Sur le côté d’un bâtiment du Syndicat mixte de la Baie de Bourgneuf (SMBB) à Beauvoir-sur-Mer (Vendée) se trouvent de grandes poubelles blanches. Rien de spécial à priori et pourtant à l’intérieur sont stockés des centaines de… ragondins morts. Tout au long de l’année, Agathe Pasquiet et son collègue Raphaël Lebaillif collectent des ragondins piégés dans les marais bretons vendéens. 300 trappeurs, répartis sur tout le territoire, participent à la régulation des populations de ragondins et de rats musqués, deux espèces envahissantes qui mettent en danger l’équilibre de l’écosystème des marais.
Après avoir été déposés dans des points de collecte, les corps des ragondins sont ensuite stockés dans ces bacs réfrigérés. « Nous sommes obligés de garder les corps au froid pour qu’ils restent en bon état » , explique Agathe Pasquiet. Ainsi, à une température oscillant entre 0 et -15 degrés, les corps des ragondins sont stockés pendant une semaine car chaque lundi, l’équarrisseur vient récolter les corps.
Toutes les parties du ragondin sont « recyclées »
L’opération est assez simple, mais nécessite tout de même un estomac solide. « À l’ouverture des poubelles, il n’est pas rare qu’une odeur se dégage. , reveals Agathe Pasquiet. Avec le temps, on s’y habitue. » Ainsi, l’équarrisseur soulève à tour de rôle les bacs et les déverse dans une grande benne accrochée à son camion. C’est la société SecAnim, filiale de Saria, qui s’occupe du traitement des ragondins et des rats musqués des marais bretons vendéens. Les carcasses partent vers leur usine de Benet, dans le sud de la Vendée.
Une fois sur place, les corps des rongeurs sont disséqués et séparés en tiers. « La chair et les os sont réduits en farine. Ce dernier est utilisé notamment dans les cimenteries pour déclencher des incendies. C’est un très bon carburant. , explique Thierry Pellerin, équarrisseur en charge de la collecte des ragondins. « Ensuite, l’huile présente dans le corps des ragondins est envoyée au Havre (Seine-Maritime) pour servir de biocarburant aux bateaux d’un grand groupe de distribution. Enfin, l’eau est vendue aux agriculteurs qui l’utilisent pour l’épandage. , informe ce dernier. En hiver, les spécimens les plus gros et ceux en bon état sont aussi l’affaire d’un habitant de Sallertaine. Cette dernière récupère les poils et les envoie à l’étranger pour confectionner des sacs à main.