L’exercice, déjà tenté ailleurs, n’était pas anodin dans un canton où les autorités se sont longtemps regardées avec méfiance et où les policiers se sont souvent retrouvés tiraillés entre les aspirations très différentes de leurs patrons. Avec deux personnalités d’un même bord politique, unies par une vision très « sécurité publique », la première version aura l’avantage de fixer des objectifs et le grand inconvénient de faire littéralement exploser Champ-Dollon avant de faire de la surpopulation carcérale un sujet brûlant. .
Chocs successifs
Le pacte est ensuite réédité avec quelques variantes avant d’être frappé de plein fouet par le choc de l’actualité qui va ébranler les institutions. Pierre Maudet est privé de son dicastère et c’est Mauro Poggia, plus hostile au pouvoir judiciaire et bientôt totalement monopolisé par la pandémie, qui paraphera deux éditions davantage axées sur l’analyse que sur les questions opérationnelles. Un axe de prévention et de détection apparaît alors timidement et l’amélioration de la prise en charge des victimes est également évoquée.
Même si l’accord d’aujourd’hui ressemble encore beaucoup à un long état des lieux, l’impulsion donnée à la police en matière d’écoute des victimes est en soi une évolution salutaire. Le centre de gravité change et les projecteurs ne sont plus uniquement braqués sur les contrevenants. Quant à l’accent mis sur la prévention, c’est aussi une manière de dire que les réponses simplistes consistant en toujours plus d’emprisonnements ou d’expulsions sont loin d’être suffisantes pour résoudre des problèmes devenus plus complexes.
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