Valeurs actuelles, le JDD, Eric Zemmour, Némésis, représentants du RN, Frontières… depuis mardi en fin d’après-midi, la mouvance fasciste mène une grande campagne politico-médiatique de soutien au petit groupe d’extrême droite La cocarde étudiante. Ses militants, certains issus du GUD ou Génération Identitaire, affirment en effet depuis hier avoir été « agressé par une quarantaine d’individus armés de couteaux et d’une chaîne en fer » lors d’une tentative de remorquage à Tolbiac Paris 1 en fin de matinée.
Des fausses nouvelles pour cacher une déroute politique
Alors qu’une mobilisation contre le génocide à Gaza et les massacres au Liban se déroule depuis deux semaines au Centre Pierre-Mendès France à Paris 1, affirme Tolbiac, de nombreux étudiants se sont indignés mardi d’apprendre la présence de militants venus de loin. droite. Ces derniers ne sont pas seulement adeptes des théories de “gros remplacement” ou « Conspiration LGBT et immigrationniste »mais aussi un soutien ouvert au génocide en cours en Palestine.
« Sorbonne antifa », “Rockel a quitté l’université” ou même “pas de fascistes dans nos quartiers”En fin de matinée, des slogans contre l’extrême droite ont été rapidement repris en chœur par de nombreux étudiants, rassemblés devant l’entrée de leur université. « Nous nous sommes opposés à leur présence, refusant leur haine et leur racisme dans notre université » expliquent dans un communiqué les étudiants présents ce mardi matin à Tolbiac. Contraints de mettre un terme à leur propagande, les militants d’extrême droite, accompagnés d’un service de sécurité équipé de gants de protection et de parapluies, ont rapidement cherché à engager un affrontement physique avec les étudiants, donnant lieu à une altercation.
« Personne du côté étudiant n’a été violent, mais avec le nombre, nous avons réussi à les retenir. En revanche, à chaque occasion, à chaque bousculade, ils en profitaient pour porter de violents coups de poing ou de parapluie. » explique un étudiant en sciences politiques à Tolbiac, présent sur place. « Plutôt que de partir lorsqu’ils ont vu qu’ils n’étaient pas les bienvenus au centre, ils ont préféré faire la queue et ont commencé à utiliser leurs parapluies comme armes pour nous frapper » confirme un étudiant du centre.
Entre coups de parapluie et coups de poing, plusieurs d’entre eux ont été blessés par l’extrême droite, l’un d’entre eux ayant même dû être transporté à l’hôpital par les pompiers. «Il était clair qu’ils s’étaient préparés à une bagarre, ils essayaient de cibler les étudiants pour les sortir du groupe et les frapper derrière leur ligne de sécurité. Ils ont fait cela avec au moins un étudiant qui a été grièvement blessé, il avait une épaule luxée. continue-t-elle.
Suite à ce mauvais accueil de la part des étudiants de Paris 1, et alors qu’ils les avaient également hués la veille au Palais de justice Cassin, les militants de La Cocarde ont donc choisi la stratégie du mensonge éhonté et de la victimisation. Sur Twitter, le compte officiel du petit groupe a décidé de titre « agression armée » avant de publier des photos de vêtements troués censées prouver ladite agression.
La mouvance fasciste au secours de son petit groupe étudiant
Il n’en était pas moins nécessaire que tous les médias d’extrême droite se mobilisent, dans une véritable surenchère. Alors que Valeurs actuelles parle « des hommes armés » et de « coups de couteau »Bolloré’s JDD explains that “ le drame a été évité de peu « . Le porte-parole du collectif Nemesis parle sans détour de “tentative de meurtre” contre les militants d’extrême droite.
Une dramatisation totalement délirante basée sur un mensonge avec un objectif clair : servir de la soupe à la Cocarde Étudiante, après qu’elle ait été une nouvelle fois poussée vers la sortie par plusieurs dizaines d’étudiants. Une campagne évidemment soutenue par l’extrême droite politique, comme l’eurodéputé du Rassemblement national Mathilde Androuet ou Eric Zemmour.
Cette escalade de la part de formations politiques cherchant à protéger leur pépinière de cadres étudiants s’est directement accompagnée d’appels à « dissoudre » les organisations étudiantes de gauche, comme le collectif Le poing levéprésent à Paris 1, mais visant également des organisations antifascistes comme l’AFA Paris Banlieue ou le syndicat étudiant SAP1.
Une offensive pour interpeller le gouvernement, et notamment Bruno Retailleau, lui-même d’extrême droite, ou le ministre de l’Enseignement supérieur Patrick Hetzel, qui fustige régulièrement les organisations étudiantes de gauche et s’est récemment affiché aux côtés de l’UNI. Ce 10 novembre, ce dernier a publié un article dans le JDD appelant à davantage de poursuites et de sanctions contre les étudiants qui soutiennent la rupture des partenariats avec Israël dans les universités.
L’extrême droite, ennemi numéro 1 des étudiants
Avec sa grande campagne de fake news, l’extrême droite tente de passer à l’offensive dans un contexte électoral où elle est régulièrement rejetée par les étudiants. Quitte à procéder à une inversion totale de la réalité. Si des attaques existent dans les collèges, elles sont en réalité l’œuvre de l’extrême droite. Récemment, un syndicaliste de l’université d’Assas a été tabassé par l’extrême droite après avoir apposé un autocollant antiraciste, écopant de 2 dents cassées, 4 points de suture et 9 jours d’ITT. En 2022 à l’université de Montpellier, il est militant syndical Solidarité étudiante qui est battu avec des béquilles par La cocarde et Génération Z. A l’époque, la sphère fasciste tentait comme à son habitude d’inverser la réalité en disant “attaqué” par « pourriture d’extrême gauche ».
De même, alors que l’extrême droite crie à la « censure » dans le contexte des élections de Paris 1, ce sont ces groupuscules qui tentent régulièrement d’empêcher la tenue des événements étudiants. En 2022, c’est par exemple l’extrême droite qui a intimidé et tenté d’empêcher la venue du candidat à la présidentielle Anasse Kazib, dont la conférence était prévue à la Sorbonne.
Alors que la mobilisation étudiante se poursuit contre le génocide à Gaza, la sphère fasciste espère surenchérir sur une polémique fabriquée de toutes pièces pour forcer le gouvernement à approfondir son offensive répressive contre tous les opposants politiques du facs. En faisant appel à lui ce mardi, ils cherchent à construire un front réactionnaire et autoritaire face à des organisations étudiantes résolument antiracistes, féministes et anticapitalistes comme Le Poing Levé, particulièrement visé par l’offensive politique et médiatique du extrême droite.
Face à cette escalade qui prépare un nouveau sursaut dans l’offensive antidémocratique dans les universités, il est urgent que les organisations politiques, syndicales et associatives s’unissent pour former une unité.