Par
Jean-Christophe Buchot
Publié le
19 novembre 2024 à 20h15
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Sylvain Delye, Guillaume Larchevêqueles présidents de la Fédération Départementale des Syndicats d’Agriculteurs (FDSEA), et Armand Prod’hommeco-président des Jeunes Agriculteurs (JA) de l’Orne ont été reçus pendant 45 minutes par le préfet de l’Orne, Sébastien Jallet, dans la soirée du lundi 18 novembre 2024, à l’issue de leur opération « Feux de la colère » (slogan de la manifestation) à Alençon.
Les agriculteurs ont rappelé au préfet de l’Orne les raisons de leur colère
Les échanges, qualifiés de « cordiaux », ont permis de rappeler point par point au représentant du gouvernement dans l’Orne les revendications des agriculteurs, notamment sur les questions de trésorerie, de fiscalité ou encore de réglementation ou de charges administratives.
Cependant, le les progrès concrets restent limitésaccording to Guillaume Larchevêque, seul un tiers des doléances exprimées depuis janvier ont trouvé une réponse, notamment exonération immédiate de la taxe sur les carburants agricolesla suppression de l’exigence d’avances de fonds est la bienvenue.
La stratégie prévoit un action hebdomadaire maintenir la pression, en mettant l’accent sur les priorités locales.
Vidéo : Karina pour Pujeo
Malgré une mobilisation moyenne de 40 à 50 participants par point d’actionle syndicat reste vigilant face à un gouvernement jugé lent à répondre aux attentes du terrain. « Les sujets techniques sont nombreux et complexes, ce qui complique la communication », explique Guillaume Larchevêque.
Organisée par la FDSEA et les Jeunes Agriculteurs de l’Orne, cette mobilisation symbolique avait pour objectif de dénoncer l’impact attendu de l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Mercosur. Une nouvelle fois, des agriculteurs sont venus en tracteur à la préfecture pour exprimer leur mécontentement face à un système qu’ils jugent inéquitable et destructeur.
Un message clair
«Nous voulons que ce soit riche de sens. Il y a un an, nous retournions les pancartes pour dire que nous marchions sur la tête. Aujourd’hui, nous voulons que les choses aillent dans le bon sens. C’est pour cela que nous les avons accrochés ainsi aux portes de la préfecture », explique Guillaume Larchevêque, producteur laitier à Ménil-Erreux et représentant de la FDSEA, pour résumer l’état d’esprit des participants.
L’idée est de ne pas déranger les citoyens en cette période de fin d’année. La préfecture est le lieu qui représente l’Etat.
« Aujourd’hui, nous sommes là pour dire que les agriculteurs sont fatigués et qu’il faut nous écouter. Il y a five operations in the department this Monday, besides Alençon, in Argentan, Flers, Mortagne, Vimoutiersavec des lumières symboliques pour nous alerter de notre ras-le-bol », poursuit le vice-président de la FDSEA 61.
« Nous voulons rappeler au gouvernement et à l’Europe que nous existons, que notre agriculture est un pilier de notre société. LE risque de voir l’accord du Mercosur finalisé d’ici la fin de l’année, ce sera la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. »
Pour les agriculteurs, cet accord menace inonder le marché européen de produits agricoles sud-américains ne répondant pas aux normes strictes appliquées en France.
« On nous impose normes élevées en termes de bien-être animal et d’utilisation de phytomolécules, alors que les importations pourraient contourner ces exigences. C’est un concurrence déloyale ce qui met en danger nos opérations », ajoute le représentant syndical.
Promesses non tenues
Au-delà du Mercosur, les agriculteurs dénoncer une accumulation de promesses non tenues depuis l’hiver dernier.
« En janvier et février, le gouvernement nous a promis une simplification administrative et le versement d’aides. On nous avait assuré qu’il y aurait un soutien accru, mais rien n’a changé, ou presque. Certains n’ont toujours pas reçu leur aide, et l’administration se perd dans ses propres procédures” , expliquer Armand Prod’homme, 26 ans, éleveur de vaches allaitantes à l’Orée d’Écouves, co-président des Jeunes Agriculteurs de l’Orne.
L’année 2024 a été particulièrement difficile pour les opérateurs, notamment en raison de conditions météorologiques désastreuses.
Romain Pelletierun jeune ouvrier céréalier non syndiqué, basé à Lonrai depuis septembre dernier, témoigne également de ces temps difficiles : « Je suis loin de pouvoir me payer tous les mois. Je viens de commencer, et Je subis la pire récolte depuis 40 ans à cause d’un excès d’eau. Je suis là pour exiger une homogénéité de la réglementation, qui nous permettra de vivre décemment de notre métier, comme n’importe quel artisan. »
Les actions menées lundi soir à Alençon et dans les autres communes de l’Orne s’inscrivent dans une stratégie plus large jusqu’à mi-décembre.
« Nous avons choisi de ne pas bloquer les routes ni gêner les citoyens. L’idée est d’alerter, pas de diviser », comments Guillaume Larchevêque.
Un avenir incertain
Mardi 19 novembre au matin, devant la préfecture de l’Orne, les traces de l’incendie ont été parfaitement nettoyées. Mais les panneaux du « bon sens » sont restés accrochés aux portes. Si le gouvernement et l’Union européenne n’apportent pas rapidement de solutions concrètes, les expressions d’inquiétude risquent de s’intensifier. Là Coordination ruralecompte se lancer.
Pour les agriculteurs présents, «ces incendies ne sont que le début», un signal pour rappeler que l’agriculture française ne peut être sacrifiée sur l’autel des négociations internationales.
Derrière les flammes, les actions instagrammables et les slogans percutants, c’est l’avenir de notre alimentation et un secteur clé de l’économie locale qui se joue.
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