C’est une réalité répétée étude après étude. Et la dernière édition de Timss (Trends In Mathematics and Science Study), publiée ce mercredi 4 décembre, ne déroge pas à la règle : les Français sont mauvais en mathématiques. Très mauvais.
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Menée tous les quatre ans par l’Association internationale pour l’évaluation des performances éducatives (IEA), cette grande enquête mondiale compare les performances des élèves de quatrième et quatrième année.een mathématiques et en sciences, dans 58 et 44 pays respectivement.
A LIRE AUSSI Anne Genetet : « Ne rien faire mettrait en danger nos étudiants et, au-delà, l’avenir de notre pays » Comme toujours, les pays asiatiques arrivent en tête du classement, avec Singapour, Taiwan et la Corée du Sud sur le podium, suivis de Hong Kong et du Japon. En Europe, les champions toutes catégories sont l’Angleterre, l’Irlande, la République tchèque, la Norvège et la Suède.
La France parmi les cancres
Et la France ? Avec 484 points en mathématiques, notre pays est au 42e place sur les 58 pays comparés pour la classe CM1, et dernier pays de l’Union européenne, loin derrière l’Angleterre (552), la Pologne (550) et les Pays-Bas (537).
En 4eles résultats sont un peu meilleurs en apparence, puisqu’avec 479 points notre pays est au 24e lieu dans 44 pays, entre Israël (479) et l’Azerbaïdjan (475). Mais la France reste parmi les derniers de l’Union européenne. Seul le Portugal s’en sort moins bien.A LIRE AUSSI Baisse du niveau des élèves en mathématiques : « La compétitivité de notre pays est en jeu »
Qu’en est-il du niveau des étudiants en sciences ? Comme en 2019, la France obtient un score de 488 (Singapour est à 607) en CM1 et arrive une nouvelle fois parmi les derniers pays d’Europe (seule la Belgique fait pire). En quatrième année, la France obtient 486 points (607 pour Singapour) contre 509 dans le reste des pays européens.
Des résultats néanmoins stables dans le -
« Si l’on compare notre pays à ceux de l’Union européenne ou de l’OCDE, nous sommes clairement en queue de peloton », reconnaît Thierry Rocher, président de l’AIE et directeur adjoint des évaluations et des performances académiques au département d’évaluation de prospective. et Performance de l’Éducation Nationale (DEPP). A noter tout de même : la très grande stabilité des résultats de la France dans le -. « En CM1, notre pays a obtenu un score de 485 points en mathématiques en 2019 et 488 en 2015. Les élèves de 4e avait obtenu un score de 483 en 2019. Une stabilité que l’on retrouve aussi en sciences, aux deux niveaux», précise-t-il.
A LIRE AUSSI Ecole publique : les raisons de la méfianceFaut-il y voir une preuve de l’inefficacité des mesures prises ces dernières années (séparation des classes, plan mathématiques, choc des savoirs) par l’Éducation nationale pour élever le niveau ? « Nous ne pouvons pas savoir ce qui se serait passé sans ces politiques publiques. Cela aurait pu être pire. Personne ne peut le dire », estime Thierry Rocher, qui souligne également « la très grande résilience des jeunes en mathématiques » trois ans après l’épidémie de Covid-19. « Les élèves d’aujourd’hui en CM1 étaient en CP au moment de la crise sanitaire. Les évaluations nationales ont montré un impact de cette crise sur les performances des élèves un an plus tard. Ce n’est clairement plus le cas et c’est plutôt rassurant. »
Les bons ne sont pas assez bons et pas assez
Mais le diable se cache dans les détails : quand on regarde les très bons élèves (3% en CM1 et 4e), on voit qu’ils sont, certes un peu meilleurs, mais beaucoup moins nombreux que dans le reste des pays comparés (la médiane est de 7% pour ces deux niveaux). Surtout, leur nombre diminue avec le - en 4e puisqu’ils étaient 2% en 2019, mais 6% en 2015 !
Autre sujet d’inquiétude : l’hétérogénéité des classes, qui a augmenté par rapport aux années précédentes en 4e. Si le niveau des élèves très bons remonte légèrement de 593 points en 2019 à 608 points en 2023, celui des élèves les moins performants baisse (342 en 2023 contre 369 en 2019). « C’est très notable et c’est inquiétant, car cela complique le travail des enseignants, qui doivent composer avec cette variété de profils », concède Thierry Rocher, sans parvenir à expliquer ce phénomène.
Les filles sont de plus en plus à la traîne
Enfin, il y a l’écart – catastrophique – de niveau entre filles et garçons, en faveur de ces derniers. Si cela est notable dans la grande majorité des pays comparés (avec un écart de niveau moyen de 11 points), la France fait partie des moins performants, avec l’Italie et l’Australie. Les garçons ont en moyenne 23 points de plus que les filles. C’est pire qu’en 2019, où l’écart de niveau était de 13 %, et qu’en 2015, où l’écart était de 6 %.
“C’est un phénomène inquiétant, que l’on retrouve dans toutes les écoles de France et dans les milieux socio-économiques, et que nous n’avons pas encore pu expliquer”, indique Thierry Rocher, rappelant que cet écart n’est pas observé en grande section maternelle. . « Tout semble se jouer en plein CP, quand on commence à parler de « mathématiques » et non plus seulement de chiffres, de groupes ou de nombres. »
A LIRE AUSSI De bonnes recettes d’Estonie pour élever le niveau académique des étudiantsLors de la présentation des résultats, le ministère de l’Éducation nationale assure avoir fait le point sur cette hausse des performances entre filles et garçons, déjà soulignée par les évaluations nationales. Le plan de formation des enseignants évoluera dans ce sens. « Dire que nous avons la martingale serait présomptueux. On peut penser que les facteurs ne sont pas purement académiques. Mais les enseignants seront sensibilisés au sujet lors de la formation”, précise la rue de Grenelle.
Installer et stabiliser les automatismes
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Concernant la baisse générale du niveau, le ministère a rappelé les différentes mesures annoncées par Anne Genetet dans le cadre de l’acte II du « choc des savoirs » : extension des groupes de besoins aux classes de 4e année.e et 3edoublement des heures dédiées au système de devoirs-faits et aux cours de réussite pour les collégiens. Mais aussi la refonte des programmes de mathématiques des cycles 1 et 2 et celle à venir pour les collèges, ainsi que la formation continue des enseignants.
« De manière générale, nous avons identifié un problème dans l’installation et la stabilisation des automatismes. Si nous travaillons dessus depuis le CE1, ils ne sont pas toujours bien implantés en CM1. C’est sur cela que nous voulons nous concentrer. » Et le ministère prévient, « cela concerne notamment les 15 minutes de calcul mental sur ardoise. Et pas seulement en CE1. »