Publié le 28 novembre 2024
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Puisqu’on sait que les pouvoirs publics français, toujours en tête du classement mondial pour leurs dépenses et prélèvements obligatoires, termineront l’année 2024 avec un déficit et une dette de respectivement 6,2% et 113% du PIB (soit environ 3 300 milliards d’euros). pour ces derniers) sans crise particulière justifiant un tel dérapage, les analyses avancent bien. A écouter Bruno Le Maire, ministre de l’Économie de 2017 jusqu’à tout récemment, on croyait que les comptes du pays étaient tenus et que Bercy avait sauvé la France pendant le Covid… D’où question lancinante : mais comment a-t-on pu en arriver là ?
La classe politique s’étant promptement et exclusivement jetée dans les impôts supplémentaires qu’elle pourrait extorquer aux riches contribuables et aux grandes entreprises pour redresser la situation, un certain nombre de commentateurs actifs dans la presse et sur les réseaux sociaux ont préféré examiner attentivement la partie « dépenses publiques » de l’équation budgétaire. Vous savez, cet aspect que tous les gouvernements promettent de réduire sans jamais initier le moindre mouvement en ce sens, sauf via la petite arnaque cousue de fil blanc de la réduction des dépenses « de tendance ».
Très vite, il est apparu qu’au sein des dépenses sociales, qui représentent à elles seules plus de la moitié des dépenses publiques françaises et 32,2% du PIB, les dépenses de retraite en représentent à leur tour près de la moitié, constituant ainsi le premier poste de dépense, soit 376 milliards d’euros et 14,2% du PIB. du PIB, comme l’indique le tableau ci-dessous pour l’année 2022. Au sein de l’OCDE, la France occupe la première et la troisième place (après la Grèce et l’Italie) pour les dépenses sociales et les dépenses de retraite par rapport au PIB.
Poids des dépenses sociales, y compris les dépenses de retraite, dans les dépenses publiques françaises en 2022 (Sources : PIB, dépenses publiques, dépenses sociales) :
L’affaire semble réglée : les retraites nous coûtent trop cher. De plus, elles sont injustes, car les cotisations payées aujourd’hui par les travailleurs et les employeurs sont nettement plus élevées que celles payées auparavant par les retraités d’aujourd’hui. Ce à quoi les retraités répondent qu’à leur époque, la durée hebdomadaire de travail était de 39 heures et qu’il n’existait ni RTT ni télétravail leur permettant de concilier au mieux travail, loisirs et obligations familiales.
Ce dialogue de sourds est malheureusement typique de la bataille que se livrent différentes catégories de citoyens pour accéder à la générosité de l’État. Ce qui, limité par le consentement à l’impôt et la capacité d’endettement du pays, prend de plus en plus la forme de pénuries à mesure que les systèmes sociaux entrent en déficit. Nous l’avons vu très clairement lors de la pandémie de Covid dans le contexte du système de santé et du manque de lits dans les services de réanimation. Il a notamment été question de refuser l’accès aux personnes non vaccinées ou de leur faire payer les soins en question, alors qu’ils avaient payé leurs cotisations sociales comme tout le monde.
Dans une démocratie représentative, la logique voudrait que ceux qui gouvernent soient responsables de leurs actes envers ceux qui sont gouvernés, et non que ceux-ci s’accusent les uns les autres des déficiences de ceux qui gouvernent dans une recherche néfaste de boucs émissaires. On voit néanmoins que lorsque l’État vient s’occuper de tout et de tous au moyen d’une redistribution financière qui se chiffre en centaines de milliards d’euros, la solidarité censée se répandre dans la société se transforme vite en concurrence âpre. entre citoyens, chacun cherchant à obtenir en priorité la meilleure part de la pénurie qui s’installe inévitablement.
C’était vrai hier de la querelle entre vaccinés et non vaccinés pour l’accès aux soins, c’est vrai aujourd’hui de la querelle entre actifs et retraités pour l’accès à de bonnes retraites et à un bon niveau de vie. Et on peut ajouter que cela est encore vrai de la querelle entre Français et étrangers pour l’accès à l’emploi et aux prestations sociales ou de la querelle entre fonctionnaires et travailleurs du privé pour l’accès à la sécurité de l’emploi, aux retraites les plus avantageuses et à la meilleure santé. remboursements. Etc.
Aussi, en réponse à la question posée en introduction, j’ai tendance à penser que si la France va mal, c’est d’abord dû au poids exorbitant de l’Etat français au sens large dans tous les domaines de l’existence des citoyens.
Pour s’en rendre compte, il suffit de constater que les dépenses publiques représentent actuellement environ 58% du PIB, que des sujets aussi importants et personnels que l’éducation, la santé et les retraites relèvent de monopoles d’État de plus en plus fragiles et que de nombreux autres secteurs (transports, énergie, agriculture, etc.) sont soumis à une folle inflation législative et réglementaire.
Ah bien sûr, les Français ne sont pas totalement étrangers à une telle structuration de leur vie économique et sociale. Une autre façon de répondre à la question introductive serait de dire que la grande majorité d’entre eux sont effectivement responsables de la descente aux enfers des comptes publics et, par extension, de leurs conséquences désastreuses sur la prospérité du pays, depuis qu’ils votent pour des décennies en faveur de gouvernements sociaux-démocrates de droite ou de gauche qui placent la redistribution bien au-dessus de la production, la préservation de notre glorieux modèle social l’exige.
Comme l’expliquait en son temps l’économiste et député Frédéric Bastiat (1801-1850), l’État n’est jamais que ” le grande fiction à travers lequel chacun essaie de vivre aux dépens de tous les autres. » Idem aujourd’hui, à travers les aides et subventions allègrement répandues dans la société par des politiques mi-idéologues, mi-clientélistes ; l’issue fatale étant que « les gens seront écrasé par les impôtsnous ferons prêt sur prêt ; après avoir épuisé le présent, nous dévorerons l’avenir. »
Cependant, en tant que contribuable, il est exaspérant de voir que nous devrons encore une fois absorber au prix fort les erreurs de la classe politique. D’ailleurs à quel moment passe-t-on des effets de volonté du peuple à ceux de l’incompétence mêlée de complaisance de dirigeants confortablement installés au pouvoir et bien trop sûrs d’eux à force de ressasser dans un langage automatique les mêmes lieux communs sur les beautés. de l’exception française ?
Plutôt que de résorber, une fois de plus, comme d’habitude, les déficits d’un modèle qui va vers sa ruine ; plutôt que de chercher à corriger ici et là, encore et encore, les incohérences générées par le système sans repenser le système dans son ensemble ; plutôt donc que tout ce que nous avons déjà fait mille fois sans succès, ne serait-il pas temps de redonner aux individus la faculté et la responsabilité de faire les choix qui les concernent directement et personnellement – leur travail, leur retraite, leur santé, l’éducation de leurs enfants, etc. – et laisser l’État responsable des seules protections de base, de certaines infrastructures et de tout ce que l’individu ne peut pas faire pour lui-même, à savoir la justice, la police et la défense ?
En d’autres termes : renforcer la souveraineté, briser les monopoles d’État et mettre un terme aux manies réglementaires, voilà la meilleure recette à appliquer aux Français « ça va mal ». Plus facile à dire qu’à faire, et si on le fait, ce ne sera pas sans douleur, mais les autres recettes, celles de « toujours plus »nous les connaissons et ils ne fonctionnent pas. La preuve, cet automne 2024.