« Une partie du clan est beaucoup plus soudée », relate le réalisateur

« Une partie du clan est beaucoup plus soudée », relate le réalisateur
« Une partie du clan est beaucoup plus soudée », relate le réalisateur

D’abord un château, repaire de toutes les questions : Martel, propriété des de Védrines, une famille aristocratique dont les 11 membres, âgés de 24 à 96 ans, désormais surnommés « Les reclus de Monflanquin », se retrouvent sous la coupe d’un seul homme. Avec au moins un complice, l’escroc leur a extorqué 4,5 millions d’euros sur dix ans via sa fondation, censée protéger ce clan d’un complot franc-maçonnique.

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Pendant dix ans, les de Védrines ont été sous l’emprise mentale de Thierry Tilly. Et même si « le gourou » a été condamné à dix ans de prison en 2013, la famille n’a toujours pas fini son combat devant la justice.

Les quatre parties du documentaire de Sandrine Cohen, dont les deux dernières sont diffusées ce mercredi 26 juin sur Canal+, racontent en détail cette affaire à peine croyable, depuis la rencontre entre Thierry Tilly et Ghislaine de Védrines, jusqu’à la sortie du contrôle et du procès. Des épisodes parfois méconnus de cette histoire qui a marqué les années 2000, dans le Lot-et-Garonne et au-delà.

Vous étiez déjà intéressé par les actualités. Pourquoi se replonger dans celui-ci en particulier ?

C’est la productrice Laetitia Recayte qui est venue me voir pour ce projet : une affaire très médiatisée, dont je me souviens. J’avais lu beaucoup de choses à ce sujet et lorsqu’elle est venue me le proposer, je n’ai pas été surpris, d’autant qu’il y avait eu le téléfilm « Diabolique » suite à la sortie du livre des protagonistes. À l’époque, on m’avait déjà proposé de réaliser le scénario, donc ça m’intéressait un peu. Cette histoire fascinante englobe toutes les questions des abysses de l’âme humaine. Mon intérêt est d’essayer de comprendre, ou du moins d’expliquer, des mécanismes extrêmement étranges ou inattendus de passage à l’acte qui se produisent dans la vie des gens. Quoi de mieux que des reportages pour explorer toutes ces thématiques, l’influence, le harcèlement, et comment on s’en remet. Mais je n’ai accepté qu’à condition d’apporter un nouvel angle. J’ai voulu partir de la jeune génération, j’ai trouvé essentiel d’entendre ceux qui avaient vécu sous l’influence de Tilly au moment de la construction de leur personnalité grâce à leurs parents. Parce que quand on a 16, 18 ou 20 ans, c’est difficile de leur dire : “Vous le trouvez génial, mais nous pas du tout.”

Comment avez-vous réussi à convaincre certaines personnes de témoigner ? Qu’est-ce qui vous a marqué lors de ces rencontres ?

J’avais décidé de rencontrer Amaury, car il me paraissait le plus meurtri, notamment à cause de son confinement de neuf mois à Oxford. Nous avons eu de profondes discussions, mais il m’a semblé ambivalent quant à l’acceptation ou non de témoigner. C’était un peu la même chose pour ses parents, Charles-Henri et Christine. J’ai toujours eu envie d’ouvrir cette série sur le mariage de Guillemette, la fille de Ghislaine et Jean ; J’ai tout de suite eu un très bon contact avec elle. C’est elle qui m’a orienté vers son frère. François est très authentique et sincère. A partir du moment où il le voulait, il était prêt à convaincre ses parents qui, pour le moment, ne voulaient plus parler. Tous les quatre sont indissociables. J’ai alors prévenu l’autre partie, mais il était clair que c’était une partie de la famille qui témoignait ou l’autre… Je pense que je serai en contact avec eux à vie. Ils ne sont pas amis, mais je suis reconnaissant de la confiance qu’ils m’ont accordée, je n’arrive toujours pas à y croire.


Les réunions de famille sont beaucoup plus petites de nos jours.

Jean-Pierre Muller

Bien qu’ils aient tous subi cette influence, la famille a désormais explosé. Pour quoi ?

C’est une guerre de victimes : qui est la plus victime des deux ? Charles-Henri, Christine et Philippe se voient toujours ; tandis que Ghislaine, Jean, Guillemette et François ne voient plus personne du tout.

Après avoir purgé sa peine, Guru Tilly est libre. Avez-vous trouvé où il se trouvait ?

Non, j’ai essayé par l’intermédiaire de son avocat, mais sans succès. Ensuite, ce n’était pas si grave qu’il ne soit pas intervenu, car ses paroles n’étaient plus audibles.

Cependant, il est capable de réprimer à nouveau. Les ex-victimes en ont-elles encore peur ?

Non, je ne pense pas qu’ils aient encore peur. Je pense qu’ils s’adaptent plutôt bien. Ghislaine porte une part importante de culpabilité, Jean a des regrets et une forme de colère, tandis que François et Guillemette ont refait leur vie. Ce clan est bien plus solidaire et attentif.

Le Château de Monflanquin a joué un rôle essentiel dans la famille… Les de Védrine ont-ils encore Martel en tête ?

Charles-Henri et Christine de Védrine, oui. Ils se sont battus pendant des années pour le récupérer, en vain. Pour le clan de Ghislaine, c’est plutôt le regret d’avoir perdu une famille, même si celle-ci était dysfonctionnelle… Mais Ghislaine et Jean ont toujours une maison à Monflanquin, tout près de Martel.

“Les Reclus, une famille sous influence”, à voir sur Canal+.

 
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