Les enterrements de vie de jeune fille, un business en plein essor à La Rochelle

Les enterrements de vie de jeune fille, un business en plein essor à La Rochelle
Les enterrements de vie de jeune fille, un business en plein essor à La Rochelle

SSamedi 22 juin. La Rochelle se réveille doucement au lendemain de la Fête de la Musique. Au port du Gabut, c’est un étrange mélange entre fêtards farineux et familles venues admirer les vieux gréements. Au pied de l’imposante « Santa Maria Manuela », un groupe de femmes posent sur les pavés. Chaque personne tient une petite pancarte flanquée de son nom et de l’inscription « Team bride ». Ils sont réunis autour de « Mimi », la star du week-end.

Cet été, elle se marie et il n’était pas question de passer à côté du traditionnel enterrement de vie de jeune fille (EVJF). Pour les 13 amis réunis, la soirée d’avant semble avoir été haute en couleurs. « Apéro, catamaran, apéro », résume l’un d’eux. Originaires de Châteauroux (Indre), les trentenaires n’ont pas hésité sur leur destination. « Nous sommes venus à La Rochelle parce que c’est une ville vraiment sympa, il y a beaucoup de choses à faire et ce n’est pas très loin ! », expliquent-ils entre deux photos.


« Mimi » (en vert) et ses amies dans le quartier du Gabut.

M.B.

En réalité, ils sont loin d’être les seuls à avoir choisi d’enterrer une seule vie à La Rochelle. Sur le Vieux-Port comme sur le marché central, le samedi, il est rare de ne pas croiser, ou entendre, une troupe déguisée réalisant des défis incongrus. Ces dernières années, la ville est devenue l’une des destinations phares pour les enterrements de vie de jeune fille. À tel point que toute une entreprise s’est construite autour de cette coutume.

“Ça ne cesse d’augmenter”

Certains, comme Marie Gatinaud, ont décidé d’orienter totalement leur activité vers cette pratique. Ce professeur de pole dance à La Pallice est bluffé par le nombre de réservations. «Ça ne cesse d’augmenter», confie-t-elle. Le samedi, j’ai tellement de demandes que je ne peux même pas suivre mes cours habituels. » Dans son établissement, le boom est intervenu après la crise du Covid. Elle dit. « Avant la pandémie, j’avais une soixantaine d’groupes d’EVJF toute l’année. En 2023, j’en ai accueilli 120. Et je commence à devoir en refuser certains ! »

En centre-ville, l’escape game Hunting Town partage le même constat. « Depuis notre création en 2018, nous avons triplé le nombre de créneaux dédiés aux enterrements de vie de jeune fille, raconte une salariée. Aujourd’hui, cela représente 95% de nos clients. »

Ville idéale

Cette omniprésence s’explique en partie par les recommandations des agences événementielles. Parmi eux, My EVJF concocte des programmes d’EVJF personnalisés, selon les envies et le budget de leurs clients. Chaque année, l’agence édite un guide pour conseiller les villes où organiser son EVJF et au contraire indiquer les endroits où il est préférable de ne pas se rendre. Depuis deux ans, La Rochelle est l’une des métropoles les plus mises en avant. « C’est une ville à taille humaine qui correspond parfaitement à l’image que nous souhaitons donner aux EVJF », explique Grégory Lebrun, directeur de la structure. Il se développe. « Il y a des activités sympas, une ambiance familiale, la mer, de bons restaurants et bars… C’est idéal ! » Aujourd’hui, La Rochelle est la cinquième destination en Europe où My EFJF organise le plus de séjours.

Notre objectif est vraiment de dépoussiérer l’image de cette tradition

Si la ville est si attractive, c’est aussi parce qu’elle convient à tous les publics. « Nous avons des demandes très diverses. Cela peut aller de personnes disposant d’un budget de 50 euros à d’autres qui en disposent de plusieurs milliers. C’est assez simple de s’adapter puisqu’il y a beaucoup de possibilités », relate Grégory Lebrun. La plupart des clients ont entre 25 et 35 ans. Une population assez jeune qui traduit un regain des enterrements de vie de jeune fille, comme le souligne l’entrepreneur. « Notre objectif est vraiment de dépoussiérer l’image de cette tradition. Nous souhaitons déconstruire les clichés autour de cette pratique et montrer que nous pouvons organiser des événements classes et diversifiés. »

Victime de son propre succès

Malheureusement, La Rochelle commence à récolter le prix de la gloire selon Grégory Lebrun. « C’est surprenant à dire mais les enterrements de vie de jeune fille fonctionnent presque trop bien. Les groupes perdent une forme d’exclusivité de l’expérience en venant ici. D’une certaine manière, ils se retrouvent à faire la même chose que beaucoup d’autres personnes et cela peut gâcher le plaisir. »

Autre bémol, le phénomène ne fait pas l’unanimité auprès des riverains. « Des enterrements de vie de jeune fille ? J’ai l’impression d’en voir partout ! En plus, ils sont toujours très bruyants», raconte Pierre, retraité. Il relativise malgré tout. «Eh bien, ils en ont bien sûr le droit. Un événement comme celui-ci n’arrive qu’une seule fois. »

 
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