Quand Les Paccots servaient de plaque tournante au trafic international d’héroïne – rts.ch – .

Quand Les Paccots servaient de plaque tournante au trafic international d’héroïne – rts.ch – .
Quand Les Paccots servaient de plaque tournante au trafic international d’héroïne – rts.ch – .

Les habitants des Paccots ne s’en sont toujours pas remis: dans les années 1980, une bande criminelle se livrait au trafic international d’héroïne depuis un chalet du village, transformé en laboratoire clandestin. Avec son démantèlement en 1985, la Suisse a compris qu’elle n’était pas épargnée par un trafic de drogue organisé à l’échelle mondiale.

Le soir du 11 novembre 1985, la police fribourgeoise prend d’assaut un chalet du paisible village de Paccots. Baptisé « L’Armailli », ce bâtiment à l’apparence des plus ordinaires recèle un laboratoire clandestin de transformation de la morphine base du Liban en héroïne destinée au marché américain.

Les agents ont découvert 10 kg de drogue presque pure. Pour les narcotiques suisses, il s’agit d’une saisie record. Au total, quelque 300 kilos de stupéfiants ont quitté cette usine. Deux jours plus tard, le journal télévisé de la TSR saluait une « belle opération menée avec les polices française et américaine ». L’opération « a permis de démanteler l’énorme réseau d’héroïne du clan Benevento aux Etats-Unis ».

Des trafiquants de stature internationale

Outre cette saisie historique, les forces de l’ordre ont arrêté six trafiquants dans toute la Suisse. Parmi eux figurent quatre figures du crime organisé français, certains membres de French Connection, un réseau de trafic d’héroïne entre les Etats-Unis et la France.

«Aucun des policiers présents ne s’attendait à interpeller des personnes de ce calibre», a déclaré à Couleurs Locales Michel Genoud, ancien inspecteur de la Brigade des stupéfiants de Fribourg et personnage clé de l’enquête.

>> Ecoutez le traitement de l’affaire dans le Journal du Soir de l’époque :

Un laboratoire d’héroïne aux Paccots ! / Journal du soir / 20 min. / 13 novembre 1985

Ces gangsters sont Philippe Wiesgrill, un chimiste de renommée mondiale, Charles Altiéri, un homme de main qui a gravi les échelons du grand banditisme marseillais, et Jean Guy, un patron nîmois. Mais c’est un quatrième homme qui va attirer l’attention : François Scapula.

« Il a une personnalité indépendante et est lié à la French Connection à Marseille pour gagner de l’argent. Mais apparemment, ce n’est pas du tout un homme de gang», décrit le journaliste indépendant Jean-Brice Willemin.

>> A lire aussi sur le sujet : De l’héroïne aux Paccots

Informateur de la police

Dans cette affaire, il joue le rôle de cerveau, mais aussi d’équilibre. Il est présenté comme celui qui a vendu son complice, Charles Altiéri, pour l’assassinat du juge d’instruction Pierre Michel, magistrat antimafia tué à Marseille quelques années plus tôt.

François Scapula livrera également des informations sur le clan américain Benevento. « Il a estimé qu’il pourrait être utile de se mettre en statut de repenti », explique Jean-Brice Willemin. Charles Altiéri, lui, avouera sa participation au meurtre du juge Michel lors de l’enquête fribourgeoise, avant de se rétracter.

Le 11 novembre, la police arrête également deux petits Fribourgeois : Oscar H., le coursier, et Marcel Z., alors âgé d’une soixantaine d’années, qui avait organisé l’implantation dans le village des Préalpes. La bande avait choisi de s’installer aux Paccots en raison de la tranquillité qui y règne.

Un procès sous haute surveillance

Le procès – inhabituel – s’ouvre le 20 octobre 1987. Le tribunal pénal est installé pour l’occasion dans la caserne militaire de Poya, à Fribourg, protégée par un important dispositif de sécurité. Les autorités craignent des représailles du crime organisé.

François Scapula, Philippe Wiesgrill et Charles Altiéri seront condamnés à 20 ans de prison, les autres écoperont d’une peine plus légère. Les membres de la « Dzodzet Connection » feront encore parler d’eux pour plusieurs évasions.

>> Images du verdict du retentissant procès de la bande des Paccots :

Verdict du procès de l’affaire Paccots / Télé Journal / 2 min. / 27 octobre 1987

Zone d’ombre

La plus retentissante de ces évasions, d’abord tenue secrète, a été rendue publique en 2001, un an après les faits. Le quotidien La Liberté rapporte l’évasion de François Scapula, qui craignait une extradition vers la France. L’homme, qui avait fourni des informations aux polices des deux côtés de l’Atlantique, craignait d’être reconnu – et liquidé – par la communauté.

De la bande des Paccots, seul celui que l’on surnomme désormais « Scapu la Balance » reste aujourd’hui introuvable. A-t-il, en réalité, été extradé vers les États-Unis pour y vivre sous protection en raison de sa collaboration avec la justice ? Vit-il plutôt en fuite ? Où est-il mort? Le mystère demeure.

Sujet télé : Hannah Schlaepfer

Adaptation web : Antoine Michel

 
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