Les accusations d’antisémitisme contre LFI ont empoisonné la campagne de la gauche

Jean-Luc Mélenchon, le leader de La France insoumise, lors d’un meeting à Lille lors de la campagne des élections européennes, le 18 avril 2024. FRANCOIS LO PRESTI / AFP

C’est un poison lent, distillé goutte à goutte, qui a fini, au fil des mois, par désorganiser la gauche en vue des législatives des 30 juin et 7 juillet. Dans cette campagne express, les accusations d’antisémitisme contre La France Insoumise (LFI) mettent à mal le Nouveau Front populaire (NFP). Plus d’un siècle après l’affaire Dreyfus, qui avait ancré la gauche dans la lutte contre l’antisémitisme, voilà ses dirigeants sur la défensive, contraints de se justifier. « Trois de mes arrière-grands-parents sont morts dans les camps et mes deux grands-parents sont des survivants de l’Holocauste. Croyez-moi, je ne soutiendrais pas le Nouveau Front Populaire si j’avais le moindre doute qu’il y avait une forme d’antisémitisme de ce côté-là »» a martelé le sénateur communiste de Paris Ian Brossat, le 26 juin, sur CNews.

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La nouvelle alliance de la gauche souffre de plusieurs propos problématiques de Jean-Luc Mélenchon, le leader de LFI, depuis l’attentat terroriste du Hamas en Israël, le 7 octobre 2023, qui ont réactivé les accusations d’antisémitisme à son encontre.

Le 18 avril, lors d’un meeting à Lille lors de la campagne des élections européennes, le leader de LFI a par exemple fait un parallèle entre le président de l’université de Lille et le nazi Adolf Eichmann. Une référence au responsable de la logistique de la solution finale mise en place par le régime nazi susceptible de « banaliser la Shoah »avait fustigé le Réseau d’action contre l’antisémitisme et tous les racismes, un collectif de citoyens de gauche. Le 2 juin, M. Mélenchon écrivait sur son blog : “L’antisémitisme reste résiduel en France”minimisant de facto un fléau qui explose depuis le 7 octobre. Nouvelle vague de critiques.

« Symptôme d’une crise majeure »

Chaque fois qu’il a été appelé à s’expliquer, M. Mélenchon s’est vigoureusement défendu de faire des commentaires “anti-Or”comme le dénoncent ses opposants. « Je n’ai rien à voir avec le racisme, je n’ai rien à voir avec l’antisémitisme, ça suffit maintenant »a-t-il répété, le 22 juin, sur France 5. Tout cela n’est qu’un prétexte pour dire que La France insoumise est une organisation antisémite, afin de favoriser le vote du Rassemblement National. »

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C’est ce contexte brûlant qui a contraint les partis de gauche, embarqués dans une nouvelle coalition, à examiner leur conscience et à donner des assurances à des électeurs désorientés. Tête de liste du Parti socialiste (PS) et Place publique aux élections européennes du 9 juin, Raphaël Glucksmann, victime de violentes attaques antisémites pendant la campagne, en a fait l’une des conditions de son soutien au Nouveau Front populaire. . “Nous en avons parlé parce qu’il y avait un problème de minimisation de l’antisémitisme”il a justifié à la Mondeen marge d’un déplacement à Marseille, le 19 juin. « Dans l’histoire de France, lorsque la « question juive » revient dans le débat public, elle est le symptôme d’une crise majeure de la République »assène Christian Picquet, membre du comité exécutif du Parti communiste français (PCF), au cœur de ces discussions entre partis de gauche.

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