Par
Coralie Durand
Publié le
17 décembre 2024 à 18h00
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Rarement une date de réunion du Conseil Régional aura été aussi marquée au fer chaud. jeudi 19 décembre 2024l’assemblée des Pays de la Loire dirigée par Christelle Morançais devrait voter son budget initial, en ratifiant des réductions drastiques en subventions destinées à la culture, au planning familial ou encore aux missions locales. A Saint-Nazaire (Loire-Atlantique), les associations tentent une nouvelle fois de faire changer de cap le président. Un cri d’alarme sur les conséquences de cette décision qui s’apparente à un dernier combat.
Ce qui est supprimé
Rappelons-nous d’abord les chiffres. La présidente de région a annoncé en octobre vouloir réaliser des économies de 100 millions d’euros sur son budget 2025 – alors que le gouvernement Barnier en demandait 40 millions. Une baisse drastique dont les effets ne se sont pas fait attendre : en novembre, un mail ou un coup de téléphone prévenait les associations de la fin de la subvention.
À Saint-Nazaire, cela signifie 77 900 € de moins pour le Théâtre, 44 250 € de moins pour Athénor, 3 000 € de moins pour Jazzimut, 117 850 € de moins pour Escales. Au niveau régional, 66 170 € de moins pour le Planning familial (même si un accord-cadre avait été signé cette année pour quatre ans). En matière d’insertion, 120 000 € de moins pour la mission locale du territoire de Nazaire.
Une décision sans consultation ni dialogue. C’est un choix idéologique, au caractère violent et dangereux.
Qu’est-ce que cela signifie maintenant
Cela dépend évidemment de la taille des structures. Mais comme le rappelle Gérald Chabaud, le patron des Escales, citant Jean de la Fontaine, « ils ne sont pas tous morts mais tous ont été frappés ». A la mission locale, les conséquences sont quasi immédiates.
120 000 €, c’est trois postes à - plein. Mardi prochain, le CDD d’une conseillère ne sera pas renouvelé, ce sera son dernier jour. En février, un autre CDD prendra fin et un départ à la retraite ne sera pas remplacé. Au total, cela fait 300 jeunes qui se retrouvent sans conseiller, puisque leurs collègues travaillent déjà au-delà de ce qui est acceptable.
Fini également les interventions de prévention dans les lycées pour le planning familial. « Vous serez heureux d’apprendre que dans les lycées, la Région est uniquement responsable des murs», ironise Marie-Luce Genet.
À quoi cela mènera plus tard
“Le public ne se rend pas compte de tous les effets à long terme.” Gaëlle Lautru est comédienne et dans ce rassemblement d’acteurs culturels, s’est exprimée au nom des compagnies de théâtre et de la création. Un secteur qui « subit déjà depuis deux ans des réductions d’aides » et qui s’apprête à manger son pain noir, dans une zone déjà marquée par la précarité. « Et ce sera encore plus dur en 2026 », prévient l’artiste.
Les répercussions résonneront bien au-delà de la culture et de la prévention. ” Dans le secteur privé aussi », insiste David Daunis, entrepreneur.
Qu’en est-il de l’économie des cafés-concerts ? Des restaurants qui accueillent du public et des artistes ? Des librairies ? Hôtels et chambres d’hôtes ? Des graphistes ?
Le patron de la société Popamine parle d’un « plan social important et inédit qui se dessine ».
Du côté des élus locaux
Dans un communiqué, la Ville de Saint-Nazaire et l’agglomération dénoncent « un coup sévère et très brutal porté à une politique publique et à un secteur d’activité qui agit au quotidien ». Les deux collectivités se disent incapables de « compenser les pertes occasionnées par les décisions politiques du Conseil régional ainsi que celles annoncées par le Département ».
En revanche, Nicolas Criaud, président de Cap Atlantique et maire de Guérande, soutient sur les réseaux sociaux la position de Christelle Morançais, sa collègue du parti Horizons. “Je salue son courage politique et sa volonté d’agir.”
Moyens d’action
Ils sont peu nombreux, hormis celui de faire entendre sa voix auprès de la presse. Les contacts avec les conseillers régionaux de la majorité ont été rares, « ils ne sont pas pas très confortable avec ce qui se passe », constate Gérald Chabaud.
Des manifestations sont prévues, notamment le jour du vote du budget, le 19 décembre. « Dans le social, on ne peut pas faire grève. »
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