Le 8 novembre 2024, les cloches de Notre-Dame de Paris ont sonné pour la première fois depuis l’incendie du 15 avril 2019. Le groupement des techniciens campanaires (ATC), dont fait partie l’entreprise Gougeon, à Villedômer, a répondu à l’appel d’offres. En juillet 2023, les huit cloches du beffroi – pesant de 800 kg à 4,2 t – ont été descendues pour être nettoyées. Le gérant Alexandre Gougeon et son équipe ont également installé trois cloches dans le chœur de la cathédrale, dont celles des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024.
Cent fois au travail…
À Villandry, l’atelier de Charles Boulnois – artiste décorateur Meilleur Ouvrier de France – était sous-traitant d’une entreprise de couverture, dans le secteur de l’ornementation de toiture. Avec lui, le sculpteur Maylis Paris a réalisé deux gargouilles en polyuréthane et une wyverne (plus tard recouverte de plomb) ainsi qu’un dragon placé au pied de la croix au chevet ainsi que des petites pièces visibles sur la flèche.
Charles Boulnois souligne les exigences des architectes. «Nous avons dû refaire des modèles jusqu’à huit fois. Au total, nous avons consacré quelques centaines d’heures à ce projet qui n’était pas monumental pour nous. »
Il y a dix ans, Antoine Machon et Antoine Lagarde créaient DroneContrast à Joué-lès-Tours. Depuis, leur expérience et leurs réalisations sur les monuments historiques leur ont permis d’être contactés par l’établissement public de restauration de Notre-Dame. Leur mission consistait à réaliser une inspection technique des trois rosaces ouest, nord et sud avec leurs drones, à la fin des travaux et pendant deux jours. “Même s’ils étaient épargnés par l’incendie, il fallait s’assurer qu’il n’y ait pas de déformations”, dit Antoine Machon. Les premiers enregistrements ont été réalisés au laser depuis le sol. Ensuite les drones ont utilisé la photogrammétrie (scanning) de chaque côté des rosaces. Les données collectées sont toujours exploitées et restitueront leurs informations aux experts dans quelques semaines.
Sébastien David a quitté son atelier de Vernou-sur-Brenne pour des salles climatisées de 600 m2 de l’ancien Hôtel de la Monnaie, une semaine sur deux, pendant dix-huit mois. Le doreur de Touraine avait répondu à un appel d’offres collectif qui concernait la restauration de cadres et toiles de tableaux plus ou moins endommagés par le sinistre.
Il lui appartient de restaurer les cadres des tableaux de maîtres : Franken (La Nativité), Blanchard (Descente du Saint-Esprit), Le Brun (Martyre de saint André sur la croix et martyre de saint Etienne), Le Hyre (Saint Pierre guérissant les malades). Il fut également chargé de dorer deux nouveaux cadres pour un Van Loo (Saint Charles Barromée donnant la communion) un Jeaurat (La visite).
Fierté exprimée
Sébastien David a fait ses calculs : « J’ai mis 264 heures pour redorer ces cadres, en utilisant à chaque fois 2 grammes de feuille d’or. » Parallèlement, l’artisan poursuit d’autres commandes « hors de la cathédrale ». Il vient d’offrir le coq d’or qui ornera le clocher de Saint-Nicolas-de-Bourgueil après sa restauration. Elle a été détruite par la foudre il y a trois ans.
Tous ces entrepreneurs tourangeaux ont exprimé leur fierté d’avoir contribué à ce projet. « Chantier du siècle ». Aux chefs d’État et au public de les admirer à leur tour, dès ce week-end !
A noter également qu’une trentaine de chênes ont été repris pour la charpente du bâtiment en forêt de Loches par l’ONF.
Egalement l’Atelier Marc Philippe
La visite des lieux du Président de la République la semaine dernière a permis à la France entière de découvrir le travail de l’Atelier Marc Philippe basé à Fondettes. Un collègue du restaurateur a présenté à Emmanuel Macron les travaux réalisés sur les décors des chapelles nord et la clôture du chœur nord lors d’une émission relayée par de nombreuses chaînes de télévision.