Un responsable du Vatican défend le maintien des mosaïques de Marko Rupnik

Un responsable du Vatican défend le maintien des mosaïques de Marko Rupnik
Un responsable du Vatican défend le maintien des mosaïques de Marko Rupnik

La réponse a émergé lors d’une conférence à Atlanta, dans le sud-est des Etats-Unis, vendredi 21 juin. Venu participer à la conférence de la Fédération des Médias Catholiques, le préfet du dicastère pour la communication Paolo Ruffini a été interrogé sur l’usage régulier , par les sites officiels du Vatican, des mosaïques de Marko Rupnik. Ce mosaïste slovène, bien connu dans le monde catholique, a été démis en juillet 2023 de son ordre, la Compagnie de Jésus, alors qu’il était visé par des dizaines de plaintes de femmes l’accusant de viols, d’attouchements et d’influence, sur fond de troubles spirituels. justification.

« Supprimer, effacer, détruire des œuvres d’art n’a jamais été un bon choix. » Paolo Ruffini s’est justifié, selon des propos rapportés par la revue jésuite Amérique. Le communicant italien a surtout affirmé qu’il voulait attendre le jugement rendu par le dicastère pour la doctrine de la foi, au terme d’un procès en cours, pour se prononcer. « Nous parlons de sujets que nous ne connaissons pas. Qui suis-je pour juger les histoires de Rupnik ? »a-t-il argumenté, avant d’ajouter : « Je pense qu’en tant que chrétiens, nous devons comprendre que la proximité avec les victimes est importante, mais je ne sais pas si retirer l’art de Rupnik est un moyen de se rapprocher d’elles. »

Ces commentaires interviennent au moment où en France, le sanctuaire de Lourdes doit prochainement prendre sa décision sur le sort réservé aux mosaïques de Marko Rupnik qui ornent la basilique Notre-Dame du Rosaire. Mais ils révèlent aussi, plus largement, un état d’esprit romain. Car dans la Ville éternelle, l’œuvre du prêtre, désormais incardiné dans un diocèse de Slovénie, est omniprésente. La capitale italienne ne compte pas moins de 43 chapelles ou églises ornées de l’œuvre du mosaïste et son centre Aletti, un atelier placé sous la protection du diocèse de Rome. Des lieux de culte auxquels il faut en ajouter trois autres, situés directement sur le territoire du Vatican. Cela représente un cinquième des 231 œuvres de Rupnik dans le monde.

Au coeur du Vatican

Ses mosaïques sont exposées par exemple dans la chapelle Redemptoris Mater, au cœur du Palais apostolique. Commandés sous le pontificat de Jean-Paul II, inaugurés en 1999, ils étaient décrits, à l’époque, comme une « œuvre grandiose », où se croisent les traditions orientales et occidentales. Passage obligatoire pour les visiteurs reçus par le Pape en audience au deuxième étage du Palais, ses murs présentent des scènes bibliques. Autre lieu du Vatican ainsi décoré : la chapelle du dicastère pour le culte divin et la discipline des sacrements, recouverte des célèbres mosaïques depuis 2005.

Ailleurs à Rome, les autres lieux présentant l’œuvre de Marko Rupnik ne sont pas moins importants. C’est le cas de la chapelle du grand séminaire pontifical de la capitale. Depuis 2021, le principal lieu de prière des futurs prêtres de Rome est recouvert de peintures de l’ancien jésuite. Pour l’occasion, d’anciennes mosaïques, qui avaient été inaugurées en 1965 par Paul VI lui-même, ont disparu, cachées aujourd’hui derrière une cloison érigée dans le chœur pour laisser place à celles de Rupnik. Couvrant l’intégralité des murs, du sol au plafond, les dessins du Slovène s’étalent sur 1 700 m2, représentant des scènes de l’Ancien et du Nouveau Testament, dans des rouges, oranges et jaunes qui saturent l’espace.

Au séminaire français

De nombreuses curies générales, sortes de quartiers généraux romains des congrégations religieuses du monde entier, ont également fait appel au mosaïste. C’est le cas des Jésuites mais aussi des Marianistes ou des Sœurs Hospitalières du Sacré-Cœur de Jésus. Les séminaristes français formés à Rome retrouvent également le mosaïste dans leur chapelle, ainsi qu’au réfectoire où ils prennent leurs repas trois fois par jour. Collèges pontificaux, polycliniques et paroisses complètent cette longue liste.

“Nous n’allons pas supprimer ces œuvres, il n’y a aucune raison de le faire”, agace le cardinal de Curie. Pouvez-vous imaginer si nous faisions ça avec Michel-Ange ? » Un argument que l’on retrouve souvent avec Caravage, accusé d’être un meurtrier mais aussi, par certains, de pédophilie. Deux références également reprises, à Atlanta, par le plus haut responsable de la communication du Saint-Siège.

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Lourdes prendra bientôt sa décision

2008. Pour le 150e anniversaire des apparitions mariales, le sanctuaire a décoré la façade de la basilique Notre-Dame du Rosaire d’immenses mosaïques sur les mystères lumineux du Rosaire, commandées à l’atelier de Marko Rupnik.

Printemps 2023. La question du maintien en place, du retrait ou de la dissimulation au public de ces mosaïques à Lourdes a fait l’objet d’un groupe de réflexion, alors que le sanctuaire se veut un lieu de consolation également pour les victimes de violences sexuelles dans l’Église. L’évêque, le recteur, une victime, un expert en art sacré et un psychothérapeute composent cette commission.

La décision devrait être annoncée prochainement. Mgr Jean-Marc Micas a rencontré le pape François vendredi 21 juin à Rome, sans que l’on sache si le sujet a été évoqué.

 
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