Y aura-t-il un budget à Noël ? L’hypothèse d’une motion de censure qui ferait tomber le gouvernement Barnier dans les prochaines semaines et laisserait la France sans budget pour 2025 commence à être prise très au sérieux.
En témoigne le frisson lundi sur les marchés financiers. Les investisseurs internationaux restent sur place, et le Trésor a levé 8,3 milliards d’euros sans drame dans l’après-midi. Mais face aux turbulences politiques, les banques exigent désormais des taux d’intérêt plus élevés pour prêter de l’argent à l’État français. L’écart entre les taux demandés à la France et à l’Allemagne pour un prêt à dix ans s’est élevé au cours de la séance à 0,83%, son plus haut niveau depuis la mi-juin. Il n’était que de 0,5% avant la dissolution de l’Assemblée nationale. La France doit désormais payer plus que le Portugal ou l’Espagne pour obtenir des fonds, et se rapproche du niveau imposé à la Grèce et à l’Italie.
« Nous prenons le risque d’un scénario grec »a prévenu la porte-parole du gouvernement, Maud Bregeon, dimanche 24 novembre à Le Parisien, en mettant en avant le risque d’une crise financière, comme en Grèce au début des années 2010. Le résultat est une question : « Qui veut offrir aux Français comme cadeau de Noël 2025 un déficit de plus de 7 % et des taux d’intérêt qui s’envolent ? »
« Un saut dans l’inconnu »
Il ne faut pas céder » sur la petite musique consistant à dire : « Si jamais ce budget est refusé, s’il y a de la censure, ce sera dramatique, ce sera le chaos, etc. “, a répondu Marine Le Pen lundi, au sortir de son rendez-vous avec Michel Barnier à Matignon. Une manière de déblayer le terrain avant une éventuelle censure de l’exécutif par la gauche et le Rassemblement national (RN). Fervent partisan de la motion de censure, Eric Coquerel se veut également rassurant : même si aucun budget n’est adopté, il n’y aura pas “pas d’arrêt, pas de chaos, pas de catastrophe”, affirme le président (La France insoumise, LFI) de la commission des finances à l’Assemblée, dans une vidéo diffusée dimanche.
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Chaos ou pas chaos ? Le résultat dépendra en partie du moment choisi pour toute censure. D’ici Noël, les opposants de Michel Barnier auront en principe plusieurs occasions de faire tomber son gouvernement. Trois textes budgétaires, actuellement examinés au Sénat, reviendront en effet ensuite à l’Assemblée, où le gouvernement tentera sans doute de les faire adopter en remettant en cause son existence dans le cadre de l’article 49.3 de la Constitution. D’abord le budget de la Sécurité sociale pour 2025, le 4 décembre. Puis le projet de loi de fin de gestion de 2024, deux jours plus tard. Le budget général pour 2025, enfin, vers le 20 décembre.
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