[CHRONIQUE] Quand la rime avec violence

[CHRONIQUE] Quand la rime avec violence
[CHRONIQUE] Quand la France rime avec violence

Ils ont XVIIIème siècle, la était considérée, selon l’abbé Raynal, comme la nation la plus « policière » du monde et le prince de Lignes pouvait dire : « chaque homme a deux nations. Son puis la France « . Exemple d’esprit, de culture, de courtoisie et d’élégance, le royaume tomba néanmoins dans une révolution sanguinaire qui ne fut égalée et dépassée que par la révolution bolchevique. Et Talleyrand pouvait soupirer : « Qui n’a pas connu l’Ancien Régime, n’a pas connu la douceur de vivre « . Pour certains, sans doute.

La France connaît alors la violence et le chaos. Souvent. Armagnac contre les Bourguignons pendant la Guerre de Cent Ans, guerres de religion, Fronde, Révolution. La violence ne nous a pas épargnés. Mais aujourd’hui, une nouvelle forme de violence se développe, une violence quotidienne. Une violence d’autant plus barbare qu’elle paraît gratuite et immodérée. Il ne s’agit plus d’idéologie ou de politique mais de violence sans rime ni raison, de violence comme mode d’expression. La gauche et les libéraux ne voient l’actualité que lorsqu’il s’agit de faits sociaux. D’une société très malade, « archipelisée », divisée, désorientée. La litanie funèbre serait trop longue et la malheureuse commune de Crépol en est devenue le symbole.

Récemment Bruno Retailleau faisait ce constat : « De plus en plus de jeunes sont des tueurs « . Parfois même des tueurs à gages. Faire ce constat est nécessaire car il convient de nommer les choses si l’on veut y remédier. Mais quelles en sont les causes ?
Faillite éducative de certaines familles, banalisation de la violence dans les jeux électroniques dont se nourrissent certains jeunes, absence d’autorité et mépris de celle-ci, cynisme des trafiquants de drogue qui utilisent les mineurs comme instruments de leurs sales actions pour profiter de l’excuse criminelle de la minorité, arrivée de populations venues de régions du monde où sévissent les violences les plus terribles, échec de l’assimilation, carences de l’école, impossibilité pour certains de s’exprimer autrement que par la brutalité faute de paroles et de raisonnements, justice laxisme, idéologie de l’excuse sociale, police elle-même accusée de violence alors qu’elle la combat au péril de la vie de ses agents… Nous payons les effets ultimes du slogan post-soixante-huit : « Il est interdit d’interdire ». S’il est interdit d’interdire, alors tout est permis.

Mais à bien y réfléchir, la société créée par les adultes héritiers de Mai 68, libéraux libertaires, individualistes, matérialistes, n’est pas elle-même incroyablement violente envers ses enfants. Quand, avec une détermination obstinée, certains s’efforcent de détruire tous les cadres qui permettent à une société de vivre en harmonie, de détruire toutes les références anthropologiques qui soutiennent les communautés humaines, faut-il s’étonner de donner naissance à des générations de « sauvageons » ?

Lorsqu’un gouvernement inscrit le droit à l’avortement dans la Constitution, n’est-ce pas une rupture anthropologique d’une extrême violence ? Ce qui était une exception à un droit fondamental, le respect de la vie humaine, devient la règle « sanctifiée » par la loi suprême de la République, et le droit fondamental l’exception. Ce n’est pas un hasard si l’article 1est de la loi Veil, qui stipulait « la loi garantit le respect de chaque être humain dès le début de sa vie. Ce principe ne peut être remis en cause qu’en cas de nécessité… », a été abrogé. Dès lors, le respect de chaque être humain devient relatif. L’euthanasie sera bientôt légalisée. Aux deux extrémités de la vie, le droit à la vie est devenu relatif en principe et non plus en raison d’une exception motivée par des circonstances particulières et graves. Il s’agit évidemment d’un changement moral fondamental. Ce qui, sans doute, par un phénomène de sourde contagion, a inversé le regard que la société porte sur la vie humaine.

Si les parents, par principe et non par exception, ne respectent plus le droit au respect de la vie humaine au nom de leurs choix individuels, pourquoi les enfants devraient-ils le faire ? Il y a une sorte de légitimation de la violence suprême qu’est l’attaque contre la vie humaine, un glissement des sociétés européennes vers un retour aux temps païens où elle avait peu de poids. Pour lutter contre la violence installée dans les cœurs et les esprits, il ne suffit pas d’armer la police, il faut aussi réarmer les âmes.

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