Au Jazz à Ajaccio, Leïla Olivesi et Rhoda Scott sont audacieuses et efficaces

Julie Saury (batterie) et Rhoda Scott (orgue Hammond), lors du festival Jazz in Aiacciu, au Théâtre de verdure du Casone, à Ajaccio, le 28 juin 2024. ALBERT SALADINI

Programmé au Théâtre de Verdure du Casone, Jazz in Aiacciu se distingue par son charme, son accueil, son souci du détail et la cohérence de sa programmation. Un modèle de diplomatie, de parité et d’équilibre. Quatre soirées (du 26 au 29 juin) pour faire le tour de la question : les nouveaux diplômés dont on parle, le saxophoniste ténor Léon Phal ; la saxophoniste londonienne Camilla George, dansant sur une corde raide entre afrobeat et hip-hop ; les vibrants Cubains en tournée (El Comité) ; la reine des scènes, Youn Sun Nah, en duo avec le pianiste et orchestrateur, Bojan Z ; final en beauté avec Goran Bregovic, le plus connu du genre balkanique, illustré par les films d’Emir Kusturica. En première partie, voici une tradition, le Chjami Aghjalesi, polyphonie (corse).

Deux demi-soirées condensent cette programmation de qualité : Astral de la compositrice Leïla Olivesi ; puis Madame Rhoda Scott et son Lady Quartet. Perfection des orchestrations, transgression des genres et des âges, plaisir des rythmes et des voix… Et, mine de rien, ce rappel sans effet de mode : le jazz a son histoire, et ces deux concerts la mettent en valeur.

Leïla Olivesi, née au Moulin d’Andé en Normandie, a joué avec toute la scène de son âge (du fidèle Jean-Charles Richard à Jeanne Added en passant par Magic Malik et Léon Parker). De père mauritanien et de mère corse d’origine marocaine, elle est la petite-fille d’une grand-mère qui a joué premier violon au Conservatoire de Paris. A la tête de son octuor, elle présente Astralla version live d’un album très célébré (2022), peaufiné avec soin pendant deux ans sur scène. Huit musiciens aux carrières personnelles, Baptiste Herbin (alto, flûte), Adrien Sanchez (ténor), Jean-Charles Richard (baryton et soprano), Quentin Ghomari (trompette et bugle), Manu Codjia (guitare), Yoni Zelnik (contrebasse), Donald Kontomanou (batterie).

Élégance raffinée

Il suffit de se demander : d’où vient l’autorité consentie de Leïla Olivesi ? Que représentent les séances de peaufinage et d’ajustement qui précèdent l’album et le concert ? Les hommages à Wayne Shorter (Wayne a quitté la ville), les poèmes insérés (du dragon), tout demande une écriture d’une subtilité, d’une élégance raffinée et aussi d’une audace assez étonnante.

Lire l’article (2023) : Leïla Olivesi nommée meilleure musicienne française de l’année par la Jazz Academy

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On entend l’amour des grands arrangeurs (Billy Strayhorn, Gil Evans, etc.), oui, mais peu importe : on entend la marque très rare d’une jeune femme qui se consacre à l’envie d’écrire et de renouveler son art. … Une jeune femme suffisamment convaincante pour embarquer huit voix, huit timbres, huit tessitures, huit personnalités dans son voyage. Leïla Olivesi écrit pour chaque timbre, chaque voix, elle les a en tête, et leur redonne leur liberté sur scène. Elle tient sa place dans la lignée des grands chefs d’orchestre, Mary Lou Williams, Carla Bley, Maria Schneider…

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