Lors du Forum Économique des Îles de l’Océan Indien, l’entreprise Habit’Âme a démontré comment une transition écologique peut devenir une opportunité économique. ” Pour nous, il ne s’agit pas seulement de recyclage. Il faut aller plus loin, réfléchir à la manière d’intégrer les valeurs culturelles et sociales de nos territoires dans chaque innovation », a expliqué Hannah Dominique, co-fondatrice et gérante de la structure. Le chef d’entreprise a également souligné l’importance de réduire la dépendance aux importations, coûteuses et parfois inadaptées aux réalités locales. ” Transformer nos ressources locales est une manière de s’affranchir des apports étrangers tout en valorisant ce que nous avons déjà sur place. », explique-t-elle, tout en soulignant l’importance de changer notre regard sur les déchets : « Les déchets peuvent devenir une ressource. Il suffit de l’aborder avec créativité et ingéniosité. Nous nous appuyons sur des solutions low-tech et open Source adaptables à différents contextes ».
Habit’Âme, cofondée par Hannah Dominique, s’est donné pour mission de transformer les déchets plastiques en matériaux de construction pour habitations modulaires. A Mayotte, où les défis environnementaux sont particulièrement pressants, cette initiative constitue une réponse locale et innovante. ” Nous voulons prouver qu’il est possible de transformer nos déchets en ressources précieuses, tout en créant des logements accessibles à tous. », souligne Hannah Dominique. ” C’est une solution d’avenir qui répond à la fois à la crise du logement et à la problématique de la gestion des déchets.s ». Ces maisons, conçues en kits faciles à assembler, s’adaptent parfaitement aux contraintes climatiques et environnementales locales. ” L’éco-conception est notre ligne directrice. Dès le départ, nous concevons nos produits de manière à ce qu’ils soient économes en ressources et puissent être réutilisés ou recyclés en fin de vie. ».
L’économie circulaire : une solution pour les territoires insulaires
Lors de cette nouvelle édition du FEIOI, qui s’est tenue dans la commune de Dembeni, l’économie circulaire a été mise à l’honneur comme réponse aux défis environnementaux et sociaux des îles. L’économie sociale, solidaire et circulaire est pleinement inscrite dans l’ADN d’Habit’Âme. «C’est parce que nous avons des richesses incroyables sur nos territoires, qu’il s’agisse de biodiversité ou de ressources humaines, pour lesquelles nous devons tout faire pour les protéger. Si nous protégeons et valorisons ces atouts, nous pourrons non seulement répondre à nos besoins, mais aussi exporter notre savoir-faire. », confirme le responsable de la structure.
L’un des ateliers du forum était consacré aux enjeux liés au conditionnement et au stockage des produits en climat tropical. Comment réduire les déchets d’emballage et promouvoir la durabilité tout au long de la chaîne d’approvisionnement ? C’était l’une des questions majeures abordées. ” À l’échelle d’une île, nous n’avons pas toujours toutes les ressources. Mais en travaillant avec nos voisins, nous pouvons mutualiser les compétences et créer une dynamique positive pour l’ensemble de la région. », suggère Hannah Dominique.
Des solutions locales à un problème global : c’est ce qui est ressorti de ces différentes discussions. La coopération régionale pourrait donc trouver ici une nouvelle vocation, et l’économie circulaire en serait l’un des principaux vecteurs. ” C’est une manière de penser et de produire respectueuse de nos territoires, de notre culture et de notre environnement. Quoi qu’il en soit, si nous ne préservons pas ensemble notre biodiversité, elle n’aura aucune valeur économique. ».
Plus de coopération régionale
Pour Habit’Âme, ce Forum économique a également été l’occasion d’établir des partenariats avec d’autres acteurs régionaux, notamment des entreprises et des institutions. ” Nous travaillons déjà avec des universités et des chercheurs pour développer des solutions adaptées. A Mayotte, nous ne disposons pas encore de toutes les compétences techniques nécessaires, mais nous les recherchons dans la région : à la Réunion, à Maurice ou encore à Madagascar. ».
Hannah Dominique voit également un immense potentiel dans la valorisation des produits locaux : « Chaque territoire a son avantage comparatif. Nous devons apprendre à mieux promouvoir nos ressources uniques et à en faire des atouts sur les marchés régionaux et internationaux. « . Pour Habit’Âme, l’objectif n’est pas d’exporter les matériaux eux-mêmes, mais la maquette : « L’idée est de partager notre savoir-faire pour que d’autres îles puissent appliquer les mêmes principes avec leurs propres ressources. C’est un moyen de surmonter les obstacles et de créer un impact à plus grande échelle ».
Au final, la participation d’Habit’Âme à ce 14ème L’édition du Forum économique des îles de l’océan Indien met en avant le potentiel des initiatives locales dans la transition écologique. En valorisant les déchets plastiques et en imaginant des solutions adaptées aux spécificités insulaires, l’entreprise prouve que développement durable et impact économique peuvent aller de pair. ” Notre projet montre qu’il est possible d’allier innovation, inclusion sociale et respect de l’environnement. », conclut Hannah Dominique. ” Grâce à Habit’Âme, nous espérons inspirer d’autres territoires à exploiter leur propre potentiel et à construire un avenir plus durable. ».
Le Forum aura permis de mettre en lumière ces différentes initiatives, ouvrant ainsi la voie à de nouvelles collaborations, tout en renforçant l’idée que chaque île, à son échelle, peut jouer un rôle clé dans la transition vers une économie circulaire. Habit’Âme, par son approche innovante et solidaire, s’est déjà imposée comme un acteur clé de cette transformation régionale.
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Abby Saïd Adinani