Une transaction de cocaïne qui a mal tourné : c’est pourquoi l’un des auteurs de ce « carottage » a été poursuivi, agressé puis kidnappé en plein cœur de Parthenay le dimanche 24 novembre 2024 en fin d’après-midi. Son principal agresseur a été jugé et sanctionné le jeudi 5 décembre suivant, en comparution immédiate, par le tribunal correctionnel de Niort.
Arrêté la veille après que son complice s’est signalé à la gendarmerie avant d’être hospitalisé sous la contrainte dans un service psychiatrique, cet homme de 41 ans a écopé de trente mois de prison ferme : dix-huit sont fermes, avec incarcération immédiate. Le reste de sa peine est avec sursis de deux ans. Sa troisième condamnation.
Pas de partie civile
Habitant Niort mais se rendant ce jour-là à Parthenay avec son acolyte pour vendre environ 40 g de cocaïne, l’échange que le prévenu avait prévu s’était mal passé : “Il s’est fait avoir par des jeunes de 18 à 20 ans” résume son avocat, Me Ambroise Garlopeau. Ils étaient quatre et ils avaient volé toute la drogue, ou presque, avant de partir sur une tangente.
Le suspect n°1 a réagi à sa manière : d’abord en tirant en l’air avec une arme de poing, “faire peur”. Il rattrape un de ses voleurs, le tacle et le maintient au sol. Clients d’un bar-brasserie, deux témoins tentent d’intervenir lorsqu’ils voient l’accusé leur indiquer ce que serait “un pistolet à balle” sur la tempe de sa proie : il les pointe tour à tour en leur criant qu’il “ne plaisante pas.”
Il s’est fait avoir par des jeunes de 18 à 20 ans
M.e Ambroise Garlopeau, defense lawyer, Niort
Le quadragénaire entraîne sa victime dans sa BMW noire conduite par son compagnon : le jeune homme de 18 ans est jeté dans le coffre, les mains et les pieds attachés avec des attaches-câbles. Lorsque la voiture s’arrête, ce dernier parvient à défaire ses liens et à s’enfuir en cassant une vitre arrière. En rase campagne, il se cache dans un buisson. Un couple d’agriculteurs le ramène à Parthenay dans la soirée.
Aucune partie civile n’était présente dans la salle d’audience jeudi 5 décembre 2024. Dans son box avec son escorte, le prévenu a fini par dire qu’il était désolé, lui, père de sept enfants de mères différentes : il en a trois à la maison, âgés 2, 4 et 9.
La BMW confisquée
Le substitut du procureur revient sur la déclaration de son associé : « Il a complètement changé de personnalité ces derniers mois, il couche, il fréquente des méchants… » Nicolas Leclainche poursuit : « Vous êtes tombé dans la consommation de crack et de cocaïne. Une chose en entraîne une autre. » le trafic de drogue s’est installé. “Oui, c’est un peu ça.” répond l’intéressé grâce à un interprète : originaire de Guyane anglaise, il s’exprime principalement dans la langue de Shakespeare.
Après trois mois sans travail, officiellement à cause d’une chute qui lui a causé une fracture du poignet droit, il s’est retrouvé sans aucune ressource après avoir mal rempli ses papiers. Sauf quelques centaines d’euros par mois de la Caisse d’allocations familiales. « Stress », « angoisse » et stupéfiants… Me demande Garlopeau « l’indulgence » du tribunal. En vain. Placée sous scellés, la BMW de son client « dépressif » a été confisqué.