« Saint-Chamond était dans la tourmente samedi matin. L’agence de la Caisse d’Épargne, située place de la Liberté, venait d’être braquée par au moins trois individus, sous le nez des nombreux passants et forains présents au marché du samedi. »
Donc Centre du dimanche résumait, dans son édition du dimanche 19 juin 1994, le braquage audacieux perpétré la veille dans la cité Couramiaude.
Mais l’affaire, soigneusement préparée, avait en réalité débuté plusieurs heures avant le braquage.
La famille d’un banquier séquestrée dans des coffres de voiture
Tout commence vers 2 heures du matin, dans la plaine du Forez. Plusieurs individus s’introduisent par effraction dans une villa à Veauche. C’est ici qu’habite le directeur de la Caisse d’Epargne de Saint-Chamond.
« Lourdement armés, ils ont ensuite kidnappé la famille du banquier : sa femme et ses deux enfants, une fille et un garçon âgés respectivement de 17 et 14 ans », explique notre journaliste Françoise Salle.
Pendant quatre heures, toute la famille est tenue dans le respect. Puis, vers 6 heures du matin, les deux enfants ont été ligotés et enfermés dans le coffre de leur Renault R21, tandis que le père et la mère étaient séquestrés dans le coffre de la deuxième voiture de la famille, une Renault Clio.
Les casseurs ont alors pris le volant des deux véhicules et se sont précipités vers Saint-Chamond.
800 000 francs en espèces
« Les voleurs étaient apparemment bien informés, veillant à arriver place de la Liberté peu avant l’ouverture des coffres. En effet, pour des raisons techniques de sécurité, les coffres-forts ne peuvent être déverrouillés avant une certaine heure », relate notre journaliste.
Les braqueurs ont également pris le temps de placer une pancarte sur la porte de l’agence précisant qu’exceptionnellement, celle-ci n’ouvrirait ses portes qu’à 8h45 en raison d’une panne informatique.
Vers 8 heures du matin, deux employés de banque ont été pris en otage alors qu’ils arrivaient sur leur lieu de travail. Puis, quelques minutes plus tard, les trois braqueurs ont finalement quitté l’agence bancaire : ils ont mis la main sur près de 800’000 francs de butin, emportant l’argent liquide contenu dans les coffres-forts et le distributeur automatique.
Voitures abandonnées dans la rue
Habillés et portant des perruques, les trois braqueurs prennent la fuite.
Quelques minutes plus tard, nous retrouvons les deux voitures du banquier abandonnées rue Jean-Dugas. Dans le coffre, les enfants et l’épouse du banquier sont indemnes. Mais l’affaire choque toute la région par la violence du mode opératoire.
Un précédent à Chavanay, un an plus tôt
Le vendredi 5 mars 1993, un nouveau hold-up avec prise d’otages avait déjà bouleversé l’actualité. C’est dans la ville de Chavanay que se sont déroulés les faits : un malfaiteur solitaire s’est introduit dans une agence du Crédit Agricole et, sous la menace d’un fusil à canon tronqué, s’est fait remettre 30 000 francs. dans la caisse, et s’enfuit dans la Citroën GS du directeur adjoint de l’agence, prenant ce dernier en otage.
La victime a finalement été abandonnée, peu après, sur les hauteurs de la commune : elle avait été enfermée dans le coffre de sa voiture.
