dans les vignes de Château Palmer, les strip-teaseuses sont des jeunes des villes

dans les vignes de Château Palmer, les strip-teaseuses sont des jeunes des villes
dans les vignes de Château Palmer, les strip-teaseuses sont des jeunes des villes

Le soleil tape fort, Rayan taquine une nouvelle fois Billel sur la (supposée) supériorité des Lions de l’Atlas sur les Fennecs algériens. Dans les rangs des vignes du Château Palmer, troisième grand cru classé de Margaux, une douzaine de jeunes installés dans les immeubles de grande hauteur du cœur de Bordeaux éclaircissent les futures grappes de raisin. Depuis quatre ans, l’un des domaines emblématiques du vignoble bordelais collabore avec YounUs, l’académie de l’ancien basketteur professionnel Abdoulaye Ndiaye, œuvrant pour l’insertion des jeunes du Grand-Parc, un territoire où vivent plus de 8 000 habitants. vivre dans un « quartier prioritaire de la politique de la ville » (PQV), c’est à dire dans des conditions « difficiles » identifiées par l’État.

Un étrange rapprochement entre deux univers que rien ne prédestinait, a priori, à se rencontrer. « Ce sont deux mondes opposés qui se rencontrent, celui de la ville et celui de la campagne », explique Thomas Duroux, le directeur du prestigieux château, qui cultive ses raisins en biodynamie. « Ce projet est parti d’un double constat : nous avons de plus en plus de mal à recruter dans les vignes et nous aspirons à mieux nous connecter à notre territoire, nous qui sommes si proches de la métropole », poursuit-il. La propriété n’en est pas à son coup d’essai. Il y a plus de dix ans, elle avait tenté l’aventure avec un autre organisme d’insertion avant que cela ne dérape et n’arrête.


Ce mardi 25 juin, une trentaine d’ouvriers et d’agents de maîtrise du Grand-Parc se sont rendus sur l’appellation Margaux.

GUILLAUME BONNAUD/SO

Projet d’insertion

Avec YounUs, la collaboration est plus structurée. Les équipes de jeunes travailleurs sont accompagnées par un membre de l’académie, un « grand frère » payé comme les autres au SMIC, chargé de discipliner les troupes. Chaque matin, de fin mai à fin juin, un bus, affrété par le domaine viticole, venait chercher les volontaires à la taille verte au pied des tours à 6 heures. Une petite heure de trajet vers un contraste saisissant : les océans de vignes du Médoc et les splendides vieilles bâtisses en pierre, dont celle de Palmer, qui date du XVIIIe siècle.et siècle.

En ce mardi 25 juin, Rayan, lycéen au lycée Beau Rochas, continue de taquiner Billel. Pour la deuxième année, il a choisi de dépouiller les vignes de leurs feuilles et branches inutiles. Il fait également partie des 50 jeunes à posséder une empreinte géante de lui-même dans le quartier du Grand-Parc. L’exposition de l’artiste Henrike Stahl, lancée par Château Palmer en association avec la marque Leica et la Ville de Bordeaux, présentée jusqu’au 22 septembre, a mis en lumière le projet d’insertion. Jusqu’ici, le domaine médocain n’avait pas voulu communiquer, craignant, peut-être, d’être accusé de « social washing » (quand une entreprise se donne une image trompeuse de responsabilité sociale, NDLR).

« Nous avons de plus en plus de mal à recruter dans les vignes et nous aspirons à mieux nous connecter à notre territoire »

Ce matin de fin juin, 34 effeuillères et surveillants se dirigent vers l’appellation Margaux. Parmi eux, certains abandonnent au fil de la matinée. Trop chaud. « On leur a dit qu’il ne serait plus possible de venir les autres jours », regrette Sabrina Pernet, directrice technique du domaine. « Cela reste un chantier d’insertion, explique-t-elle quelques instants plus tard. On ne peut pas afficher les mêmes exigences que pour les saisonniers classiques. Mais tout accepter ne leur rendrait pas service non plus. On est aussi là pour leur montrer ce qu’est la vie professionnelle. »

Rassembler les valeurs

L’agriculture se heurte parfois à un public qui n’est pas encore familier avec la vie de salarié. Thomas Duroux avoue avoir pris « quelques gifles ». Au sens figuré bien sûr. Mais le réalisateur confie aussi de petites victoires. « Ce qui est assez cool, c’est de voir que le bouche-à-oreille fonctionne bien, confie-t-il. Certains en parlent à leurs frères et sœurs ou à leurs cousins ​​qui viennent travailler chez nous. » Il ajoute : « Ces jeunes ont des valeurs qui ne sont pas les mêmes que les nôtres, mais ils en ont. Notre ambition est de les faire converger, et cela prend du temps. » Il y a aussi de belles histoires, comme celle de Sofiane, resté un an sur le terrain et qui a finalement décidé d’intégrer la police nationale. « On était un peu vexés qu’il parte… » confesse Sabrina Pernet.


Chaque matin, jusqu’à fin juin, pendant un mois, un bus venait au Grand-Parc chercher des jeunes motivés à travailler dans les vignes Palmer.

GUILLAUME BONNAUD/SO

Élève à Gustave-Eiffel, en attente des résultats de son bac STMG, Reda ne sait pas encore s’il reviendra l’an prochain. En attendant, il s’est levé une nouvelle fois à 5 heures du matin. « C’est physique mais ça va se payer de belles vacances », sourit-il. Encore deux petites heures avant de reprendre le bus pour repartir en ville. Ensuite, « ce sera KO dodo tout de suite », avoue le lycéen. Non loin, Billel, 24 ans, le surveillant chargé de veiller sur son groupe, l’assure : « Avant, la motivation était plutôt limitée au quartier mais elle a grandi. » La direction de Château Palmer n’a pas exclu d’étendre le dispositif aux vendanges.

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV Léa Desandre, mezzo-soprano, se confie avant son passage au Festival d’Aix – .
NEXT Le Panama de Murillo en quarts de finale de la Copa America – .