La terrible année de la solidarité québécoise

La terrible année de la solidarité québécoise
La terrible année de la solidarité québécoise

Pour Québec solidaire, 2024 est l’année des espoirs disparus. Tout comme la CAQ de François Legault, lui aussi semble avoir perdu sa boussole politique.

Son virage « pragmatique », courageusement pris au printemps par son leader parlementaire Gabriel Nadeau-Dubois, a été balayé en novembre par le tsunami de « l’affaire Bouazzi ».

Le départ de GND en fin d’année pour un long congé paternité fait également planer le doute sur la possibilité de son retour au même poste. Pendant ce -, la nouvelle co-porte-parole Ruba Ghazal hérite d’un parti en mauvaise posture.

Dépassé par le Parti québécois et bloqué à 13 % dans les sondages, l’ambition de QS de s’imposer comme la « véritable » opposition officielle à la CAQ n’est plus qu’un lointain souvenir.

Idem pour l’espoir de Gabriel Nadeau-Dubois d’incarner l’antithèse « naturelle » de François Legault. Ce rôle précieux, le chef péquiste Paul St-Pierre Plamondon le lui a retiré.

GND, ancien leader étudiant aux formidables talents oratoires, est pourtant l’un des hommes politiques les plus impressionnants de sa génération. S’il partait, la politique québécoise serait perdante.

Une voix importante

Plus largement, Québec solidaire, fondé en 2006, est une voix importante de la gauche, toutes tendances confondues. Sa vraie faiblesse est ailleurs.

Au fil du -, encore plus depuis les départs de Françoise David et d’Amir Khadir, QS perd peu à peu sa raison d’être. Ou pour défendre les intérêts de ceux qui n’ont pas de voix : les travailleurs, les femmes, les pauvres, les nouveaux arrivants, etc.

Dans La presseBoucar Diouf, parlant du déclin actuel de la gauche en Occident, pose un diagnostic cinglant :

« Quand cette gauche prône la fragmentation sans fin de la population selon la race, la religion, le sexe, le genre, la communauté, écrit-il, le grand capital se réjouit aussi. Il s’en réjouit car il est bien conscient que tant de petits groupes n’auront jamais un dialogue syndical suffisamment solidaire pour défendre leurs droits communs.»

Chez QS, il est néanmoins tout aussi vrai que la députée Manon Massé parle toujours haut et fort pour les sans-voix. Son collègue Vincent Marissal critique intelligemment la privatisation croissante des services de santé.

Un virage nécessaire, mais oublié

En réclamant un programme alimentaire universel dans les écoles publiques et en suivant le gouvernement Legault sur ces crises scandaleuses du logement et de l’itinérance contre lesquelles il agit très peu, GND le fait aussi.

Pourtant, c’est comme si les Québécois n’entendaient plus ce même côté original de QS.

La propension de sa base militante à voir la société québécoise comme un repaire obscur de racistes purs et durs ajoute également de l’huile sur le feu. Le changement « pragmatique » signifié par GND est balayé sous le tapis.

Ses objectifs étaient pourtant clairs. Face à un PQ ressuscité et une CAQ très affaiblie, il souhaite faire de QS « un parti de gouvernement », alléger ses autorités byzantines, renforcer le rôle de leader parlementaire, etc.

Bref, lui donner un goût de renouveau sans pour autant nier son caractère progressiste. L’« affaire » Haroun Bouazzi et le soutien dont ce député bénéficie encore parmi la base militante montrent cependant que le virage GND n’est pas pour demain.

L’année 2025 ne s’annonce pas plus facile pour QS. A l’Assemblée nationale, sa voix est cependant aussi essentielle que celle des autres partis.

 
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