En 2022, au sortir de la crise sanitaire du covid-19, Villejuif n’échappera pas à la crise du sens au travail. Les agents demandent à être davantage impliqués dans la gestion de projet. L’idée a alors émergé d’organiser un budget participatif qui leur est dédié. Inédit pour une communauté de cette taille (1 300 agents), le dispositif prévoit une enveloppe de 200 000 euros, soit 100 000 euros annuels pour une édition entre 2023 et 2024.
In fine168 projets sont proposés, 130 sont soumis au vote et 49 sont retenus après un vote d’un tiers des agents de la communauté. Depuis l’annonce en avril 2024 des projets lauréats, un quart se sont déjà concrétisés et plus de la moitié auront vu le jour d’ici septembre 2024. Les projets restants seront réalisés avant la fin de l’année. Par l’ampleur de l’engouement interne et son impact sur l’organisation, ce budget participatif des agents est bien plus qu’une mesure d’affichage, c’est un outil à part entière de la politique managériale de la ville.
Pourquoi lancer un budget participatif des agents ?
Dans le cadre d’une consultation lancée en 2022 sur le passage aux 1 607 heures, la proposition « Permettre à chaque équipe de proposer chaque année une idée pour améliorer ses conditions de travail » est plébiscitée par les agents comme une mesure clé pour améliorer leurs conditions de travail. amélioration des conditions de travail. Cette demande d’autonomie est confirmée par une enquête sur le sens au travail, menée à l’été 2023, auprès de l’ensemble des agents de la ville : 55 % des participants considèrent qu’ils n’ont pas les moyens d’exprimer leurs idées. C’est lors d’un séminaire d’encadrement qu’a émergé la logique d’un budget interne participatif, avec un double objectif : améliorer la qualité de vie et les conditions de travail et mener des actions en faveur de la transition écologique.
Sous quelle forme ?
L’enveloppe de 200 000 euros est divisée en deux : 100 000 euros pour les projets collectifs destinés à l’ensemble des 1 300 agents communautaires et 100 000 euros pour les projets utiles dans chaque département. À l’été 2023, une équipe projet sera constituée pour mener à bien la démarche. Elle est rattachée à la cellule innovation de la commune et est composée de quatre personnes (deux directeurs et deux chefs de projet : le directeur de la culture, le directeur des ressources humaines [DRH]Alice Inard, responsable emploi et compétences à la DRH et Camille Fraignac, chef de projet auprès du directeur général adjoint).
Pendant plusieurs mois, l’équipe projet structure et facilite les étapes clés du budget participatif :
- la rédaction des 10 règles du jeu, l’éligibilité des initiatives et la création d’un comité de faisabilité représentatif des agents pour garantir le respect des règles par les porteurs de projets (été 2023) ;
- la campagne de dépôt d’idées en ligne et dans les urnes physiques inter-sites (septembre 2023) ;
- un - de travail dédié à la mise en commun des idées similaires recueillies, qui permet également de mobiliser l’intelligence artificielle générative (IAG ; ChatGPT) pour catégoriser les 168 projets soumis à l’évaluation du comité de faisabilité (octobre 2023) ;
- la réunion du comité de faisabilité composé d’agents experts tirés au sort qui déterminent quels projets sont soumis au vote : 130 projets sont sélectionnés (novembre 2023) ;
- le vote : 440 agents choisissent leurs projets préférés en ligne et dans les urnes. Deux projets collectifs, dédiés à tous les agents, sont lauréats, ainsi que 47 projets au sein des départements (début 2024) ;
- mise en œuvre par les porteurs de projets (depuis avril 2024).
Convivialité, électroménager, décoration, tables et chaises, sorties culturelles ou de loisirs, sièges de massage, plantes vertes, ou encore petits travaux sont parmi les exemples de réalisations prisées au sein des services. Concernant les projets collectifs, plus de 700 paniers de fruits et légumes bio sont livrés gratuitement aux agents et une participation financière est prévue pour les vacances d’hiver ainsi que diverses activités sportives et culturelles. Ces initiatives sont portées par des agents de toutes catégories et services et ont une dimension de transition écologique.
Quels enseignements peut-on tirer de cette approche ?
L’adhésion à la démarche par la direction générale (Estelle Tarragon, directrice générale adjointe et Fabien Fabbri, directeur général des services) et les élus des ressources humaines (Anne-Gaëlle Leydier, puis Gilbert Chastagnac) s’explique par le fort potentiel d’autonomisation des agents qu’il forme. En effet, acquérir une machine à café devient un projet en soi. L’agent qui le porte mobilise ainsi tous les outils de gestion de projet : avoir l’idée, puis oser la proposer, la voir acceptée par ses collègues, choisir un modèle de cafetière écologiquement responsable, être accompagné dans le choix du bon outil de commande publique, recevoir et installez la machine au bon endroit dans le - imparti.
Grâce à la budgétisation participative, les agents impliqués se sentent plus capables de tester ou de proposer des initiatives à plus grande échelle.
Le budget participatif est donc un véritable outil de gestion. Car, grâce à elle, les agents impliqués se sentent plus capables de tester, ou de proposer des initiatives à plus grande échelle. C’est aussi l’occasion de repenser la chaîne interne de la commande publique pour privilégier la production sous maîtrise ainsi que les logiques de réutilisation et d’achats responsables, en matière de ressourcement par exemple dans la réalisation des projets. La réussite de cette expérience de démocratie interne est une véritable fierté et préfigure une reconduction en 2025 de cet exercice d’amélioration des conditions de travail des agents villejuiviens.