Un an après avoir été aidés par les parents lors de la grève des enseignants, certains d’entre eux se mobilisent pour redonner : ils organisent, au nom de tous ceux qui les ont soutenus, une grande collecte de fonds.
L’argent récolté sera remis aux Lutins de Saint-Vincent-Marie, un organisme de l’est de Montréal qui vient en aide aux enfants issus de familles défavorisées.
« Nous avons reçu un tel élan d’amour ! » raconte Elisabeth Bourassa, enseignante de deuxième cycle à l’école des Roseraies à Anjou. Nous souhaitions que cette grande chaîne de solidarité perdure. »
Le souvenir de moments plus difficiles pour tous les enseignants du Québec, il y a exactement un an, a donné envie à Mmoi Bourassa pour venir en aide à ceux qui traversent une situation financière difficile à l’approche des fêtes cette année.
« Durant ces cinq semaines de grève, nous avons vu des gestes de générosité incroyables de la part des parents et des commerçants du quartier », raconte-t-elle. Beaucoup d’enseignants se sont retrouvés avec un trou dans leur budget, certains pleuraient, d’autres étaient déprimés. Nous avons vu une communauté se serrer les coudes. »
Elle se souvient que grâce à la page Facebook d’Entraide pour les enseignants en grève, des centaines de donateurs ont été mis en relation avec des enseignants dans le besoin. Au total, près de 1 800 enseignants ont reçu une aide financière, notamment sous la forme de cartes cadeaux de supermarché.
« Nous avons reçu des dons d’enseignants retraités, de collègues d’écoles privées, d’anciens élèves. Je me souviens d’un monsieur qui disait qu’il avait eu une vie difficile et qu’il n’avait pas eu la chance d’aller à l’école. Il nous a remercié d’exister”, confie Mmoi Bourassa, avant d’ajouter : « Je crois que je vais me mettre à pleurer. »
Vague de solidarité
Maintenant que les choses vont mieux, l’enseignante de 48 ans, mère de deux jeunes adultes, met en place cette initiative de manière informelle et bénévole. Déjà, une vingtaine d’enseignants de son école et de l’école Albatros ont rejoint le mouvement.
On aimerait que ça fasse boule de neige. Je n’ai pas de montant cible en tête. J’aimerais simplement que le plus grand nombre possible d’enseignants se joignent à cette vague, et pas seulement ceux du territoire du centre de services scolaire de la Pointe-de-l’Île !
Elisabeth Bourassa, second cycle teacher at the Roseraies school, in Anjou
Elle et ses collègues lancent l’invitation à tous les enseignants du Québec, « tous ceux qui ont été touchés par la grève de l’an dernier », précise celle qui compte 20 ans d’expérience en enseignement.
Pour rappel : les 66 500 adhérents de la Fédération de l’enseignement autonome étaient en grève générale illimitée du 23 novembre au 28 décembre 2023.
Chacun a sa propre cause
Elisabeth Bourassa ajoute que chaque centre de services scolaire peut identifier un organisme communautaire de son territoire à qui faire des dons. De leur côté, elle et ses collègues ont choisi Les Lutins de Saint-Vincent-Marie, un organisme à but non lucratif qui offre des cadeaux et des pyjamas aux enfants dans le besoin pendant le temps des Fêtes.
Récemment, des cours de natation1 ont également été offerts par cet organisme.
« Nous avons choisi cette cause parce qu’elle apporte de la gentillesse aux enfants de notre quartier », explique M.moi Bourassa. Si tous les enseignants de notre centre de services scolaire font un don, nous ferons une grande différence pour les élèves de notre secteur. »
Et il n’y a pas de « petite somme », souligne-t-elle.
« C’est très personnel. Je sais que certains enseignants ne peuvent tout simplement pas donner, ils n’en ont pas les moyens. Mais ceux qui le peuvent, je les encourage à le faire. Il est temps d’être reconnaissant envers ceux qui ont été avec nous. C’est notre tour ! »
1. Lire l’article « Projet pilote : offrir des cours de natation en milieu défavorisé »