La réforme de la garde à vue satisfait les avocats et inquiète les policiers – .

La réforme de la garde à vue satisfait les avocats et inquiète les policiers – .
La réforme de la garde à vue satisfait les avocats et inquiète les policiers – .

Une avancée pour les avocats, un véritable motif d’inquiétude pour les forces de l’ordre : à partir de ce lundi 1er juillet, deux changements importants entrent en vigueur dans le déroulement des gardes à vue. Tout d’abord, aucune audience ne peut désormais commencer sans la présence d’un avocat. Par ailleurs, la personne gardée à vue peut aviser toute personne de son choix, y compris celles extérieures à sa famille.

« On va retarder le travail d’enquête en risquant que la personne puisse prévenir un de ses complices », déplore Frédéric Lauze, secrétaire général du syndicat des commissaires de police nationale. “C’est très bien de renforcer les droits de la défense car en garde à vue le pouvoir des policiers ou des gendarmes est très important”, répond Me Romain Boulet, coprésident de l’association des avocats pénalistes.

C’est pour se conformer aux dispositions européennes que la France a adopté, en avril dernier, une loi réformant la garde à vue, applicable à partir du 1er juillet. La première modification concerne la présence d’un avocat. Jusque-là, il y avait un délai d’attente de deux heures. Avant d’entendre la personne placée en garde à vue, la police a prévenu l’avocat. Mais si, au bout de deux heures, ce dernier n’était pas arrivé, les enquêteurs pouvaient commencer l’entretien.

Désormais, aucun interrogatoire ne pourra commencer sans la présence du défenseur. Si l’avocat commis d’office ne peut être présent dans ce délai de deux heures, la police devra contacter le bâtonnier pour obtenir la désignation d’un autre avocat commis d’office. “Comme c’est généralement permanent, il pourrait être disponible très rapidement”, dit Me Boulet.

« Beaucoup de choses peuvent se passer dans les deux ou trois premières heures. »

Certains policiers disent que l’avocat deviendra le « Maître des horloges »rien ne pouvant être fait avant son arrivée. « On entend aussi dire que les avocats vont volontairement ne pas venir tout de suite pour bloquer le travail de la police. C’est absurde. Notre intérêt est d’être au plus près de notre client le plus rapidement possible. Simplement, parfois, ce n’est pas facile de se libérer immédiatement pour l’avocat. Il peut être à une audience ou rendre visite à un autre client en garde à vue », souligne Me Boulet.

« Dans certaines enquêtes, il est parfois crucial d’interroger très rapidement la personne gardée à vue. Beaucoup de choses peuvent se produire au cours des deux ou trois premières heures. Si l’avocat tarde à venir, nous perdrons un temps précieux », says Frédéric Lauze.

Il existe cependant deux exceptions à la règle. La personne gardée à vue peut au préalable accepter d’être entendue sans attendre son avocat. Dans des circonstances exceptionnelles, le ministère public peut également donner son feu vert à l’ouverture de l’audience. Il peut prendre cette décision s’il estime que tout retard dans le début de la garde à vue peut compromettre la procédure ou mettre en danger la vie d’autrui.

Un droit à l’information élargi

L’autre controverse concerne la personne que l’accusé peut informer de sa garde à vue. Il faut noter que ce dernier ne fait pas cet appel directement. C’est le policier qui appelle la personne désignée pour lui dire qu’à partir d’une certaine heure, M. X ou Y sera placé en garde à vue.

Jusqu’à présent, l’accusé pouvait prévenir son employeur mais aussi, selon le code de procédure pénale, « une personne avec laquelle elle vit habituellement ou un de ses parents en ligne directe ou un de ses frères et sœurs ». Ce droit à l’information est désormais étendu puisque la personne gardée à vue empêche également « toute personne de son choix ». Ce qui, selon la police, pourrait permettre de prévenir un complice ou un autre individu impliqué dans l’affaire.

“C’est très grave car la personne ainsi prévenue pourrait très bien cacher des preuves, des indices ou faire pression sur des témoins”, estime Frédéric Lauze. « Si la personne contactée a réellement quelque chose à se reprocher, on voit mal le gardé à vue orienter les policiers sur sa piste », répond Me Boulet, ajoutant qu’avant de prévenir la personne désignée, les policiers ont 3 heures pour vérifier le profil de la personne concernée. Et là encore, le magistrat en charge de l’enquête peut décider que le proche n’est pas prévenu, ou qu’il l’est plus tard, s’il estime, par exemple, que des preuves peuvent être cachées ou des menaces proférées.

Mettre les avocats et les policiers « au même niveau »

Tout en saluant cette réforme, M. Boulet estime qu’elle ne va pas assez loin. « Il faudrait donner à l’avocat le droit d’avoir accès à l’intégralité du dossier lors de la garde à vue. Car aujourd’hui, vous pouvez certainement assister votre client et entendre les questions des policiers. Mais sans savoir quels éléments précis apparaissent dans la procédure, indique-t-il. «C’est un obstacle à la bonne défense d’une personne à un moment où elle est privée de liberté et parfois soumise à de fortes pressions de la part des enquêteurs.»

Le commissaire Frédéric Lauze estime que la réforme revient à mettre « au même niveau » l’avocat et la police. « Le premier est là pour défendre son client, mais on laisse croire que la police est là pour mener l’accusation et enquêter uniquement sur les éléments à charge. Ce qui est faux. La seule préoccupation de la police est d’élucider l’affaire, en enquêtant à la fois sur les preuves à charge et à décharge. S’ils découvrent que la personne détenue n’en est pas la cause, ils n’auront aucun problème à l’exonérer.

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV L’équipe française a anéanti les espoirs belges de se qualifier pour les quarts de finale.
NEXT La puissance conjointe de James-Webb et Alma révèle des étoiles jumelles en formation – .