai combattant », nous avait alors confié le joueur de 19 ans. Deux ans plus tard, il gravit les quatre échelons qui séparaient Hadol de Thaon. Et il s’est rendu indispensable au casting concocté, semaine après semaine, par Romain Chouleur et Michaël Ruez. Sans être là où on l’attendait forcément depuis le milieu de saison dernière, cet attaquant de formation a reculé d’un, puis de deux crans sur l’échiquier.
« Au départ, je voulais l’utiliser comme un n°9 ou un n°10, un 9 et demi peu importe. C’est lui, par ses performances et ce qu’il a montré, qui m’a obligé à le mettre un peu en retrait. Ce n’est pas un gars naturellement attiré par les buts. Il a besoin de courir, de travailler, de récupérer le ballon, de faire le jeu. Finalement, il a un peu reculé et quand il a dû aider en sentinelle, il a fait le travail. Les choses se sont faites naturellement par rapport à ce qu’il a apporté. »
Installé devant la défense, Matt Condi s’épanouit dans ce rôle clé, face au jeu, nécessitant un bel élan d’énergie, une bonne lecture du jeu et une touche technique. « C’est un poste que j’apprécie vraiment. J’aime les duels, aller au combat, nourrir les gars avec des ballons, combiner. Il faut faire plus d’efforts, c’est exigeant en cardio. Après, j’aime ça, c’est en famille, avec un frère (Tom) et un père (Oswaldo) comme le mien (rires). C’est un peu plus difficile de marquer des buts mais j’ai mes coéquipiers qui font très bien le travail devant. Et j’ai le droit de monter dans les phases fixées, avec compensation étant faite”, confie l’attaquant-défenseur.
“Je dis généralement que c’est un robot”
Logiquement, la prochaine étape sera de le retrouver en charnière centrale. « Non, non, avec Wilfried notamment, ça devrait suffire. Je suis très à l’aise au milieu (rires)», rigole l’intéressé.
Pour Romain Chouleur, cette flexibilité est naturelle. « Son volume de jeu et son activité sont impressionnants. Il est partout, j’ai même un peu peur quand il est en sentinelle car il a besoin d’attaquer et de défendre. Il est techniquement bon. Il aime l’effort, je dis généralement que c’est un robot car il ne fait jamais de mal. Il se plaint parfois, mais il continue de courir. C’est un soldat, il est de famille. »
À tel point qu’il faut parfois freiner son enthousiasme. « A Lunéville, il m’a dit à la mi-- qu’il avait un léger problème, je lui ai demandé de le gérer. Et cinq minutes plus tard, ça va se fendre sur le côté pour déborder (rires). Il peut aussi me rendre fou parfois en frappant dès le début de l’entraînement. »
Une chose est sûre, avec déjà deux 32e de finale et un 16e de finale à son actif à 21 ans, Matt Condi ne boude pas son plaisir. Et ne comptez pas vous arrêter là. « Je ne me plains pas, ce n’est pas mal pour mon âge. Même si nous rejouons Amiens pour la troisième année consécutive, nous n’allons pas bouder notre plaisir. Et nous ferons tout pour les éliminer. CQD