Thibaut Guilluy parle vite, beaucoup, mais dit peu. Invité par l’Association des journalistes de l’information sociale (Ajis), ce mercredi 20 novembre, pour une matinale d’échange avec la presse, le directeur général de France Travail a éludé un certain nombre de questions liées aux secousses et aux nouveaux projets qui se multiplient pour le opérateur public.
Mise en place de nouvelles règles d’assurance chômage, sort réservé aux frontaliers, loi plein emploi ou encore obligation d’inscrire deux millions de bénéficiaires du RSA à partir de janvier 2025, sur fond de sous-effectifs, de suppressions d’emplois et d’alertes sur les conditions de travail des salariés. , précaire et sous-payé… Aucune réponse concrète n’a émergé derrière la série de clichés macronistes que le leader, membre du parti Renaissance depuis 2016, s’est contenté d’aligner au cours de ces environ deux heures d’échanges.
Nouvelles règles d’assurance chômage
« Nous allons créer les conditions de mise en œuvre des nouvelles règles de l’assurance chômage, notamment concernant l’aspect du système de mensualité »assure Thibaut Guilluy. Ce nouveau mode d’indemnisation fait partie du projet d’accord issu de négociations entre employeurs et plusieurs syndicats, qui imposerait à partir de 2025 aux demandeurs d’emploi indemnisés une allocation identique chaque mois, assise sur trente jours. Ce qui leur ferait perdre, sur une année pleine, cinq jours d’indemnisation, et même six pour les années bissextiles. L’Etat, de son côté, table sur une économie de 1,2 milliard sur quatre ans.
France Travail aura-t-il les moyens de faire face à ces nouvelles mutations ? Tout en reconnaissant une période marquée par « un travail massif »le gestionnaire s’assure que les nouveaux dispositifs seront opérationnels. Sans dire comment, avec le non-renouvellement des CDD recrutés lors des JO, dénoncé la semaine dernière par les syndicats, ainsi que la suppression prévue de 500 équivalents temps plein, inscrite dans le projet de loi de finances 2025 (PLF).
Il a en revanche exprimé sa satisfaction face aux restrictions des droits des travailleurs frontaliers, autres grands perdants de ce projet d’accord sur l’assurance chômage. Ces derniers devraient subir une réduction significative de leur rémunération, avec l’introduction d’un coefficient appliqué à leurs droits lié au niveau de salaire du pays dans lequel ils ont travaillé. Il faudrait également réviser la notion de «offre d’emploi raisonnable », afin de les dissuader de refuser un poste au niveau salarial français.
Des mesures qui, selon un calcul de l’Unédic, devraient rapporter 1,4 milliard d’euros d’économies sur quatre ans et auxquelles Thibaut Guilluy a affirmé son plein soutien. «Dès mon arrivée (à la tête de France Travail en 2023 – NDLR), J’ai évoqué des comportements abusifs de la part de certains travailleurs frontaliers qui aboutissent à un détournement de l’objet de l’assurance chômage.»a souligné l’ancien haut-commissaire à l’emploi.
Mise en œuvre de la loi sur le plein emploi
France Travail est-il prêt à accueillir les deux millions de bénéficiaires du RSA qui seront contraints, puisque la loi dite de plein emploi les obligera, à partir de janvier 2025, à s’inscrire comme demandeurs d’emploi, sous peine de sanctions ? liés au versement de leur allocation ?
« Je ne dis pas que ces deux millions de bénéficiaires du RSA vont retrouver du travail comme par magie »Thibaut Guilluy élude encore, évoquant un « approche progressive »passé par une phase expérimentale en 2023 et une montée en puissance en 2024, ainsi qu’un « une co-construction étroite avec les départements ». «Je crois vraiment en ce qui va se passer localement»ajoute le responsable, qui mise sur l’orientation des bénéficiaires vers les systèmes locaux.
Quid des coupes budgétaires dans les collectivités territoriales prévues par le projet de loi de finances (PLF) ? “Le PLF n’est pas terminé, il a pour l’instant été préparé de manière très administrative”souligne le dirigeant qui mise également sur un redéploiement des missions.
« Nous sommes un opérateur qui n’a jamais cessé de travailler sur son efficacité »il souligne encore. A quel prix pour les salariés ? Les syndicats, qui ont organisé une grève en Île-de-France la semaine dernière, dénoncent pêle-mêle, surcharge de travail, précarité, salaires en berne, perte de sens face à des missions dictées par la politique du nombre. Un constat également détaillé dans un rapport financé par la Dares, publié en août dernier, qui fait état d’une souffrance croissante chez les agents de l’opérateur public.
« Nous sommes extrêmement attentifs à cette question de surcharge de travail »affirme Thibaut Guilluy, selon qui «Beaucoup de choses sont faites» face à ces cas de souffrance. “Nous les mesurons d’abord”affirme-t-il, soulignant un « baromètre interne »ce qui n’indiquerait aucune dégradation particulière. Affirmant partager les préoccupations des syndicats sur ces questions, il s’attache également à quantifier l’état du dialogue social qui aurait ” double “ intérieurement. Cela n’empêchera en aucun cas les organisations syndicales de se mobiliser le 5 décembre pour une grève nationale.
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