L’âge d’or de la comédie musicale serait-il finalement arrivé en France ? Avec une dizaine de spectacles à l’affiche actuellement et le grand retour de la comédie musicale Les Misérables à Paris, la question mérite d’être posée. Après 33 ans à faire le tour des théâtres londoniens et new-yorkais, le spectacle connaît enfin son heure de gloire sur la scène parisienne avec une grande partie des places pour le Théâtre du Châtelet écoulées. Un succès français qui s’explique, selon le librettiste Alain Boublil, par un “engouement pour le théâtre chanté au cours des vingt dernières années”, et des structures qui sont désormais “destinées à la comédie musicale”, ce qui n’était pas le cas lors de la création des Misérables dans les années 1980.
“Après 33 ans, ça fait beaucoup de bien d’être de retour.”
“On s’aperçoit que la partition des Misérables fait partie du paysage de la comédie musicale mondiale. Mais il a fallu que les étrangers le reconnaissent pour qu’enfin, on devienne prophète en notre pays”, constate Alain Boublil. Le parolier explique par ailleurs avoir “ressenti le besoin de toucher au texte” dans cette nouvelle version française. “Le propos, explique-t-il_, c’est qu’on transfère de la littérature lyrique au lyrisme tout court, c’est-à-dire chanté. J’avais besoin que les personnages ressemblent à leurs origines sociales et à leurs origines familiales. C’est un travail que j’ai beaucoup aimé faire et je suis ravi qu’il soit reconnu dans cette nouvelle version.”_
Le réapprentissage de Natalie Dessay
La célèbre cantatrice Natalie Dessay a été elle-même prise dans le tourbillon de la comédie musicale, puisqu’elle apparaîtra dans Sweeney Todd à l’Opéra du Rhin, et Gypsy à la Philharmonie de Paris. Elle déclare avoir “travaillé d’arrache-pied, comme [elle n’a] n’a jamais fonctionné”.
“J’ai travaillé très dur à l’opéra, mais je peux dire que je travaille aussi dur, voire encore plus dur pour la comédie musicale.”
Un exercice éprouvant, et pour cause : la cantatrice explique avoir pris des habitudes dont il est difficile de se défaire après toutes ces années passées à l’opéra. Et bien qu’elle trouve l’exercice de la comédie musicale “horriblement difficile”, Nathalie Dessay estime que “si c’était à refaire”, elle emprunterait le chemin de la comédie musicale plutôt que celui de l’opéra. Une attirance qui va de soi, quand on sait que Natalie Dessay a su qu’elle voulait faire du chant son métier devant une fameuse comédie musicale… “À cinq ans, j’ai découvert Peau d’Âne_, et je savais que je voulais faire Catherine Deneuve comme métier”_, confie-t-elle au micro de Tout Public.
Marie Oppret et son amour pour Jacques Demy et Michel Legrand
S’il y a un élément qui réunit les personnes présentes autour du plateau de ce Tout Public, c’est leur lien avec le grand compositeur Michel Legrand, qu’ils ont tous les trois côtoyé à un moment ou un autre de leur carrière. Pour Marie Oppret, benjamine du plateau, le réalisateur Jacques Demy et le musicien Michel Legrand occupent une place particulière, puisque c’est avec eux qu’elle a fait ses débuts, en incarnant Geneviève dans l’adaptation scénique des Parapluies de Cherbourg, où elle a croisé la route de Natalie Dessay. “J’ai eu l’immense chance de commencer aux côtés de Natalie dans Les Parapluies de Cherbourg où on jouait mère et fille”, se remémore la jeune comédienne et pensionnaire de la Comédie-Française avec bonheur. Une expérience qui l’a plongée “dans l’univers de Jacques Demy et sous la baguette de Michel Legrand”.
“Mon rôle dans ‘Les Parapluies de Cherboug’ sur scène a lié mes deux amours du théâtre et de la Musique.”
Marie Oppret décrit les deux hommes comme des “révolutionnaires”, Michel Legrand et Jacques Demy ayant réussi à “créer un style et leur propre essence ensemble”, ce qu’elle considère comme étant le propre de leur “génie”. Des chansons mémorables, où “le texte et la musique ne font plus qu’un”. La comédienne partage en effet avoir été étonnée de l’aisance de son apprentissage, réalisant “à quel point c’était ancré en [elle]». « J’ai appris par cœur très vite, car le naturel des mots était complètement lié à la musique. »
Les Misérables, au théâtre du Châtelet à Paris, du 20 novembre 2024 au 2 janvier 2025.
Un extrait des Misérables, ainsi que les performances de Natalie Dessay et Marie Oppret, à retrouver dans “42e rue fait son show” au studio 104.
Sweeney Todd, à retrouver jusqu’au 6 juillet 2025 à l’Opéra du Rhin, et Gypsy, à la Philharmonie de Paris du 16 au 19 avril 2025.
Une émission avec la participation de Laurent Valière, présentateur de l’émission France Musique “42e rue”.