Dans les couloirs de l’Hôtel de Ville de Paris, on attend avec impatience la publication des décrets d’entrée en vigueur de la loi Le Meur, dite loi « anti-Airbnb ». Grâce à la nouvelle législation, le prochain Conseil de Paris, prévu en décembre prochain, pourrait approuver le passage de 120 jours à 90 jours maximum pour louer sa résidence principale dans la capitale. Paris reste l’une des grandes villes européennes avec une très forte concentration de meublés de tourisme : plus de 21 pour 1 000 habitants.
Partout sur le continent, le même reproche revient sans cesse à l’émergence de plateformes comme Airbnb : le tarissement des offres de location classiques pour les résidents. Chaque ville concocte sa propre stratégie pour réguler le marché.
Barcelone sonne le glas d’Airbnb
La ville de Barcelone a sorti l’artillerie lourde contre Airbnb. En juin 2024, le maire de la capitale catalane, Jaume Collboni, annonçait vouloir une interdiction pure et simple des meublés de tourisme d’ici 5 ans. Selon lui, la présence d’Airbnb à Barcelone, couplée au surtourisme, aurait complètement déréglementé le marché locatif traditionnel. Depuis 2014, le loyer moyen d’un appartement est passé de 702 euros à 1 193 euros en 2024, selon les autorités catalanes, soit une augmentation de près de 70 %. Pour se protéger, Barcelone avait déjà serré la vis à plusieurs reprises. Depuis 2017, la municipalité n’autorise plus de nouveaux Airbnb en centre-ville. En 2029, 10 000 meublés de tourisme devraient disparaître, tandis que la Mairie envisage de retirer toutes les autorisations.
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Face à cette interdiction imminente, Airbnb a appelé Barcelone « repenser son approche de la location courte durée ». Dans un communiqué, la firme américaine affirme que la crise à laquelle est confrontée la ville s’explique notamment par le faible nombre de nouvelles constructions de logements et la proportion de logements vacants.
30 nuits maximum par an à Amsterdam
Amsterdam ne plaisante plus non plus avec les meublés de tourisme. En 2019, la capitale néerlandaise a porté un coup dur en abaissant le nombre de jours de location de 60 jours à 30 jours maximum. Pour cause, selon les données d’Eurofound, le nombre de meublés touristiques a explosé entre 2014 et 2018, passant de 7 000 à 30 000 annonces. Depuis 2021, il est désormais obligatoire de s’inscrire sur une plateforme gouvernementale pour pouvoir louer son appartement sur les plateformes. Aussi, la ville interdit les locations Airbnb aux groupes de plus de 4 personnes, à l’exception des familles.
Désormais, Amsterdam n’a plus d’importance ” que “ 5 000 annonces de meublés de tourisme selon le site spécialisé AirDna. Cependant, la crise du logement frappe toujours aussi durement Venise néerlandaise, en particulier pour les étudiants. Ces dernières années, l’Université d’Amsterdam a recommandé à plusieurs reprises aux étudiants étrangers de ne pas accepter leur place à l’université s’ils ne peuvent pas trouver de logement au préalable.
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Berlin a fait marche arrière
Après son arrivée à Berlin en 2011, Airbnb a rapidement connu le succès dans la plus grande ville d’Allemagne. Depuis 2014, les autorités interdisent les meublés de tourisme si la surface louée est supérieure à 50 % de la surface du logement. En 2016, Berlin avait accéléré la répression en interdisant aux particuliers de louer leur résidence principale sur les plateformes, sous peine d’une amende de 100 000 euros. Mais cette mesure a donné lieu à un déluge de plaintes devant les tribunaux.
Les autorités berlinoises ont finalement fait marche arrière par rapport à 2018. Les propriétaires peuvent désormais louer leur résidence principale sur les quais, et leurs résidences secondaires sont autorisés à être loués jusqu’à 90 jours par an. Aujourd’hui, Berlin compte plus de 12 000 annonces de meublés touristiques, dont plus de 90 % proviennent d’Airbnb.
90 nuits maximum par an à Londres
L’histoire des meublés de tourisme est bien différente à Londres. Depuis 2015, le nombre de nuits dans un Airbnb est limité à 90 jours par an pour des logements entiers. Une règle appliquée directement par Airbnb dès 2017, et qui ne concerne pas les chambres louées chez des particuliers. Au-delà de ces 90 jours, la réglementation londonienne impose aux propriétaires de faire une demande auprès de la ville pour continuer à louer leur résidence.
“La loi est conçue pour permettre aux Londoniens de gagner un peu d’argent supplémentaire en louant leur propriété lorsqu’elle n’est pas utilisée. […] tout en protégeant l’offre de logements à Londres pour les résidents de longue durée »» détaille la mairie de Londres sur son site Internet. Selon AirDna, la capitale britannique compte actuellement plus de 55 000 annonces de meublés touristiques.
Pour tenter d’endiguer la multiplication des logements de type Airbnb, la mairie de Paris veut aller encore plus loin que la nouvelle loi Le Meur. Le 28 novembre, elle la présentera « plan pour combattre Airbnb ».