A trois mois des fêtes de fin d’année, la Maison Delpeyrat est déjà pressée. A partir d’octobre, l’activité triple. L’entreprise voit son nombre d’employés augmenter. Il faut dire que l’échéance est particulièrement décisive. La Maison Delpeyrat, qui emploie l’équivalent de 800 temps plein dont les saisonniers, réalise… 90 % de ses ventes de foie gras à Noël.
Dans « un marché du canard encore fragile » qui « sort de quatre années de grippe aviaire » et « d’une chute brutale de la production », l’entreprise espère désormais retrouver la santé. Avec « le succès de la vaccination », « nous reconstruisons petit à petit ce secteur encore fragile », explique Christophe Bonno, directeur général de Maïsadour, à laquelle appartient Delpeyrat. “Maintenant, dans une période plus stable, nous pouvons commencer à reconstruire”, affirme également Pierre Harambat, vice-président de Maïsadour. Et entrevoyez l’avenir.
L’année 2025 marquera la fermeture de deux abattoirs pour l’entreprise Delpeyrat, l’un en Vendée et l’autre à Vic-Fezensac dans le Gers. Avec la baisse de la production, l’entreprise était confrontée à « une surcapacité d’abattage », « autant de places vides dans les abattoirs qui coûtent de l’argent », explique Christophe Bonno. Le plan : « réduire cette surcapacité pour avoir des outils adaptés au nombre de canards et être rentable ». « Il faut calibrer notre outil industriel pour qu’il soit conforme à l’offre et au marché », ajoute Pierre Harambat.
« Armer nos ventes »
Pour redonner des couleurs à la consommation de foie gras, qui a enregistré une baisse de 35 % ces dernières années avec l’absence de canards, la Maison Delpeyrat a également décidé d’une démarche d’action commerciale : « armer les forces de vente pour qu’elles soient plus fortes et aguerries lorsque le le marché redémarre », présente Christophe Bonno. Pour renforcer sa stratégie, l’entreprise a mis en place une école de formation interne pour ses commerciaux : l’académie Delpeyrat, qui s’étend sur trois ans.
Les commerciaux diront si l’initiative est concluante pour cette entreprise qui, rappelle Pierre Harambat, est une « ETI », une entreprise de taille intermédiaire. « Tout le monde pense que Delpeyrat est un poids lourd. C’est un chantier important pour nous, mais ce n’est pas un chantier immense », précise le vice-président de Maïsadour.
Pierre Harambat reste « optimiste » sur la reprise : « malgré ce qu’on entend », le foie gras « reste une habitude » sur les tables en période de fêtes. Le foie gras « a encore de l’avenir, des produits festifs. Les Français y restent attachés.»
La maison Delpeyrat en chiffres
Créée en 1890 par Pierre Delpeyrat à Sarlat (Dordogne), la Maison Delpeyrat fait aujourd’hui partie du groupe coopératif Maïsadour. L’entreprise réalise un chiffre d’affaires compris entre 200 et 300 millions d’euros. Elle travaille avec 350 producteurs. Dans le cadre de Maïsadour, « nos éleveurs sont nos clients, nos fournisseurs et nos actionnaires », souligne Pierre Harambat. Delpeyrat commercialise 504 références dans la filière canard gras, dont 270 références en foie gras, et 97 références en charcuterie (saumon fumé…).