Le Premier ministre a promis de réduire l’effort financier demandé aux Départements. Dans ce contexte, à quoi ressemblent les grandes orientations budgétaires 2025 pour votre collectivité ?
« Nous avons pris en compte l’effort initial demandé, soit pour nous entre 6,5 et 7 millions d’euros. Il faut savoir que nous sommes une collectivité qui ne peut plus lever d’impôts et qui a des frais fixes avec l’AIS (Allocations individuelles de solidarité composées du revenu de solidarité active, de l’allocation personnalisée d’autonomie et de la prestation de compensation du handicap), qui augmentent en fonction de la volonté de l’État. À cela s’ajoute la réduction des DMTO (droits de mutation à titre onéreux, autrement dit « frais de notaire »). Nous avons donc des dépenses supplémentaires et moins de revenus. »
Les Départements doivent-ils néanmoins participer à cet effort ?
« Bien sûr, mais pas trop. De l’effort global demandé aux communautés, nous avons contribué à hauteur de 44 %. Aujourd’hui, sur 103 départements, 30 connaissent de graves difficultés financières. Si le projet de loi de finances était appliqué comme proposé, ce chiffre s’élèverait à 80. Grâce à notre bonne gestion passée et actuelle, l’Indre a la chance de pouvoir avoir une vision sereine de l’avenir proche. Nous pourrons investir au même niveau. »
Parce que vous avez un pécule ?
« Parce que nous n’avons pas de prêt. Mes collègues en difficulté sont en difficulté parce qu’ils doivent rembourser leurs dettes et ne peuvent pas investir. »
A ce sujet, l’opposition vous accuse toujours d’être trop prudent…
« Les événements actuels nous donnent raison. Cela fait trois années consécutives que nous sommes le département de la région qui investit le plus par habitant. Nous sommes en mesure de proposer un fonds ouvert aux communes : un dossier déposé est un dossier financé. Même dans le pire des cas, nous maintiendrons nos aides aux associations. »
Quels sont les principaux investissements prévus pour 2025 ?
« Le débat d’orientation budgétaire ne rentre pas dans les détails mais je peux vous dire par exemple que nous allons lancer les travaux pour 5 millions d’euros du nouveau Foyer des Enfants, à Touvent, à côté de la Maison des sports. Il permettra d’héberger des enfants âgés de 6 à 12 ans qui doivent être protégés dans des locaux modernes. »
Le scandale des enfants du Nord placés dans l’Indre a révélé les failles du système de protection de l’enfance. Envisagez-vous d’agir ?
« C’est un drame mais nous n’avons pas attendu cette affaire pour être vigilants sur le placement des enfants. Là, nous étions dans le cas de familles non agréées dont nous ignorions l’existence. A l’Assemblée des Départements, j’ai demandé à la Ministre Agnès Canayer (déléguée à la petite enfance) d’être vigilante sur la communication entre départements et qu’il y ait un contrôle collaboratif de l’Etat. »
Alors que la démographie médicale ne s’améliore pas dans l’Indre, allez-vous continuer à verser des aides à l’installation qui ne résolvent rien ?
« Si la situation ne s’aggrave pas, c’est parce qu’on a arrêté l’hémorragie. Je suis contre le financement des médecins mais si nous ne le faisons pas, ils iront chercher ailleurs. Tant qu’il n’y aura pas d’accord national entre les ministères, si vous ne le faites pas, vous êtes mort. A ce sujet, j’ai également été alerté par Hervé Mignot, président du Conseil Territorial de Santé (CTS) de l’Indre sur un problème de répartition des internes entre les départements du Centre-Val de Loire. J’ai fait mes calculs et, sur les 363 stagiaires, 4,4 % sont avec nous alors que nous représentons 8,6 % de la population. En Indre-et-Loire, ils sont 29,7% pour 23,7% de la population. C’est l’Agence Régionale de Santé (ARS) qui régule l’Université de Tours. Je vais demander au préfet de créer une instance incluant les présidents des CTS pour trouver un meilleur équilibre. »