« Qu’incarnerait l’équipe de France de football dans la France du Rassemblement National ? » – .

Kylian Mbappé, Mike Maignan et William Saliba, lors des précédents hymnes France-Autriche, le 17 juin 2024, à Düsseldorf (Allemagne). FRANCK FIFE / AFP

DDéjà placé dans l’ombre des Jeux olympiques, l’Euro de football en Allemagne est un peu plus éclipsé, en France, par le contexte électoral. Le football est peut-être “la bagatelle la plus sérieuse du monde”selon l’ethnologue Christian Bromberger, et « bien plus qu’une question de vie ou de mort » – selon les mots de l’ancien manager de Liverpool Bill Shankly – la situation dans le pays est “plus important que le match de demain”assurait Kylian Mbappé avant l’entrée des Bleus dans la compétition continentale.

Nous aurions préféré nous concentrer sur l’apport d’Ousmane Dembélé en attaque ou sur la complémentarité de la défense centrale, mais ces conditions nous empêchent de vraiment profiter de ce bel intermède sportif qu’est habituellement une phase finale.

À la fin du tournoi, l’extrême droite pourrait être au pouvoir en France. Les Bleus faisant partie des favoris, on les imagine en finale à Berlin, dimanche 14 juillet, et on se demande quels échos en seraient envoyés. The Marseillaise, avant le coup d’envoi, si Jordan Bardella, le président du Rassemblement national (RN), venait à occuper Matignon. Et en cas de couronnement, on aurait une fête nationale bien étrange.

L’équipe de France est souvent décrite comme le dernier moyen de rassembler le pays, aussi éphémères que soient ces moments eucharistiques auxquels, depuis l’après 1998, on sait qu’il ne faut pas donner plus d’importance. que celui des belles images.

Réappropriation du drapeau bleu-blanc-rouge

Un peuple pourtant a besoin de ces images, et sans s’en laisser berner, le sentiment de former ainsi une nation nous était doux. Nous préférons ce rassemblement national, car « la communauté imaginée de millions de personnes semble plus réelle lorsqu’elle est réduite à onze joueurs dont nous connaissons les noms »a estimé l’historien britannique Eric Hobsbawm.

Dans les tribunes, on se réapproprie le drapeau bleu-blanc-rouge, débarrassé des connotations qu’il a pris ailleurs, on crie l’hymne sans vouloir s’en prendre à un (pays) voisin autrement que par des tirs croisés dans le petit filet. Avec Antoine Griezmann, lors de la Coupe du monde 2018, on s’exclamait en riant : « Vive la France et vive la République ! » »

Le chauvinisme sportif apparaît comme le dernier avatar inoffensif des nationalismes du passé, sous une forme joyeuse tournée vers nous-mêmes, forcément porteuse de tolérance alors que le sport reste, du moins en principe, hostile aux discriminations.

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Depuis longtemps, simplement en jouant, l’équipe de France joue contre le racisme, qui en avait fait une cible du Front national depuis les comptages ethniques menés par Jean-Marie Le Pen dans les années 1990. Son parti n’a alors cessé d’exploiter l’équipe de France – avec un apogée au moment de la désastreuse Coupe du monde 2010 –, notamment pour stigmatiser l’équipe de France. « Journal français » inassimilable. Ces dernières années, grâce à leurs bons résultats, les Tricolores sont cependant redevenus avant tout une équipe de football, et moins un exutoire d’obsessions identitaires.

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