Ces coiffeurs bénévoles sont dépassés par la crise de l’itinérance à Montréal

Ces coiffeurs bénévoles sont dépassés par la crise de l’itinérance à Montréal
Ces coiffeurs bénévoles sont dépassés par la crise de l’itinérance à Montréal

Les bénévoles du salon de coiffure Accueil Bonneau sont plus que jamais débordés par le nombre de personnes en situation précaire qui cherchent une coupe de cheveux gratuite. Les gens peuvent attendre jusqu’à trois mois avant d’obtenir une place.

Axel Tardieu/Agence QMI

« Il y a parfois des disputes à cause du nombre réduit de places », constate Aladin. Cet étudiant en situation précaire a attendu trois heures pour se faire couper les cheveux gratuitement.

Il a tenté d’obtenir un rendez-vous à quatre reprises en trois mois, mais il s’est toujours retrouvé sur la liste d’attente de ce salon de coiffure ouvert uniquement le jeudi. Les deux coiffeuses bénévoles ne peuvent prendre qu’une dizaine de clients par matinée.

A 11h30, la patience d’Aladin paie enfin : c’est à son tour de partir. « Une belle coupe de cheveux, ça aide », dit-il. « Je suis en train de chercher un emploi. Si je me fais couper les cheveux, j’aurai plus de chances d’être accepté par les gens.


Photo Axel Tardieu

Aladin est étudiant à Montréal.

L’étudiant marocain de 22 ans ne peut travailler que 20 heures par semaine en raison des restrictions de visa, dit-il. Après avoir payé son loyer et ses courses, il ne peut pas se permettre de se faire couper les cheveux dans un salon payant.

Aladin est assis sur la chaise de Nathalie Kohler, fier d’être ici coiffeur bénévole depuis trois ans. Son salon est toujours plein. Ce service gratuit est rare à Montréal. Le trafic crée souvent des frustrations pour les utilisateurs et pour elle.

« Ceux qui sont en première ligne, on va pouvoir les prendre, mais le reste, on ne pourra pas, déplore Nathalie Kohler. On a un sentiment d’impuissance, on aimerait faire plus, mais la demande est trop grande. »

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Trouvez votre dignité

Pourtant, elle sait à quel point une nouvelle coupe de cheveux représente quelque chose pour ces hommes et ces femmes. Une population fragile qui se retrouve parfois devant un entretien d’embauche qui peut changer le cours de leur vie.


Photo Axel Tardieu

Nathalie Kohler est coiffeuse bénévole depuis trois ans.

« Ils se sentent plus beaux, plus présentables, plus fiers. Cela change leur image et la façon dont ils se sentent intérieurement », explique le coiffeur.

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Être moins jugé

Serge Thibeault vit dans un logement à loyer modique à côté, dans le Vieux-Montréal. Il vient tous les jours à l’Accueil Bonneau pour manger, mais ce matin, c’est pour se faire couper les cheveux.

« C’est plus joli dans la rue quand on n’a pas les cheveux longs et une grande barbe », admet-il. « Vous obtenez moins de regards, moins de jugement. »


Photo Axel Tardieu

Serge Thibeault vient à l’Accueil Bonneau pour économiser sur ses repas.

La demande est telle que l’Accueil Bonneau serait prêt à ouvrir le salon deux fois par semaine au lieu d’une, mais il manque de coiffeurs bénévoles.

« C’est un vrai besoin. On pourrait le faire mardi et ce serait tout aussi réussi», confirme Tristan Badard, coordonnateur des services bénévoles de l’établissement.

Plus de 500 personnes bénéficient chaque année des services gratuits de coiffure de l’Accueil Bonneau.

 
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