Les faux-semblants du Rassemblement National contre l’antisémitisme

Paris, le 24 juin 2024. Conférence de presse de Jordan Bardella qui présente son programme // Eric Ciotti et Marine Le Pen CYRIL BITTON / DIVERGENCE FOR “LE MONDE”

Des décennies d’antisémitisme ne peuvent être effacées d’un trait de plume. Une semaine après que Marine Le Pen a publié une tribune le 22 juin dans Le Figarooù elle prétend ne pas avoir « jamais toléré » D’idées antisémites ou révisionnistes au sein du Rassemblement national (RN), l’entourage du leader d’extrême droite s’étonne que le texte n’ait pas eu d’écho. “Même les médias qui nous aiment n’en ont pas parlé”, souffle Louis Aliot, maire de Perpignan et artisan du rapprochement du Front national (FN, devenu RN) avec la communauté juive. La déception est à la mesure de l’effort écrit déployé par la triple candidate à la présidentielle, prête à réviser le passé de son parti d’extrême droite pour s’imposer comme « meilleur rempart » contre l’antisémitisme.

Si Marine Le Pen justifie la publication de cette tribune par l’explosion des actes antisémites, qu’elle « attribue à un antisémitisme communautaire et de gauche qui imprègne la société partout »l’ancienne députée du Pas-de-Calais cherche avant tout à faire oublier celui qui a longtemps été infusé dans son parti par la bouche de son père, Jean-Marie Le Pen. Et qui est considéré, en interne, comme l’ultime ” verrouillage “ de l’entreprise de « dé-diabolisation » d’un mouvement qui, cofondé en 1972 par d’anciens collaborateurs et membres de la Waffen-SS, peut espérer pour la première fois accéder au pouvoir, grâce aux élections législatives du 30 juin et le 7 juillet. « Les dirigeants du RN ont compris la portée de ce marqueur. Ils ont compris qu’un parti ne pouvait pas accéder au pouvoir en se déclarant antisémite. »résume Valérie Igounet, historienne spécialiste de l’extrême droite.

Depuis 2011 et sa prise de contrôle du FN, Marine Le Pen n’a jamais dérogé à une double stratégie : pointer la responsabilité de la gauche et ses liens présumés avec l’islamisme dans les actes antisémites ; se distancer des membres de son parti dont les propos ou les gestes sont susceptibles de ternir son image. « Jamais, au grand jamais, je n’ai toléré dans mon mouvement la moindre compromission avec des idées antisémites ou révisionnistes », jure-t-elle dans sa tribune. Si Marine Le Pen, comme elle ne cesse de le rappeler, a suspendu du FN en 2015 son propre père – condamné six fois par la justice pour propos antisémites (1969, 1986, 1991, 1993, 1999, 2012) –, certains les gens de son parti continuent de faire ce genre de commentaires encore aujourd’hui.

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