Depuis la rentrée scolaire de septembre, elle a sa classe. Dans une école de la gare des Rousses. Et après six ans à être titulaire suppléant dans la circonscription de Saint-Claude. «Je l’ai demandé et j’ai trouvé des avantages», raconte Karine*. « Quand on débute, être remplaçant permet de rencontrer beaucoup de collègues et donc de voir des méthodes différentes ; vous travaillez auprès de publics différents de tous niveaux et aussi bien en ville qu’à la campagne ; vous êtes défrayé. Et puis, aujourd’hui, ça ne me fait pas peur de me retrouver devant une classe dont je ne connais pas les élèves. Cela m’est arrivé pendant six ans», sourit la maman.
«J’ai ressenti l’envie de réaliser mes propres projets»
Au contraire, ce qui contrariait cette enseignante consciencieuse, c’était son manque d’intérêt pour les difficultés de certains élèves. « Plus ça avançait, plus je me disais : je m’en fiche puisque je remplace. Et cela a fonctionné pour moi. J’ai vraiment ressenti l’envie de mener mes propres projets, de m’investir pleinement au sein d’une équipe. »
Exactement ce qu’elle a trouvé et mis en œuvre depuis septembre avec sa classe de 21 élèves. « J’organise comme je l’entends, c’est un plaisir. Et puis je ressens à nouveau cette connexion avec les étudiants. »
«C’est un travail ON-OFF»
Malgré tout, son début d’année a été « administrativement énergivore et fatiguant ». « C’est un travail ON-OFF. Vous travaillez après les cours dans votre classe, le soir à la maison, pendant vos vacances… Vous êtes toujours en avance sur votre année scolaire. Et puis en été, nous avons cette longue période OFF. Vous sentez que vous avez vraiment besoin de cette pause pour préparer la suite. »
Karine avoue aimer « ce côté dynamique, rarement assis, dans la performance. Mais honnêtement, je ne tiendrai pas toute ma carrière. L’énergie que cela demande, la maîtrise de soi, les responsabilités… »
Elle regrette une certaine « infantilisation »
En termes de rémunération, « il y a eu une augmentation l’année dernière et je l’ai reçue avec plaisir. Mais ce n’est pas ma préoccupation première. Je préférerais me battre pour que nous ayons les moyens, humains et matériels, d’enseigner correctement. L’Éducation nationale s’appuie sur les mairies. Sauf que le budget par étudiant peut être de 15 € ou 100 ! Et ça change beaucoup de choses. »
Enfin, le trentenaire a parfois le sentiment d’être « infantilisé » par l’institution. « Nous devons toujours montrer ce que nous faisons. Nous comprenons que le contrôle est nécessaire. Mais parfois, nous perdons du -. Et puis il m’est arrivé de ressentir cela comme un manque de confiance. »
*Prénom Istaken