Comment Macron a transformé un échec personnel en un désastre potentiel pour le pays – .

Comment Macron a transformé un échec personnel en un désastre potentiel pour le pays – .
Comment Macron a transformé un échec personnel en un désastre potentiel pour le pays – .
LUDOVIC MARIN / AFP Comment Macron a transformé un échec personnel en un potentiel désastre pour le pays (photo de Macron et Le Pen du 21 juin 2022)

LUDOVIC MARIN / AFP

Comment Macron a transformé un échec personnel en un désastre potentiel pour le pays (photo de Macron et Le Pen du 21 juin 2022)

POLITIQUE – Faites tapis avec une paire de deux. Le président Emmanuel Macron, qui se promenait dimanche après-midi au Touquet en blouson de cuir, lunettes d’aviateur et sourire, n’a pu que constater, quelques heures plus tard, l’écrasante défaite de son camp au premier tour des élections législatives. Le mouvement de dissolution au poker n’a pas fonctionné.

Pris en étau par le Nouveau Front populaire et le Rassemblement national, le camp présidentiel en est réduit à devoir faire barrage à l’extrême droite, sans possibilité de l’emporter le 7 juillet. Le nombre de députés Renaissance, Horizons et MoDem pourrait être divisé par deux tandis que le parti Le Pen peut viser la majorité absolue.

Un tableau très sombre, dressé également à la Une de la presse internationale, inquiète de la tournure des événements en France, qui doit tout, ou presque, à Emmanuel Macron.

L’échec des élections européennes

Retour au 9 juin. La campagne des élections européennes se termine dans un climat délicat pour la Macronie. Des « vents mauvais » nationalistes soufflent sur le continent, selon les mots du chef de l’État, et la candidate qu’il a désignée tardivement, Valérie Hayer, peine à rassembler son électorat pour contrer le Rassemblement national.

Aux urnes, le résultat est sans appel : la liste menée par Jordan Bardella a tout balayé sur son passage et a récolté 31 % des suffrages. Loin derrière, le camp présidentiel s’effondre à 14,5%, juste devant Raphaël Glucksmann. Pour le président, il s’agit d’un camouflet personnel à la hauteur de son engagement durant la campagne.

« Il pensait avoir renversé la situation. C’est le degré de déni. »

Convaincu de détenir la clé pour inverser la tendance, le locataire de l’Élysée a déployé de nombreux efforts pour éviter l’échec annoncé. Il a par exemple défendu sa vision européenne dans un discours de plus de deux heures à la Sorbonne, avant d’assister à un meeting de campagne à Dresde, en Allemagne. Sans compter ses nombreuses apparitions dans la presse. ” Jusqu’au bout Macron a cru qu’on allait obtenir entre 20 et 22% pour les européennes, et avec un candidat envoyé aux loges », confirme l’entourage de Gabriel Attal quelques semaines plus tard, « Il pensait avoir renversé la situation en s’impliquant. C’est le niveau de déni. Cruel.

Plutôt que de mobiliser ses troupes, le président de la République semble être tombé dans un triple piège. Il a éclipsé son candidat, répondu à la stratégie du Rassemblement National souhaitant faire de cette élection un référendum sur sa personne et, en fin de comptea alimenté un vote de rejet après sept ans au pouvoir. J’en ai reçu une à l’arrière de la tête.confirme-t-il, quelques semaines plus tard, dans un podcast mis en ligne avant les élections législatives.

Avec ce coup de bambou, Emmanuel Macron fait un coup de bélier. Une heure après la publication des premières estimations, dimanche 9 juin, il s’exprime dans une allocution solennelle et annonce qu’il dissout l’Assemblée nationale. Une éventualité qu’il avait fortement écartée durant la campagne. Chez ses partisans, comme en coulisses, le choc et la colère rivalisent avec cette décision aussi brutale qu’inattendue.

Dissolution mal comprise

Sur les réseaux sociaux, le photographe du chef de l’Etat a publié une série de clichés montrant les responsables du camp présidentiel l’air déconfit, en apprenant la nouvelle de la bouche du locataire de l’Élysée. Parmi eux, Gabriel Attal. Le Premier ministre, comme la présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet, n’ont été mis au courant de la dissolution que tardivement.

Dans la presse, les différents témoignages dressent le portrait d’une décision solitaire, encouragée notamment par une poignée de conseillers adeptes des coups politiques… Ce que Bruno Le Maire qualifierait de « cloportes ” lequel ” se cacher dans les rainures des parquets. » De son côté, le président se réjouit d’avoir lancé « une grenade avec la goupille tirée dans les jambes » de ses adversaires, selon une petite phrase qui Le monde lui attribue.

Une explication après la dissolution ? “En dehors d’une réponse psychologique, qui n’est pas politiquement satisfaisante, je ne vois pas”, L’entourage de Gabriel Attal nous le dit, encore dans le doute quelques semaines plus tard. En tout cas, l’ensemble laisse l’impression d’une légèreté coupable autour d’une décision pourtant dangereuse.

En réalité, même Marine Le Pen s’étonne encore de ce calendrier. “Quand vous avez une dynamique qui porte votre adversaire, vous n’encouragez pas cette dynamique”elle souligne dans les colonnes de Mondeaccueillant « Bénéficier de l’effet des élections européennes comme un président nouvellement élu profite des élections législatives qui suivent. »

Campagne contre la gauche

Dans ce contexte, la campagne la plus courte de la Ve République s’est déroulée dans un climat de tension et d’incompréhension. La macronie affiche ses doutes et tente tant bien que mal de prendre ses distances avec le président. Édouard Philippe l’accuse d’avoir « tué » la majorité, Gabriel Attal promet une nouvelle méthode, et les candidats macronistes effacent le leader de leurs affiches après lui avoir demandé, cette fois, de se taire. Comme une ambiance de fin de règne.

Coincé entre le RN (rejoint par Éric Ciotti et quelques troupes LR) et une alliance à gauche qu’il pensait impossible, Emmanuel Macron a alors tracé une ligne périlleuse : renvoyer dos à dos le Nouveau Front populaire et le parti lépéniste avec la même terminologie » extrême. »

Selon plusieurs témoignages, les stratèges de l’Élysée s’accorderaient même sur une consigne « ni LFI », « ni RN » au second tour des législatives, quitte à brouiller encore davantage les repères d’électeurs déjà incrédules face à ce grand bouleversement. Cet argument, développé depuis plusieurs jours, notamment dans les médias, risque de laisser des traces, à l’heure où le camp présidentiel change de ligne et semble prêt à faire barrage à l’arrivée de Jordan Bardella à Matignon.

Comment, en effet, peut-on demander à ses électeurs de voter pour un camp, celui de la gauche, après l’avoir raillé tout au long de la campagne ? Comment peut-on inciter les gens à déposer un bulletin dans l’urne qu’on décrivait naguère comme dangereuse ? Le président a peut-être cru en son duo, mais ses électeurs sont peut-être déjà couchés.

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