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Avec l’arrivée d’Elon Musk à la tête de Twitter fin 2022, l’ancien oiseau bleu perdait déjà quelques plumes. Rebaptisée X par le milliardaire à la tête de Tesla et SpaceX, la plateforme a mauvaise presse concernant son contenu. Alors que Bluesky annonce une augmentation massive du nombre d’utilisateurs, quelles sont les raisons qui poussent les twittos à se détourner de leur jouet préféré ? L’élection de Trump n’a évidemment rien à voir là-dedans…
Un manque (délibéré ?) de réaction
De nombreux utilisateurs ont décidé de quitter la plateforme pour des causes multifactorielles. “Les personnes qui partent invoquent souvent des discours de haine contre eux-mêmes ou contre d’autres comme raisons. Certains médias, dont le journal The Guardian, ont quitté le réseau social en invoquant le problème de la désinformation.», analyse Barbara De Cock, professeur au Centre de recherche en linguistique de l’UCLouvain et spécialiste du discours politique et numérique, et des réseaux sociaux, notamment Twitter.
Le discours de haine et sa liberté de circulation constituent un problème majeur, mais évidemment pas pour le réseau social. “On parle également du manque de réactivité de X lors du signalement de ces problèmes. Je crois que toutes les plateformes ont des problèmes d’attaques, de menaces, de discours incitant à la haine,…» Et actuellement, le réseau social ne fait aucun effort pour lutter contre cela. “Mais la question est aussi : avons-nous le sentiment que la plateforme essaie de faire quelque chose pour résoudre ce problème ? Et plusieurs personnes ont rapporté que dans des cas de menaces à leur encontre, et suite à un signalement, X n’a rien fait de cette information. je pense que ça joue aussi un rôle.»
L’homme fort issu de l’ancien Twitter et désormais proche de Trump ne semble pas avoir la volonté de lutter à l’avenir contre les commentaires malveillants sur son réseau social. “Les discours d’Elon Musk suggèrent qu’il n’y a aucune amélioration en vue et que X ne veut même pas essayer de résoudre ce problème. Il existe d’autres plateformes qui ont le même problème, mais qui mettent davantage l’accent sur leurs politiques pour tenter de le combattre. Les utilisateurs ont un peu plus le sentiment qu’on essaie encore de contrer ou qu’on trouve ces commentaires inacceptables. Elon Musk ne semble pas soutenir une telle politique donc cela donne évidemment le sentiment que nous ne sommes pas protégés ou qu’il n’y a même pas de volonté de réduire cela.», explique Barbara De Cock.
Boycotter ou lutter ?
Malgré un mouvement de migration vers Bluesky, de nombreux internautes utilisent encore X. »Une série de personnes partent du réseau social et expliquent leurs décisions, souvent pour des raisons liées à leur valeur ou à leur bien-être personnel. […] Certaines personnes qui restent semblent ressentir un certain besoin d’expliquer pourquoi elles le font. Si nous motivons notre décision de partir comme étant quasi-morale, alors ceux qui restent sont-ils immoraux ? C’est une question.»
“Il y a des gens qui restent, et qui construisent ça comme une lutte”
—Barbara De Cock
Mais rester sur la plateforme ne signifie évidemment pas adhérer aux discours de haine, et à tous les problèmes du réseau social. “Il y a des gens qui restent, et qui le construisent comme une lutte : on ne va pas céder face à quelques gens qui prononcent des discours haineux, il faut continuer à mener la lutte politique.»
Le résultat des élections
À tous ces facteurs, il faut évidemment ajouter le nouveau rôle d’Elon Musk, et son lancement officiel en politique, notamment dans le gouvernement de Donald Trump, le nouveau président élu. “On avait déjà constaté un grand départ lors du rachat de Twitter. Les gens disaient : nous ne voulons pas contribuer à sa fortune et indirectement par rapport à son comportement envers ses employés, et ses propos. Actuellement, il s’agit plutôt d’une rupture en raison de l’impact sur les élections américaines. Car les problèmes concernant les menaces et les discours incitant à la haine étaient déjà présents. Ce sont les élections qui ont accéléré ce mouvement», conclut Barbara De Cock.