Indre-et-Loire. A Richelieu, les peintures survivantes du château disparu

Indre-et-Loire. A Richelieu, les peintures survivantes du château disparu
Indre-et-Loire. A Richelieu, les peintures survivantes du château disparu

Au premier regard, la vision fugace d’une vaste galerie aux lumières tamisées. En y regardant de plus près, une reconstruction ! Au premier étage de l’hôtel de ville de Richelieu, dans le musée éponyme, six immenses toiles se font face, dans un dialogue glorifiant la monarchie, Richelieu (1585-1642) et son roi, Louis XIII (1601-1643).

Au bout de cette haie d’honneur de peintures, un trompe-l’œil, celui de la somptueuse galerie du château disparu du cardinal. « Elle mesurait soixante-dix mètres de long sur dix mètres de large et avait impressionné Louis XIV. » précise Marie-Pierre Terrien*, historienne spécialiste de Richelieu. Inspirant même l’architecture et l’apparat de Versailles.

Au fond, un trompe-l’œil représentant la grande galerie du château de Richelieu.
© (Photo NR, Flore Mabilleau)

Un ensemble d’une vingtaine de tableaux

Ces six tableaux, restaurés en 2011, faisaient partie d’un ensemble d’une vingtaine de tableaux, dont douze seulement ont survécu aux outrages du temps. «Ils illustrent la politique de Richelieu» poursuit Marie-Pierre Terrien. Un programme qui se résume à trois axes : “la lutte contre le parti protestant, contre les Habsbourg et contre l’orgueil des grands”. Les visiteurs découvrent l’arrivée des Anglais sur l’Île de Ré pour porter secours aux protestants de La Rochelle, le fameux siège de la ville insoumise, une réduction de Montauban, de Nîmes avec ses arènes, ou la bataille d’Avins, à 40 km de Liège, en 1635. « Les peintures sont extrêmement précises, réalistes et confinent au travail cartographique. »

Des auteurs et un voyage mystérieux

Mais ils restent encore très mystérieux. Personne ne sait exactement qui les a peints. “Plusieurs artistes ont travaillé au Château de Richelieu et les tableaux ne sont pas signés”précise l’historien. Comment ont-ils été sauvés ? Là encore, il est difficile de retracer leur histoire exacte. Ils ont en tout cas été retrouvés dans les réserves du château de Versailles, sans doute récupérés et protégés depuis longtemps par un sage conservateur du patrimoine.

Comme beaucoup de sculptures. Car le Cardinal, de son vrai nom Armand Jean du Plessis de Richelieu, amateur d’art avant l’éternel, avait commandé près de deux cent cinquante statues antiques en Italie, constituant l’une des plus grandes collections de son temps ! « Son château était un véritable musée »confirme Marie-Pierre Terrien. La mairie de la commune abrite aujourd’hui une infime partie de ces vestiges disséminés en et dans le monde, jusqu’à Washington. Témoignages de cette magnificence déchue.

Musée Richelieu inauguré en 1961 à la mairie de Richelieu, 1, place du Marché. Du 23 septembre au 30 décembre (sauf le 25 décembre), ouvert de 10h à 12h et de 14h à 17h sauf les mardis, samedis et dimanches. Tarifs : 3 €, gratuit pour les moins de 12 ans. Renseignement au 02.47.58.10.13

Richelieu, vu du ciel, en 2008.
© (Photo archives NR, Gérard Proust)

La ville idéale du Cardinal

Ici, pas de ruelles tortueuses ni de rues étroites. Au sud de Chinon (Indre-et-Loire), bienvenue à Richelieu, étonnante commune patrimoniale de près de 1 600 habitants, entourée de remparts et de douves. La petite ville semble posée au milieu de la campagne, organisée en rues perpendiculaires et parallèles, dessinées par une ligne. Un plan en damier inspiré des villes romaines. “Le tout est régi par des règles mathématiques très précises, ce n’est pas un endroit où l’on se perd”, sourit Marie-Pierre Terrien, historienne locale, spécialiste de ces pierres. Richelieu, du nom du célèbre cardinal, s’est développée à partir de 1631 comme une « ville idéale », imaginée par l’architecte Jacques Lemercier. Le tout, à la gloire du ministre, qui agrandit ainsi le domaine familial, créant un somptueux château d’or et de marbre, avec l’autorisation de son roi Louis XIII, qui le remercia pour ses services.

Un château et une ville à son nom, un délire mégalomane ? “C’était dans l’esprit de l’époque” assures Marie-Pierre Terrien. À la mort du pasteur, le chantier titanesque, où près de 2 000 ouvriers auraient été mobilisés, était presque achevé. Hélas, Richelieu n’a jamais vécu dans ces lieux. Et si la commune est toujours debout, le château a quasiment disparu depuis 1805.

Un des portraits de Richelieu, accroché au musée éponyme.
© (Photo NR, Flore Mabilleau)

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Cela fait trois cent cinquante ans que le plus célèbre portraitiste du cardinal est décédé. Philippe de Champaigne (1602-1674) a peint plus d’une vingtaine de portraits de Richelieu, copiés ensuite par d’innombrables artistes. Le Musée Richelieu présente également un échantillon de ces tableaux lors de son exposition « Les portraits de Richelieu, un outil de propagande ».

 
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