L’insécurité alimentaire continue de croître au Saguenay-Lac-Saint-Jean – .

L’insécurité alimentaire continue de croître au Saguenay-Lac-Saint-Jean – .
L’insécurité alimentaire continue de croître au Saguenay-Lac-Saint-Jean – .

Dans son dernier rapport annuel d’activités, Moisson Saguenay-Lac-Saint-Jean, qui agit à titre de distributeur alimentaire au Saguenay et au nord du Lac-Saint-Jean, enregistre une augmentation de 44 % de la quantité de produits redistribués au 31 mars 2024.

« Si on regarde rapidement les chiffres, on voit que c’est en baisse par rapport à l’année dernière car à la même date en 2023, on était proche d’une augmentation de 60 %. Cependant, les augmentations se succèdent et s’accumulent. L’augmentation de l’aide alimentaire s’accentue. La situation reste critique », a immédiatement déclaré Yanick Soumis, directeur général de l’organisation.

Yanick Soumis, le directeur général de Moisson Saguenay-Lac-Saint-Jean, est maintenant épaulé par une directrice générale adjointe en la personne de Gabrielle Girard. (Sophie Lavoie/Le Quotidien)

Aux yeux de M. Soumis, plusieurs facteurs expliquent cette réalité persistante. « Même si l’inflation s’est stabilisée, les prix des loyers demeurent exorbitants dans plusieurs endroits. Conséquemment, les gens doivent dépenser plus d’argent pour s’assurer un toit. De plus, l’immigration, qu’on le veuille ou non, a augmenté. Cela ajoute aussi une pression supplémentaire sur les banques alimentaires. »

Avec moins d’argent à consacrer à la nourriture, de nombreuses personnes sont obligées de recourir aux ressources de dernier recours pour se nourrir. Cependant, ces cas, que l’on pourrait qualifier de plus « extrêmes », ne sont pas les seuls à tomber dans ce que l’on appelle l’insécurité alimentaire.

« L’insécurité alimentaire ne se résume pas simplement au fait qu’une personne ne soit plus en mesure de se nourrir. C’est aussi le fait que des personnes soient obligées de se priver d’un aliment particulier ou d’une catégorie spécifique d’aliments. Parfois, cela va même jusqu’à éliminer complètement cet aliment de leur alimentation. L’insécurité alimentaire peut aussi se traduire par les portions consommées. Si on réduit les quantités pour arriver à la fin du mois, c’est fini aussi. »

— Yanick Soumis, General Manager at Moisson Saguenay-Lac-Saint-Jean

Le panier d’épicerie de plusieurs Québécois a changé au cours des dernières années en raison de difficultés financières. (La Presse Archives)

Les déserts alimentaires

Dans les centres urbains, où les épiceries sont présentes à chaque coin de rue, la diversité ne manque pas en termes d’alimentation disponible. Or, lorsqu’on s’éloigne de la ville, comme dans le nord du Lac-Saint-Jean par exemple, la situation peut être complètement différente. Moisson Saguenay-Lac-Saint-Jean, qui a ouvert un nouvel entrepôt à Dolbeau-Mistassini en 2023, peut le constater de première main.

« C’est une réalité complètement différente en milieu rural. Déjà, les emplois de qualité se font plus rares. Il y a aussi plus de gens qui ont de sérieuses contraintes d’emploi. Donc, c’est compliqué pour plusieurs de se nourrir convenablement parce que les aliments restent à des prix comparables à ceux de la ville. De plus, il y a moins de variété. C’est une autre difficulté qui s’ajoute », explique Yanick Soumis.

Sans pouvoir s’engager sur des données précises, le directeur général de Moisson Saguenay-Lac-Saint-Jean a confirmé que la première année d’opérations à Saint-Jean avait été mouvementée. « Nous desservons toujours deux MRC du secteur, soit le Domaine-du-Roy et Maria-Chapdelaine. Disons simplement que de nombreuses organisations nous ont demandé notre aide lorsque nous avons officiellement démarré nos opérations. Les chiffres précis seront dévoilés en octobre 2024, mais je peux d’ores et déjà dire que l’aide que nous avons apportée a largement dépassé ce que nous attendions.»

Plus d’un million de kilos de denrées alimentaires ont transité par les entrepôts Moisson Saguenay-Lac-Saint-Jean pour l’année 2023-2024. (Sophie Lavoie/Le Quotidien)

Un contexte monopolistique injuste, une mentalité à changer

Plus de demandes d’aide alimentaire signifient nécessairement plus d’achats de nourriture à Moisson Saguenay-Lac-Saint-Jean. Malgré de nouveaux partenariats très intéressants avec des producteurs locaux, la majorité des produits redistribués par l’organisme proviennent de grandes chaînes alimentaires. Or, cette principale source d’approvisionnement est loin d’être idéale.

« L’industrie alimentaire canadienne est dominée par cinq grandes bannières. Elles ont un monopole. La concurrence est très limitée. Il y a différents joueurs qui s’impliquent de plus en plus. Je pense notamment à Dollarama et à Walmart. C’est bon pour les prix, mais ce n’est pas encore suffisant. Certains disent que c’est un vœu pieux de vouloir s’attaquer au problème qui est de nature structurelle. Je pense que c’est d’abord et avant tout la mentalité qui doit changer.

Lorsque M. Soumis parle d’un nécessaire changement de mentalité, il fait plus explicitement référence à la redistribution des richesses, qu’il juge encore déficiente. « Il faudra qu’un jour les grandes entreprises arrêtent de faire payer la facture aux consommateurs. Ils vont étouffer. Une approche sociale, qui s’éloigne un peu de l’actionnariat et de l’individualisme, ne nous ferait pas de mal collectivement. Mais nous sommes loin d’en être là. Il y a très peu de solidarité et la mobilisation est inexistante ou presque.

De toute façon, aucun secteur de l’économie n’est plus sensible que l’alimentation, a-t-il ajouté.

« Si les gens mangent mal, cela crée des problèmes de santé. Cela nous coûte cher en tant que société. Les gens qui sont moins bien nourris ont moins d’énergie. Ils sont moins productifs. Donc, même si nous décidons de garder une vision strictement capitaliste du problème, nous nous rendons compte qu’il y a un réel impact sous-jacent. Devrons-nous atteindre un niveau extrême de bassesse dans notre société pour que les gens réagissent ? »

— Yanick Soumis, general manager at Moisson Saguenay-Lac-Saint-Jean

Les producteurs agricoles locaux sont confrontés à une situation profondément inégale par rapport à leurs homologues internationaux. Les agriculteurs des autres pays ne sont pas tenus de respecter les mêmes normes de production, ce qui leur permet de vendre leurs produits moins cher sur le marché. (PHOTO LE PROGRESS, JEANNOT LÉVESQUE/PHOTO LE PROGRESS, JEANNOT LÉVESQUE)

L’éternel sous-financement

La lutte pour Moisson Saguenay-Lac-Saint-Jean, comme pour plusieurs autres organismes sociaux, demeure la même. Le financement, qu’il soit gouvernemental ou privé, ne suit pas la hausse qui se produit année après année.

« C’est triste, mais c’est la réalité à laquelle nous sommes confrontés. Pour la prochaine année, Moisson Saguenay-Lac-Saint-Jean aura besoin, selon nos prévisions, de 1,5 M$ pour répondre à la demande. Jusqu’à présent, nous n’avons que 700 000 $ d’assurés. Il va falloir se battre pour combler la différence. Nous n’avons pas d’autre choix que d’être créatifs », a ajouté Yanick Soumis.

Des projets de toutes sortes devraient être annoncés au cours de l’année par l’organisme à but non lucratif dont l’objectif est de lutter contre la précarité alimentaire. La participation des particuliers, mais aussi des gouvernements, devra être au rendez-vous, a conclu le directeur général. « Il y a toujours un élan de générosité pendant les fêtes avec les paniers de Noël. Ceci dit, les personnes en difficulté ne mangent pas qu’en décembre et janvier. La nourriture est un combat quotidien, tout au long de l’année.

 
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