Près de 5 millions d’euros : c’est la valeur marchande de cette saisie réalisée le 19 septembre par la brigade des douanes de Montpellier au niveau de Fabrègues. Le conducteur de la camionnette, de nationalité serbe, effectuait un transport entre l’Espagne et l’Allemagne. Jugé lundi 25 novembre, il a été condamné à deux ans de prison, le procureur de la République ayant requis une peine de 10 ans. Le parquet a fait appel.
En apparence, il s’agissait d’un fourgon à plateau muni de fenêtres. En réalité, le Ford Transit dissimulait dans une cache, sous sa cargaison, 120 kg de cocaïne conditionnés en 103 pains. Valeur marchande : 4 816 000 €, estimée par les douanes lors de cette saisie record sur l’autoroute A9, à Fabrègues près de Montpellier, le 19 septembre. Ce jour-là, la brigade locale était en patrouille lorsqu’elle repéra ce véhicule utilitaire immatriculé en Allemagne, qui leur parut suspect. .
Une poudre blanche apparaît après un exercice
Le chauffeur, de nationalité serbe, explique qu’il vient d’Espagne et se rend en Allemagne pour effectuer une livraison. Un si long trajet pour transporter six vitres : les douaniers trouvent cela étrange et décident de fouiller le véhicule. Le chien dressé à la recherche de stupéfiants marque immédiatement au niveau d’un évidement pratiqué sous la plaque, actionné par des vérins hydrauliques. Un foret sur la plaque de tôle, et une poudre blanche s’en échappe. Le chauffeur a été remis à la police judiciaire. Il est en possession de deux téléphones et de 1 000 € en espèces.
Lundi 25 novembre, suite à l’ajournement de son procès, ce père de quatre enfants, âgé de 47 ans, au casier judiciaire vierge, a été présenté devant le tribunal correctionnel de Montpellier pour importation, transport et détention de stupéfiants. Dans la boîte, il continue d’affirmer qu’il n’était pas “pas au courant” de la présence de cocaïne dans cette camionnette que son employeur lui avait confiée. De même, il a soutenu devant les enquêteurs qu’il ignorait l’existence de cette cache et son mécanisme.
Le procureur réclame dix ans de prison
“C’est difficile de croire qu’on permette à un salarié, embauché pour si peu de temps, de transporter ça et de parcourir autant de kilomètres sans qu’il ne se rende compte de rien”constate le représentant des douanes qui demande une amende équivalente à la valeur de la drogue saisie. Le procureur Alain Octuvon-Bazile partage cette analyse. Il note également que l’accusé « ne donne pas le code de déverrouillage de son téléphone, ni le nom de l’entreprise pour laquelle il travaille. Il semble plutôt aguerri. Il demande au tribunal de déclarer le prévenu coupable et de le condamner à dix ans de prison et à une interdiction de séjour sur le territoire français pendant cinq ans.
M.e Jean-Baptiste Mousset, l’avocat du conducteur serbe, souligne “l’exagération du procureur”qui demande « la pénalité maximale encourue, après avoir requis trois minutes. » Pour l’avocat, le 19 septembre “Les douaniers étaient très bien informés, ce n’était pas un hasard.” Il plaide les défauts de la procédure : “aucune enquête sur les téléphones, les contraventions d’autoroute.” Mais aussi, “pollution produite par l’interpellation des services”ce qui a empêché “prélever des échantillons sur le bouton (activation du cache, NDLR), les barres de cocaïne, etc.” Ainsi, “l’impossibilité de mener des enquêtes à décharge”.
“Esclave moderne”
Le procureur qualifie son client “chevronné” ? « Je connais peu de trafiquants qui, lors du transport de 120 kg de cocaïne, utilisent leur téléphone personnel, donnent leur véritable identité, ne tentent pas de fuir et ne montrent aucun signe d’inquiétude lors du contrôle, là où d’autres transpirent et avalent leur carte SIM ! Pour l’avocat de la défense, l’accusé est un « esclave moderne ». Il demande sa libération.
Après délibération, le tribunal présidé par Gilles Maschio a prononcé une peine très éloignée des réquisitions du procureur de la République : deux ans de prison avec maintien en détention et 120 000 € d’amende douanière. L’interdiction sur le territoire français est toutefois portée à dix ans. « Le tribunal a fait une lecture plus précise et détaillée du dossier »a réagi Me Mousset à la fin de l’audience. Le parquet a fait appel de la décision du tribunal le lendemain.