A Paris, les soignants surmontent la peur et se mobilisent contre l’extrême droite – .

A Paris, les soignants surmontent la peur et se mobilisent contre l’extrême droite – .
A Paris, les soignants surmontent la peur et se mobilisent contre l’extrême droite – .

TnotreTournée Tour à tour, par vagues, la peur, la colère et le réconfort ont traversé l’assemblée des soignants réunis, jeudi 27 juin 2024, dans un amphithéâtre de la Pitié-Salpêtrière à Paris.

D’abord, la peur. Celle de Kendrys Legenty, étudiante en médecine et fondatrice de La fabrique des soignants, qui diffuse des émissions sur les métiers de la santé : « Aujourd’hui, j’ai peur. J’oscille entre tétanie et révolte. J’ai peur que les droits des patients soient effacés, j’ai peur des conséquences de la couleur de ma peau, et je suis loin d’être la seule. »

La mobilisation des soignants le 27 juin à Paris contre l’extrême droite. © Caroline Coq-Chodorge / Mediapart




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L’infirmière du centre hospitalier de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) Yasmina Kettal, qui travaillait aux urgences au plus fort du covid, a insisté sur le sort de tous les personnels soignants, si l’extrême droite arrivait au pouvoir : « C’est dur d’être la dernière main maltraitante, ça vous fait du mal. » Si l’aide médicale d’État était supprimée, si les agences régionales de santé étaient supprimées et si le système de santé était géré par un préfet délégué à la santé – certaines des propositions du Rassemblement national (RN) – alors « Comment les malades seront-ils triés ?se demanda-t-elle. « Où s’arrêtera-t-on ? Quand les patients arriveront à l’hôpital en urgence, et coûteront finalement plus cher, que fera-t-on ? Les laissera-t-on mourir ? »

On y retrouvait toute la diversité des métiers de la santé : des infirmières auxiliaires aux professeurs de médecine, des médecins généralistes des centres de santé aux médecins humanitaires, des étudiants en médecine aux cadres de santé aguerris. Hommes et femmes, personnes racisées et non racisées, Français et étrangers, de tous âges. Cependant, il régnait un sentiment de convivialité dans cet amphithéâtre, les participants ayant la même éthique du soin profondément ancrée dans leur corps et des convictions politiques similaires.

Que pense l’hôpital plus largement ? “On a des retours de soignants qui ne comprennent pas ce qu’on fait, c’est violent, explique Antoine Pelissolo, chef du service de psychiatrie de l’hôpital Henri-Mondor de Créteil (Val-de-Marne), également membre du Parti socialiste (PS). Mais on en voit aussi certains qu’on n’aurait pas soupçonnés de vouloir s’impliquer, et qui sont pris aux tripes. »

Peur de tout perdre

Dans les couloirs de l’hôpital Saint-Louis à Paris, l’aide-soignante Corinne Jac constate que « Les gens évitent le sujet pour éviter les conflits. Mais [elle] ne voit pas[t] je ne crois pas qu’il y ait beaucoup de votes RN » : « La diversité est notre force. Je leur dis d’aller voter, sinon le 8 [juillet]nous sommes tous dans une pirogue en direction je ne sais où. »

Corinne Jac, aide-soignante à l’hôpital Saint-Louis à Paris. © Caroline Coq-Chodorge / Mediapart




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Des questions honteuses il y a quelques jours sont devenues urgentes : ” Je suis françaisrépond Corinne Jac, ma famille vient de la Martinique. Je suis un bébé de l’hôpital public, nous sommes soignantes de mère en fille. » Puis elle montre sa peau : “Je suis noir!” Et elle parle de son service aux urgences la veille, aux côtés d’un “Médecin tunisien”. “Il est paniqué, ce n’est pas normal.”

Cette peur de tout perdre est quelque chose que les praticiens diplômés hors Union européenne (Padhue) ont depuis longtemps. « Malgré toutes les promesses, il faut se battre pour qu’ils gardent leur titre de séjour », s’agace Antoine Pelissolo, chef du service de psychiatrie à l’hôpital Henri-Mondor. Il ne veut pas croire que le RN irait plus loin : « Sans tous ces soignants étrangers, le système de santé va s’effondrer. La population serait furieuse. »

« Nous sommes confrontés à des situations humaines difficileshowever, warns Jean-François Corty, president of Médecins du monde. Nous devons les documenter. Et nous devons lutter pour que les soignants ne soient pas criminalisés.

Vient ensuite la colère, celle d’Olivier Milleron, cardiologue à l’hôpital Bichat à Paris : « Comment est-il possible, après le Covid, que le débat sur la santé se réduise à l’aide médicale de l’État, qui représente 0,5 % des dépenses de santé ? Nous avons été dévorés par des gens sur les plateaux de télévision qui colportent des idées nauséabondes. Cette assemblée doit être le début de quelque chose… »

Les soignants présents sont tous signataires d’une tribune publiée par Ouest de la Francesous forme de profession de foi : « Le droit fondamental à la santé, inscrit dans notre Constitution, est au cœur de notre pacte républicainils écrivent. La santé est un droit humain fondamental et un pilier de la cohésion sociale. Toute politique discriminatoire visant à restreindre l’accès aux soins de certaines populations constitue une atteinte à ces principes. Prendre soin de chacun, c’est préserver la santé de tous : ce principe essentiel de notre métier ne peut être oublié.

Plus de 5.000 personnes l’ont déjà signé, parmi lesquels le président de Médecins du Monde Jean-François Corty, le président de la commission médicale d’établissement de l’AP-HP Rémi Salomon et Bruno Riou, doyen de la faculté de médecine de Sorbonne-Université.

Dans l’assistance, nombreux sont ceux qui reçoivent des confidences inquiètes de patients. La médecin généraliste Aurélie Sautereau, qui exerce au centre de santé de Saint-Denis, explique que certains refusent les arrêts de travail qu’elle veut pourtant leur prescrire : « Ils ont peur de ne jamais être régulariséss’ils prennent un congé de maladieCe sont des ouvriers d’entretien, des ouvriers du bâtiment. »

Sylvie Le Gac, responsable de santé à l’hôpital Bichat dans un service qui accueille des personnes séropositives, déclare « la crainte que les associations avec lesquelles [elle] les travaux sont privés de budget, la peur pour [ses] Les patients migrants, les homosexuels, les trans. Tous sont menacés par le RN. Cela ne doit pas arriver..

 
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