Le mystère Yves Godard, l’histoire criminelle se déroulant sur la Côte d’Émeraude

Pascal Bresson, qui a déjà scénarisé Les affaires Seznec, Dominici, Bugaled Breizh, n’a pas hésité lorsque les éditions Petit à Petit lui ont proposé de se saisir de l’affaire Godard. « D’autant qu’il a de nombreux liens avec Saint-Malo et que j’ai toujours été passionné par les questions pénales. »

Et pour cause : policier à Aulnay-sous-Bois pendant 14 mois, il « a été exposé au désespoir de Paris » avant d’accepter son premier contrat d’auteur.

Le Malouin a donc rassemblé une importante documentation, lu de nombreux articles sur Internet, complété son récit avec l’aide de la documentariste Béatrice Merdrignac, pour réaliser un ouvrage passionnant, illustré par Samuel Figuière.

Deux morts certaines

Yves Godard est un père de famille de 44 ans, médecin dans le Calvados, qui embarque sur un voilier de location avec ses deux enfants, Marius, 4 ans, et Camille, 6 ans, au port des Bas-Sablons, à Saint-Malo, le 1er septembre 1999.

Quelques jours plus tard, n’ayant pas restitué le bateau, une enquête a été ouverte sur une disparition inquiétante. Nous avons découvert une présence abondante du sang de sa femme dans sa maison ainsi que dans le véhicule qu’il avait laissé stationné au port des Bas-Sablons, après l’avoir nettoyé sur place.

A-t-il assassiné sa femme, dont le corps n’a jamais été retrouvé ? Un douanier de Saint-Malo l’a contrôlé sur le voilier Le Nick le 2 septembre, avant que l’alerte ne soit donnée. Il a été aperçu le lendemain dans le petit port de Bréhec (côte du Goëlo), en train d’acheter des gaufres pour ses enfants. Une longue recherche a été entreprise. Mais c’est au fond de l’eau que des marins ont repêché dans leurs filets, le 6 juin 2000, au large d’Erquy, un crâne d’enfant qui s’est avéré être celui de Camille. Puis, en septembre 2006, un fémur et un tibia appartenant au docteur Godard ressortent des eaux au large de Roscoff.

Les inquiétudes du docteur

Pascal Bresson a choisi de suivre un enquêteur, lieutenant de gendarmerie, pour raconter cette histoire de manière quasi chronologique. Elle se termine devant l’ancienne demeure de la famille Godard en 2019, lorsque l’auteur imagine le gendarme, aujourd’hui à la retraite, à la rencontre des nouveaux habitants, importunés par les curieux.

Comme il le fait dans ses nombreuses œuvres, le scénariste se met aussi « dans la peau du personnage », Yves Godard. Le médecin, se souvient-il, avait de nombreux problèmes : « Mariés depuis 1994, les Godard vivaient isolés. Le médecin, apprécié de ses patients mais adepte des médecines alternatives, était dans le collimateur du conseil de l’ordre et du fisc. Il avait des problèmes d’argent et son couple battait de l’aile. »

Une enfance à Saint-Briac

Nous n’avons jamais retrouvé le voilier de location. Yves Godard et ses enfants sont-ils morts dans un naufrage ? « C’est peu probable. C’était un navigateur expérimenté. Briacin, scolarisé à Dinan, où son père était psychiatre en chef à l’hôpital Saint-Jean de Dieu, il avait beaucoup navigué sur la Côte d’Emeraude », répond Pascal Bresson, pour qui cette affaire, bien qu’époustouflante, est « tristement banale.

Le médecin voulait sans doute disparaître avec sa famille, pour récupérer ses comptes cachés. Il aurait pu se disputer avec sa femme, la tuer à coups de marteau, la veille du départ. Peut-être a-t-il même emporté son corps dans un sac de planche à voile afin de s’en débarrasser en mer ? C’est peut-être aussi lors de sa fuite désespérée qu’il décide de saborder son bateau et d’entraîner Marius et Camille dans sa mort.

Un mystère dans le mystère

Mais le « cold case en eaux troubles », comme le qualifie Pascal Bresson, ne s’arrête pas là. La bande dessinée rappelle l’existence d’un ou plusieurs « corbeaux » dans ce drame. Il y a eu des lettres anonymes, dès octobre 1999, envoyant les enquêteurs sur l’île de Man, en mer d’Irlande, « où de nombreux témoins avaient effectivement vu Yves Godard et ses enfants ».

Et surtout, ces cartes d’identité et professionnelles, retrouvées intactes à Ébihens (Saint-Jacut-de-la-Mer) dès février 2001 et d’autres objets récupérés sur une superficie de 35 000 km2 sans aucune logique avec les courants marins. Un mystère dans le mystère, c’est aussi cela l’affaire Godard, racontée par cette bande dessinée.

Pascal Bresson dédicacera Disparus, l’affaire Godard, le samedi 13 juillet, de 15h à 19h, à la librairie La Momie, Saint-Malo intra muros.

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