Le 31 octobre, France 3 diffusait un documentaire intitulé « Burn-out, le chemin de la guérison « . Aujourd’hui, on y verrait presque un signe prémonitoire.
Ce 19 novembre, la Société des journalistes (SDJ) de la rédaction nationale de France 3 s’est entretenue avec Alexandre Kara, directeur de l’information à France Télévisions, Muriel Pleynet, directrice de la rédaction nationale, et Audrey Guidez, directrice des ressources humaines de informations, après que des journalistes se sont plaints de mauvais traitements. Une semaine plus tard, le 26 novembre au soir, les syndicats SNJ et SNJ-CGT de France Télévisions adressent à la direction éditoriale un droit d’alerte.
« Ce n’est pas le premier que nous déposonsexplains Georges Pinol, union delegate of SNJ-CGT France Télévisions, nous en avons déjà envoyé une dizaine ». Mais aujourd’hui c’est différent, nous prouvons que cette violence est systémique avec nos nombreux témoignages », dit-il avec un peu d’espoir.
Parmi ces témoignages figure celui de Philippe (prénom modifié) : « France Télévisions est devenue un abattoir. » il résume. « J’ai parcouru la planète, les théâtres de guerre, puis du coup, on m’a mis au placard, seulement bon à faire des micros de trottoir. C’est incroyablement violent « . Cette « maltraitance collective », pour reprendre les mots de Georges Pinol, remonte à plusieurs années.
Reproduction des élites après la fusion
Un tournant a eu lieu, entre 2015 et 2017, lors de la fusion des rédactions de France 3 nationale et de France 2. » Les deux antennes avaient des lignes éditoriales très différentes, et lors de la fusion, France 2 a en quelque sorte englouti France 3. », résume le délégué syndical. “ La grande majorité des rédacteurs en chef sont issus des rangs de France 2, et une politique de reproduction élitiste s’impose au sein de la rédaction commune. ».
Malgré les différentes mises en garde lancées par les syndicats, de nombreux anciens journalistes de France 3 continuent de payer les conséquences de cette fusion, et décrivent un réel malaise au travail.
Pour Serge Climino, délégué syndical SNJ, cette procédure vise à « mettre en avant ce qui est dénoncé depuis des années, à savoir la souffrance au travail causée par un casting insupportable qui porte préjudice aux professionnels et aux humains derrière. » Carmelle, journaliste de la rédaction souhaitant rester anonyme, s’exprime « humiliation, déclassement, infantilisation et maltraitance « . Elle déclare « être traité comme un journaliste de seconde zone ».
Comme première réponse à ce droit d’alerte, la directrice des ressources humaines de l’information, Audrey Guidez, a convoqué les syndicats, jeudi 28 novembre, dans l’après-midi. Mais la suite reste pour l’instant floue : la direction peut proposer une enquête conjointe avec les syndicats, une expertise réalisée par un cabinet indépendant, ou toute autre solution.
De leur côté, les syndicats espèrent « un aperçu des pratiques avec un audit. » Et Serge Cimino va encore plus loin : « en plus de vouloir que la direction assume sa responsabilité dans cette souffrance, la question de sa continuation va se poser. »
Ce climat au sein de la rédaction de France Télévisions est inquiétant. Les sentiments de mal-être au travail, de burn-out, de confinement des salariés, font écho à la fameuse « crise suicide » chez Orange en 2008-2009, dont Delphine Ernotte, PDG de France Télévisions depuis 2015, était alors en charge. Pour l’instant, ce mouvement de contestation ne devrait pas impacter les programmes des chaînes du groupe.
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