l’essentiel
Après les violences commises par leur fils au collège Saint-Étienne de Cahors mardi, les parents expliquent que leur enfant est soigné pour un diabète. C’est son hyperglycémie qui aurait alimenté cette colère, ce que confirme son médecin du CHU de Toulouse.
Sur la table de la cuisine, une injection d’insuline, des appareils de mesure, des médicaments… C’est le quotidien de cet élève de 3e diabétique. Une maladie qu’il a découverte en 2020, pendant le confinement covid, et qu’il tente de comprendre et de gérer avec ses parents.
Pour eux, le déchaînement de violences de leur fils, mardi midi, au collège Saint-Étienne de Cahors, est lié à sa situation médicale et à un déchaînement émotionnel qu’il n’a pas réussi à contrôler. « Tout a commencé à la cantine. Il lui avait fait une injection d’insuline, mais visiblement le produit ne s’est pas bien répandu et son taux de diabète a continué à augmenter », raconte la mère de l’élève.
Le garçon a déjà mal à la tête. Lorsque l’altercation survient avec un ami qui vient d’écraser un kiwi sur son pantalon, sa colère explose. Pourchassé, bousculé, porte claquée, le collégien est hors de lui et trois adultes doivent intervenir pour le maîtriser, malgré les coups. Pendant ce temps, l’autre étudiant a trouvé refuge dans le bureau d’un membre du personnel de l’établissement où ils se sont enfermés pour se protéger. La direction parle d’une scène particulièrement violente qui a suscité une vive émotion au sein du collège.
“A ce niveau de glycémie, le risque est de tomber dans le coma”
« On nous a appelé pour nous dire que notre enfant était en crise et qu’il fallait venir, témoignent les parents. Quand nous sommes arrivés à l’école, notre fils était assis, mais quand j’ai vu son regard vide et qu’il tremblait, j’ai compris qu’il n’allait pas bien. Nous avons pris son taux de sucre dans le sang, son taux était proche de 5, alors qu’il aurait dû être compris entre 0,7 et 1,5 gr/litre de sang”, souligne-t-il. le couple qui parle d’une situation grave. « À ce niveau de glycémie, le risque est de tomber dans le coma, nous lui avons donc immédiatement fait une nouvelle injection d’insuline. Le proviseur nous parle de sécurité, de la peur et du choc qu’il a ressenti face à ces violences ; nous avons le sentiment que personne n’a pris en compte la maladie de notre fils et le danger qu’il courrait.»
« La maladie n’excuse pas tout, quand plusieurs personnes sont touchées »
«Quand un adolescent de près de 1,90 mètre fait preuve d’une telle violence, il faut pouvoir l’arrêter et le calmer. C’était la première chose à faire pour qu’aucun de ses camarades, ni lui-même ne soient blessés. Face à l’urgence, l’heure n’était pas de lui demander s’il avait contrôlé son diabète mais de l’arrêter”, déclare Annie Vidal, proviseure du collège privé de Cahors.
Entendant tenir compte de son état de santé dans les décisions qui seront prises pour cet étudiant, l’établissement prévient toutefois que « la maladie n’excuse pas tout, quand plusieurs personnes sont touchées et que les faits sont graves. L’autre élève avait très peur, ses parents étaient inquiets et il n’est pas venu en cours le lendemain.
Elle poursuit : « La psychologue est présente ce jeudi après-midi à Saint-Étienne. Le personnel et 6 étudiants ont demandé à la rencontrer. Le conseil de discipline se réunira en fin de semaine prochaine pour trancher »
Pour les parents, il y a eu une grave défaillance au sein de l’établissement
Pas question pour sa famille d’excuser le comportement agressif de leur enfant ce jour-là, mais pas question non plus de le culpabiliser davantage. « Nous nous sommes excusés, notre fils aussi, mais nous avions des gens qui ne comprenaient rien à la situation médicale. En plus, notre fils ne se souvient plus de tout. C’est la première fois qu’il est violent comme ça, qu’il fait une crise”, assurent ses proches qui ont immédiatement demandé un rendez-vous avec son diabétologue à l’hôpital Purpan où il est suivi. Ce jeudi, l’hôpital des enfants de Toulouse a adressé une attestation précisant : « L’hyperglycémie peut entraîner un changement de comportement chez l’enfant, comme de la colère, de la nervosité, de la violence qu’ils ne peuvent contrôler, du fait de l’action du taux de sucre dans le sang. du sucre dans le cerveau Or, ce jeune patient avait une glycémie très élevée de 4,59 g/l, ce qui signifie qu’il n’avait pas conscience de son comportement qui, à ce moment-là, n’était pas approprié. c’est un fait», constate le Dr Maëla Talvard.
Selon la famille du jeune, il y a eu un grave échec au sein de l’école. « A la rentrée de chaque année scolaire, ils disposent d’un PAI, un plan d’accueil individualisé établi par l’hôpital, qui prévoit notamment les mesures à prendre en cas de symptômes, comme appeler les pompiers. Pourtant, rien n’a été fait», dénoncent-ils, tout en précisant que leur avocat va adresser une requête au collège, plaidant la non-responsabilité de cet étudiant diabétique actuellement suspendu, mais qui risque l’exclusion. La famille assure qu’il est un bon élève et que cette 4ème année de scolarité à Saint-Étienne se passait bien jusque-là.